Note : 3.75 / 5
Synopsis :
La vie réserve parfois quelques surprises. Pat Solatano a tout perdu :
sa maison, son travail et sa femme. Il se retrouve même dans
l’obligation d’emménager chez ses parents. Malgré tout, Pat affiche un optimisme à toute épreuve et est déterminé à se reconstruire et à renouer avec son ex-femme.
Rapidement,
il rencontre Tiffany, une jolie jeune femme ayant eu un parcours
mouvementé. Tiffany se propose d’aider Pat à reconquérir sa femme, à
condition qu’il lui rende un service en retour. Un lien inattendu
commence à se former entre eux et, ensemble, ils vont essayer de
reprendre en main leurs vies respectives.
Critique :
Depuis
quelques années, les personnages atteints de troubles bipolaires
apparaissent de manière de plus en plus fréquente dans le paysage
cinématographique. L’un des cas les plus marquants est sans doute
Léonard dans "Two Lovers", le génialissime film de James Gray. Le trouble bipolaire est une maladie de mieux en mieux diagnostiquée et
par conséquent de plus en plus répandue.
Le personnage principal de "Happiness Therapy",
Pat Soletano en est atteint et à cause de cela, a tout perdu, femme,
boulot et maison. Il en est même réduit à emménager chez ses parents, ce
qui est un peu la honte, passé trente ans. Le film va alors accompagner Pat dans la difficile reconstruction de son identité.
"Happiness Therapy" peut
se voir comme l’envers sentimental et surtout optimiste de l'incroyable
"Fighter" toujours de Russell. Son scénario confronte une galerie de personnages pétris de
bonnes intentions dont l’abnégation flirte avec la folie, et surtout
deux héros adeptes de la méthode Coué et programmés pour s’entendre,
mais dont l’entêtement menace à tout moment de transformer la rencontre
amoureuse en guerre totale. Il s’en dégage une énergie comique folle
ainsi qu'une tension dramatique qui maintiennent l’ensemble sur le fil
(chose rare dans le genre, la dernière demi-heure est à ce titre un petit bijou de suspense
romantique).
Au
départ, on peut être surpris par ce thème peu usité pour le genre de la
comédie (la dépression et la reconstruction psychologique) et croire
qu’il s’agit presque d’une étude clinique de cas. Au fur et à mesure que
l’intrigue avance, ce choix de traitement nous apparaît de plus en plus
pertinent et profite incontestablement à la profondeur des émotions du
film.
Cette œuvre distille ainsi un subtil parfum de "Little Miss Sunshine",
une philosophie de "gloire dans la défaite", thème très fordien, à
l’opposé du culte américain du gagnant, qui la rend discrètement
indispensable et surtout incroyablement touchante. Comme beaucoup des
meilleurs films, "Happiness Therapy" commence assez doucement pour monter progressivement en puissance et terminer en beauté.
Les acteurs, eux,
contribuent largement à la réussite du film. Grande carcasse, belle
gueule et débit infernal, Bradley Cooper trouve là son meilleur rôle,
une boule de nerfs charmante façon Cary Grant sous acide. Jennifer
Lawrence possède ce mélange de sensualité et d’espièglerie tordues qui
font les grandes actrices. Véritable révélation du film, elle lui offre de véritables moments de grâce !
Avec son sourire poupin qui masque une détermination à toute épreuve,
elle a la classe d’une Audrey ou d’une Katharine Hepburn, dont elle
incarnerait d’ailleurs une forme de fusion miraculeuse, chatte et
tigresse réunies dans un même corps. La voir surgir par surprise dans le
cadre ou
exécuter quelques pas de danse suffit à
comprendre qu’elle est l’une des plus douées, sinon la plus douée, de
sa génération.
Si
le film prend de l’ampleur, il le doit aussi à Robert De Niro qui, en
père peu enclin à exprimer ses sentiments, revient quasiment à son
meilleur niveau, ce qui n’est pas peu dire ! On ne l'avait pas vu à pareille fête
depuis des lustres, en paternel superstitieux aussi bienveillant que
toqué.
Ce film parle de névroses avec richesse, de celles qui font que l'on
reste amoureux toute sa vie. Happiness Therapy aurait
pu glisser dans la catégorie des films dont on voit les coutures, les
intentions et les chichis à des kilomètres. Heureusement, le cinéaste
se révèle être un authentique champion de
la névrose, dont le premier film, "Flirter avec les embrouilles" (1996),
conceptualisait ce qui sous-tend son œuvre : l’autodestruction
progressive d’une cellule a priori parfaite, qu’elle soit familiale
("Fighter"), militaire ("Les Rois du désert") ou matrimoniale (ici avec "Happiness Therapy").
Si
David O. Russell a su si bien orchestrer cette rencontre entre deux
fêlés qui vont s’entraider pour essayer de sortir mutuellement de leur
tragédie quotidienne, c’est parce qu’il a un fils atteint de troubles
bipolaires. Par conséquent il traite cette maladie avec la bonne et
juste distance, en restant drôle avec dignité, tout en évitant la
caricature.
"Happiness Therapy"
est donc le meilleur remède contre le blues, un "Feel-Good Movie" à partir de personnages qui vont très mal, et le
meilleur moyen de commencer l’année par une savoureuse démonstration de
vie !!!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire