Note : 4.5 / 5
Synopsis :
Sur l’autoroute qui relie Asunción à Buenos Aires, un camionneur doit
emmener une femme qu’il ne connaît pas et son bébé. Ils ont devant eux
1500 kilomètres, et le début d’une belle histoire.
Critique :
Caméra d’Or du dernier festival de Cannes, qui récompense un premier
long métrage de fiction, "Les Acacias" est signé du réalisateur
argentin Pablo Giorgelli qui œuvrait jusqu’ici dans le documentaire. Une
influence qui se ressent au service d’un road-movie des sentiments.
Un homme, une femme et un bébé dans un décor quasi unique : la cabine
d'un camion. Il n'en a pas fallu plus au réalisateur argentin pour
tourner un premier film vibrant d'humanité. "Les Acacias" est un road-movie entre
la forêt paraguayenne et Buenos Aires, 1 500 kilomètres plus au sud.
Des paysages traversés, on ne verra qu'un bref reflet dans les
rétroviseurs, une image parcellaire à travers le pare-brise. Hormis
quelques échappées dans un café désert ou une station-service sans âme,
la mise en scène se limite à des champs-contrechamps sur le conducteur
et ses passagères. Et cette alternance admirablement composée suffit à
raconter la relation entre des êtres cabossés par la vie.
Aucune psychologie superflue, le cinéaste guette le sourire fugace, l'éclair dans l’œil qui
fissure la carapace du vieil ours. C'est l'enfant qui servira de "passeuse" entre les deux adultes. L'habitacle devient, alors, un foyer, refuge contre la brutalité du
monde symbolisée par le fracas des acacias que les bûcherons abattent
sur la route.
Malgré l’économie en confidences des protagonistes sur eux-mêmes, ils
n’en demeurent pas moins existants, par cette sobriété même et leur
forte présence à l'écran. Emballée en une heure vingt à peine, portée par de bonnes mains, de
beaux regards et dépourvue de sensiblerie, cette balade mélancolique
réveille des sentiments endormis qui n'attendaient que ça. Les deux
interprètes quasi-inconnus sont tellement formidables qu'on regrette
presque de les quitter aussi vite. On décernera une mention spéciale au
meilleur bébé-acteur que l'on ait vu sur un écran de cinéma depuis
longtemps : le regard revenu de loin, braillard ou craquant quand il le
faut, et capable de passer du sourire au sommeil en un clignement d'œil.
Derrière l’apparente simplicité du récit, Pablo Giorgelli fait preuve
d’une précision remarquable dans son écriture et dans sa mise en scène.
La rencontre entre ces personnages est ainsi décrite avec justesse, et
leur évolution, si elle est subtile, est bien réelle : peu à peu,
l’homme solitaire et endurci par la vie recommence à s’ouvrir aux
autres, tandis que
la mère célibataire prend espoir de voir sa vie changer. Ce film délicat prend son temps sans ennuyer en offrant une parenthèse
de douceur dans l'habitacle d'un camion perdu dans des paysages
sublimes !!!
(Sortie le 9 mai 2012)
(Sortie le 9 mai 2012)
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