Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Gotham est une ville complexe, sombre et souvent décrite en évoquant les
multiples criminels qui la parcourent. Batman, quant à lui, pense
connaître cette ville dans les moindres recoins mais il va devoir cette
fois remettre ses convictions au placard car un ancien ordre légendaire,
la Cour des Hiboux, auquel il n’a jamais voulu croire et que tous les
habitants de Gotham connaissent à travers une comptine va faire surface
et compte bien s’en prendre à une victime que Batman connaît très bien...Bruce Wayne !
Critique :
DC Comics a décidé il y a quelques mois de
reprendre toutes ses principales séries de zéro (ou presque) en lançant
sa nouvelle collection The New 52 (DC Renaissance en France).
Celle-ci a pour but de remettre un peu d’ordre dans tous ces comics qui
devenaient très compliqués à suivre et en particulier pour les
néophytes qui désireraient se lancer dans l’aventure.
Renaissance vient tout juste de paraître en France il y a quelques semaines, éditée par Urban Comics,
qui accomplit un superbe travail depuis leur lancement début 2012 avec des éditions de très très grande
qualité. Ainsi le chevalier noir a eu droit à sa Renaissance avec "Batman : la Cour des Hiboux" dont le premier tome est sorti au début du mois de juin.
Le new-yorkais Scott Snyder reprend les manettes du scénario pour cette série, secondé
de Greg Capullo au dessin et le résultat est absolument réussi. Le New Yorkais nous offre ici ce qui est sans nul doute la meilleure
histoire de Batman de ces dernières années, n'en déplaise aux adorateurs
de Grant Morrison.
Arrivé sur une scène de crime, Batman découvre un indice présentant la
prochaine victime de ce mystérieux tueur comme étant Bruce Wayne. S'en suit la découverte d'une mystérieuse organisation
contrôlant Gotham City depuis des siècles, mais aussi et
surtout un Batman/Bruce qui perdra pied au fil de l'aventure, allant
jusqu'à frôler la démence au cinquième épisode (sur douze au total). On
le verra au cours de l'aventure voir toutes ses convictions (et donc
accessoirement les nôtres) sur Gotham City, sa ville, partir en fumée,
persuadé qu'une telle société secrète ne peut exister dans son dos, lui
qui l'arpente toutes les nuits depuis tant d'années et jurerait en
connaître tous les recoins.
Snyder joue également beaucoup sur la
métaphore animale : le hibou étant le prédateur naturel de la
chauve-souris, Batman se retrouve ici dans la position de la proie,
traqué jusqu'à dans son propre foyer. On est là bien loin du héros
tout-puissant auquel on avait pu être habitué, et en plaçant Batman dans
cette position de faiblesse presque inédite, Scott Snyder nous offre là
une vision du personnage vulnérable, terriblement humaine, mais aussi
diablement grandiose une fois le plan des Hiboux déjoué et son plan de
vengeance mis en marche.
L'intrigue est donc forte en émotions, la
tension monte, Batman "ramasse", souffre, devine peut-être, incrédule,
qu'il ne semble pas être après tout la seule légende urbaine de Gotham. On se régale en feuilletant ce Batman, à
la tension accrue et au dessin superbement rendu par un Greg Capullo au
mieux de sa forme, mais qui a choisi bizarrement, un dessin moins
gothique qu'à l'accoutumée. Pourtant la ville de Gotham et la
galerie d'affreux, s'y prêteraient à merveille! Ceci étant dit, vu la
qualité de l'ouvrage, cela reste un détail mineur.
Batman vs Le Hiboux |
Le scénario et le dessin sont donc de grande qualité, mais l'action n'est pas en reste ! Cela cartonne et, surtout, cela détonne ! Une scène d'anthologie sort du lot, scène où l'on voit Batman et le Hibou s'affronter sur une dizaine de pages ! Fluide, lisible et terriblement bien agencé, ces scènes démontrent le travail magistral effectué par Capullo. Les combats sont chorégraphiés à la perfection, donnant une sensation de
mouvement et de dynamisme hélas trop rare par ces temps-ci.
La grande
force du dessinateur américain, c'est aussi sa capacité à pondre de
sublimes et vertigineux décors (le manoir Wayne, le labyrinthe) qui font
honneur à l'histoire de Scott Snyder. On sent d'ailleurs une réelle
alchimie entre les deux hommes, tant ils arrivent aisément à nous
transmettre des émotions, le dessin accompagnant l'évolution psychologique du personnage (sa barbe qui pousse au fil des épisodes
nous fait l'accompagner dans sa lente descente aux enfers).
Ce Batman est au final le condensé de toutes les qualités de scénariste
de Scott Snyder, qui parvient à creuser le background des personnages
pour mieux influencer et appuyer leurs aventures d'aujourd'hui.
Narrateur né, dialoguiste efficace sans pour autant chercher à chaque
fois la punchline qui tue, Scott Snyder
met les bons mots sur cette histoire qui nous emmène aux confins de la
peur et de la folie, auxquels on avait cru le Chevalier Noir immunisé.
Voué à devenir un must-have du personnage, La Cour des Hiboux se permet en plus de modifier pour
de bon les origines du personnage, comme Frank Miller en son temps !!!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire