Cecilia Rouaud - Je me suis fait tout
petit : Du déjà-vu en apparence qui cache une œuvre réellement
emballante !!!
Note : 3.75 / 5
Synopsis :
Plus rien ne retient Yvan à Paris. Sa femme l’a quitté pour vivre en
Thaïlande. Ses filles, adolescentes, ont choisi d’habiter chez sa sœur Ariane,
aussi angoissée qu’admirable. Yvan est prêt à partir… quand débarquent dans sa
vie la belle Emmanuelle, qui fait des enfants comme elle tombe amoureuse, et
Léo, le petit garçon que sa femme a eu avec un autre. Yvan va devoir changer
ses plans.
Critique :
Il faut se méfier du titre du premier long-métrage de Cécilia Rouaud, "
Je me suis fait tout petit".
La chanson du même nom de Georges Brassens n'y est pas chantée une seule fois,
et ce qu'elle raconte, l'histoire d'un homme qui s'écrase par amour pour une
"poupée", n'a pas grand-chose
à voir, a priori, avec le propos du film. Et pourtant, de
l'amour, une poupée, des écrasements, on en trouve à foison dans cette drôle de
comédie dramatique.
De l'amour : Yvan (Denis Ménochet) aimait plus que de raison sa femme,
dont le départ pour la Thaïlande
l'a laissé dévasté, jusqu'à ce qu'une jolie passante, Emmanuelle (Vanessa
Paradis), réveille son palpitant endurci. Une poupée : c'est l'objet que
trimballe sans cesse Léo, le petit garçon qu'a conçu avec un autre homme
l'ex-épouse d'Yvan. Professeur bougon et père défaillant, Yvan écope de la
garde de Léo, abandonné par sa mère, mais rechigne à s'en occuper, lui qui a déjà confié à sa sœur l'éducation de ses
deux filles. Des écrasements : on tombe beaucoup ici - dans les pommes, sur le
caniveau, dans les bras d'autrui, sur la tête et j'en passe.
On tombe tant et si bien que la recomposition de cette famille ô combien
éclatée s'avère moins prévisible et plus mouvementée que le début du film,
plutôt sage, ne le laissait présager. Irrattrapable, même par Emmanuelle qui
déploie des trésors de légèreté pour l'extraire de sa pesanteur triste et lourdaude, Yvan chute et
rechute sans cesse, bambin boudeur prisonnier d'un corps d'adulte, et de ce
fait bien incapable de veiller sur le moindre marmot.
Le coup du père largué, tendance ours abattu, qui reprend goût à la
vie, à l'amour, et tutti quanti, grâce à une poupée qui ne dit pas non : la
recette sentimentale de" Je me suis fait tout petit"
n'est pas neuve. Pourtant, comme Denis Ménochet, on est sensible au charme
bohème de Vanessa Paradis retrouvée et au petit grain de folie de Léa Drucker,
qui tire, une fois de plus, son épingle du jeu en frangine phobique mais qui se
soigne.
Un premier film d'une infinie justesse qui fait la part belle à
d'excellents comédiens. A commencer par Denis Ménochet, magistral et à qui le
cinéma français doit désormais donner un paquet de premiers rôles. Prodigieux
de charisme et de virilité fragile, Ménochet impose sa stature de un premier
rôle atypique. Son jeu, tout en nuances,
imprègne pour longtemps la rétine. Et son duo avec la belle inconnue fantasque (Vanessa
Paradis, très drôle) fait oublier le tempo inégal de cette jolie romance.
Malgré quelques clichés et une légère naïveté, ce
premier film doit beaucoup à la fraîcheur de ses interprètes. " Je me suis fait
tout petit" est
la métaphore parfaite d’une aspiration vers le sol, où se mêlent le burlesque
et le tragique, qui contribue paradoxalement à tirer le film vers le haut !!!
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