Note : 4 / 5
A l'aube de ses 56 ans et pour son quinzième round avec les Bad Seeds, Nick Cave sort
un album intéressant. Décrit par son
auteur comme "beau et mélodique", on pourra ajouter que "Push the Sky Away"
est cohérent et envoûtant en grande partie. Profondément posé et plus
crooner que jamais, l'agitation vient des voix en retrait, d'une ligne
de basse et des violons de "Jubilee Street". A l'inverse de sa pochette qui nous montre tout dès le premier coup d'oeil, il faudra être patient pour que "Push the Sky Away" dévoile son potentiel.
Congratulé par la critique, le précédent opus, "Dig, Lazarus, Dig!!!",
prouvait encore une fois que ce bluesman littéraire n'en finissait pas
de se promener, avec une savante production, dans un déluge de mots et
de visions apocalyptiques, entre l'amour et la mort. Depuis ce dernier, paru en 2008, Cave a écrit le scénario "Des hommes
Sans Loi" ainsi que sa bande originale et celle du sublime "La Route". C’est dire si "Push The Sky
Away" était attendu de pied ferme. Il en résulte que les australiens livrent un quinzième opus s’annonçant comme une pépite
de blues tranquille aux textes affinés.
L'album est bref mais intense. Il comporte neuf titres balayés en une quarantaine de minutes avec le Bad Seeds en grognards de rigueur. Guitares domptées, claviers tempérés, mélodie de velours pour ballades crépusculaires, "Push the Sky Away" est l'un des disques les plus apaisés de Nick Cave et ses Bad Seeds.
Le prolifique crooner
(scénarios, livres, disques), accompagné de ses mauvaises graines, sort
donc un quinzième album à la beauté sombre et éblouissante. Le "prince des
ténèbres" chante, avec une extrême douceur et d'une voix sereine (qui fait parfois penser à Leonard Cohen), des histoires de sirènes, d'âmes damnées et de rédemption.
"Push The Sky
Away" est un album qui fait l'économie de l'agitation et de l'extravagance. Pas une
guitare plus forte que les pianos, pas un coup de cymbale pour effrayer les
violons. Pour autant, c'est aussi un disque rythmé, en lenteur, et intense. Auto-influencé par ses dernières B.O de films, Cave hausse rarement la voix et reste dans cette ambiance théâtrale et cinématographique.
Égal à lui-même, le chanteur plante son air sombre et sa voix grave dès "Who No Who U R" (qui cette nouvelle galette),
étrange ballade électronique peu dans l'habitude du rocker dont le
rythme ténu est soutenu par des bribes soufflées et un chœur furtif. La voix est toujours
prenante.
Le "Wide Lovely Eyes" qui suit, bien que joliment élégiaque, relève encore de la mise en jambe avant les sursauts rock de "Water's Edge" et le premier grand sommet du disque, "Jubilee Street". Un long morceau vénéneux défilant dans une atmosphère lugubre, enveloppée d'un linceul de cordes. D'ores et déjà un classique millésimé du grand Cave.
Le plus étonnant est que Nick Cave et ses Bad Seeds nous prennent par surprise en montant
plusieurs fois la tension sans jamais exploser comme sur les nombreuses
ballades que sont "Wide Lonely Eyes" ou la fantomatique "We Real Cool". Les structures sont trompeuses, la batterie reste en sourdine et si certains aimeraient que la furie sorte
de son cercueil pour foutre le feu à des morceaux intenses qui
pourraient manquer d'énergie, au fil des écoutes pourtant les morceaux
prennent de l'ampleur.

Nick Cave est de retour pour asséner quelques directs. Sans ligne directrice évidente, "Push The Sky Away"
s'avère toutefois harmonieux dans son déroulement sur un tempo ralenti et
menaçant. Son auteur a l'art de laisser monter doucement la tension et
de se faufiler tel un serpent entre les notes avant de pointer un dard
tétanisant. Et encore une fois, nous sommes touchés !!!
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