Note : 4 / 5
Bad Religion est né à Los Angeles en 1979 sur les cendres d’un punk déjà
not dead comme le vociférait à contre-courant Wattie d’Exploited.
Alors que, de London Calling en Sandinista, le Clash s’émancipait des
diktats de 1977, Bad Religion les revisitait, inventant une nouvelle
culture west-coast.
En trente ans et moult épisodes, le groupe est
devenu plus qu’une référence. Il fait figure d’aîné et de repère pour
une kyrielle de groupes sous influence Epitath records, mais aussi de boutefeu
mordant et puissant, revenant sans cesse à ses sources pour y puiser
l’inspiration. Ce faisant, Bad Religion nourrit d’album en tournée
l’appétit toujours renouvelé d’un public grandissant qui le consacre
mieux que tous les awards.
A l'écoute de ce "True North", difficile de croire que Bad Religion a
seize albums à son actif et plus de trente ans d'activisme Punk Rock à
son compteur. Si le temps passe, vraisemblablement pour eux, la passion
ne s'émousse pas ! Après des centaines et des centaines de concerts, des litres de sueurs
et des dizaines de brulots, le groupe arrive toujours à proposer des
albums d'une grande qualité et d'une pêche incroyable.
En 2010, le groupe nous avait présenté "The Dissent Of Man",
un album qui a vu la formation californienne sortir un peu de sa ligne directrice
punk pure et dure avec quelques pièces dans une lancée plus rock et
accrocheuse. Nous faisons maintenant face aujourd’hui à "True North", un opus qui, à mon humble avis, comblera l’appétit de ses fans suite à un album qui n’avait pas fait l’unanimité auprès de tous.
On retrouve sur "True North" beaucoup d’aspects qui nous
ramènent très certainement à ses racines punks avec des pièces de deux
minutes qui sont dirigées par des guitares déplaçant beaucoup d’air. On a
sans aucun doute droit à d’incroyables solos qui nous transportent
directement à l’ère de "Generator". Toutefois, il ne s’agit pas tout simplement d’une copie exacte d’un de
ses albums les plus populaires, ce qui démontre encore un désir du
groupe à vouloir épater la galerie.
Dès les premières notes de "True North",
la plage éponyme de l'album, qui marque le début des hostilités, on se
demande vraiment si Greg Gaffin et sa bande approchent réellement de la
cinquantaine. Bad Religion c'est un peu comme un tic tac, le petit bonbon à la menthe créé en 1969. C'est vieux, mais c'est toujours frais ! Le groupe attaque directement, c'est frais, c'est pur, bref Bad Religion nous balance, non sans étonnement, un tic tac de près de cinquante balais en plein dans la tronche !
Comme pour tout album punk qui se respecte, "True North" est composé de morceaux courts, mais efficaces. Il faudra attendre "Hello Cruel World", le septième morceau de l'album, pour que Bad Religion lâche la pédale. Un titre de 3 min 50 sec qui se rapproche plus du hard rock assez
crooner que du punk accrocheur, mais sur lequel les refrains chantés par
Greg Gaffin vous font oublier le temps l'espace d'un instant.
Alors que "The Dissent Of Man" privilégiait, comme dit auparavant, des
mélodies et des tempos un peu plus lents qu’à l’accoutumée (les titres "Won’t Somebody" ou "Cyanide", par exemple), "True North" voit le
retour des recettes des glorieux albums aînés "Suffer" et "No Control"
sortis en 1988 et 1989, des albums qui firent la réputation du groupe et
qui ne dépassaient pas la demi-heure pour une quinzaine de titres.
Ainsi voir cet album contenir un titre, intitulé "Fuck You" et durant à
peine deux minutes, indique que la fibre Punk est donc toujours bien vivante. D'ailleurs c’est la base de bien des titres du nouvel
opus, dont certains feront sans problème partie des classiques du
groupe, comme le sombre et dramatique "Dharma and the Bomb" ou le
non moins grave "Hello cruel world" dont l’intro replonge forcément
l’auditeur vers "Infected", un des titres phares du groupe présent sur
l’album "Stranger Than Fiction" (1994), à ce jour l’album le plus vendu
du groupe.
Au final, au niveau musical, Bad Religion fait plus que maîtriser son sujet. La rythmique assurée par Brooks Wackerman (ex-Suicidal Tendencies),
tout en étant binaire et plus que répétitive (on parle de punk
les amis), est irréprochable. De son côté, Greg Gaffin est à mille
lieues de renforcer l'image du chanteur punk ne sachant pas chanter.
Rien à redire.
Si les compositions de ce "True North" possèdent une maturité si
manifeste, c’est que les Américains semblent avoir assimilé et réuni un
certain nombre d’éléments de leurs disques passés pour les retranscrire
dans un nouvel album. En gros Bad Religion
nous balance un album synonyme de petit retour aux sources pour le
groupe sans pour autant se plagier. Un album qui fait du
bien et qui ravira sans doute les fans les plus inconditionnels du
groupe made in L.A. Après ce genre de démonstrations, il est difficile de dire que Bad Religion n’a plus l’énergie et la fougue pour continuer à séduire ses fans. Un vrai, un bon, que dis-je un très bon album de punk rock à
avoir pour tout amateur qui se respecte !!!
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