Low - The Invisble Way : Un folk-rock minimal, intimiste et cérébral, progressant vers une richesse mélodique et une diversité sonique !!!
Note : 4 / 5
Le duo américain, désormais trio, nommé Low nous a mené sa dixième offrande en vingt années d’existence, intitulée "The Invisible Way". Créée en 1993, Low est avant tout un couple marié, d’allégeance religieuse mormone, formé d’Alan Sparhawk (guitare, voix) et Mimi Parker (batterie, voix). Une nouvelle addition est venue se joindre aux amoureux : le bassiste Steve Garrington.
La musique de Low
se caractérise par des rythmes lents, des arrangements dépouillés, des
structures répétitives et hypnotiques et surtout, par de superbes
mélodies et harmonies vocales. Reconnu pour ses concerts extatiques, Low a confié la réalisation au très estimé Jeff Tweedy de la formation Wilco.
Difficile d'ailleurs de ne pas attribuer l'humeur et la palette musicale de ce dixième opus à ce dernier, spécialement choisi par le trio du Minnesota. Jeff Tweedy, cerveau
de Wilco, est autre spécialiste, comme Low, pour marier harmonies et
douceur avec des textes introspectifs et tourmentés.
Essentiellement
acoustique (guitare et piano en avant, une batterie feutrée), l'album
déroule une remarquable suite de chansons, forcément lentes, d'un folk-rock, voire d'une
country alternative, étonnamment lumineuse. Et vraiment, les convertis suivront sans
difficulté, les autres auraient tort de ne pas se laisser embarquer.
La musique du groupe est extrêmement lente (Slowcore), un peu à la manière de Smog
et l’intérêt se retrouve principalement dans les ambiances aériennes et
planantes qu’ils proposent. Pour faire simple, ce n’est pas le genre de
groupe qu’on met pour faire la fête et s’éclater. Low, c’est la musique qu’on écoute bien posé sur son canapé, un bon verre à la main, prêt à partir dans des rêveries et des songes.
Sur "The Invisible Way", Low emprunte
sensiblement la même recette qui a fait sa renommée. Toujours ces tempos
langoureux et ce minimalisme au niveau des arrangements, sauf que cette
fois-ci, les salves abrasives qui distinguaient les précédents efforts
disparaissent au profit des admirables inflexions et harmonies
concoctées par Sparhawk/Parker, ce qui attribue à cette création une intelligibilité accrue.
Cependant qui dit accessibilité, dit parfois mièvrerie commerciale. Toutefois, "The Invisible Way" se situe aux antipodes du racolage grand public.
L'album est un disque de folk-country chaleureux, sobre et lumineux, qui exprime éloquemment une
sincère fragilité et qui déclenche de superbes secousses émotives.
Chacune des notes jouées et des mélodies modulées semblent parfaitement à
leurs places, ce qui n’est pas étranger au fait que Jeff Tweedy tient les rênes !
A l’écoute de "Plastic Cup", premier titre de l’album, on pense de suite aux balades des années 90 que pouvaient nous proposer des groupes comme REM ou Radiohead. Sur un accompagnement sobre, les voix se marient parfaitement laissant la part belle à la mélodie. Pourtant "Plastic Cup" est assez peu représentatif de cet album qui commence clairement avec "Amethyst".
En effet, sur ce deuxième titre on retrouve la patte de Low. L’arrivée du piano qui ne nous quittera pas de tout l’album, amène cette forme de solennité et d’air grave très plaisant. Low prend son temps et n’hésite pas à faire durer le plaisir quand le peu d’instrument suffit à remplir l’espace.
Par la suite, Low enchaîne avec le quasi-gospel "So Blue", la spleenétique "Holy Ghost", l’austère "Waiting", la légèrement cadencée "Clarence White", la minimaliste "Four Score" et la très Wilco (voire la progression d’accords) "Just Make It Stop". Car comment ne pas succomber au charme de cette dernière est ses faux airs de "The Rip" (Portishead) ou de "Mother" ? L’album se conclut par la ballade "Mother", la déflagrante "On My Own" et la touchante "To Our Knees", une prestation vibrante de Mimi Parker.
Car ce sont bien les harmonies et la voix de Mimi Parker
qui nous éblouissent. Très mature dans sa façon d’aborder chaque
chanson, elle se pose en femme d’expérience n’hésitant pas à jouer de sa
taciture pour nous offrir des titres très soul tel "Holy Ghost"
où la puissance de la voix se suffit à elle-même. Mais c’est surtout
lorsque les deux leaders chantent de concert que le groupe réussit ses
plus beaux morceaux. Sur "Waiting", ces voix
profondes et captivantes, ni mélos ni pathos, réussissent à nous tenir
le long de la chanson par leurs harmonies classiques mais éclatantes.
Au final, "The Invisible Way" est un album d’une maturité exceptionnelle. Low nous offre onze
titres lumineux débordants de vitalité. Très sobre en terme
d’accompagnement, les américains transmettent une multitude de
sentiments dans une foule de nuances plus discrètes les unes que les
autres mais toujours très touchantes. Ce retour aux fondamentaux du folk
(une voix, une mélodie) nous touche au cœur dès la première écoute.
Véritable pause dans un marché musical jouant la surenchère, les mormons
de Low nous prouvent que la musique est essentiellement une vibration accessible par tous.
Subtil, sobre, pénétrant, mature et délicat, comportant des décharges
affectives pouvant ébranler le plus insensible des hommes, et c’est tout
ce qu’on demande à une conception sonore de cet acabit. Et parfois il n’y a pas besoin de grand-chose. Parfois il suffit juste de
se laisser embarquer, comme ça. Pas la peine de trop analyser avec Low. Ce n’est finalement pas si important que ça. Laisser l’émotion venir !!!
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