Note : 2.5 / 5
Synopsis :
Après un atterrissage forcé, Kitai Raige et son père, Cypher, se
retrouvent sur Terre, mille ans après que l’humanité a été obligée
d’évacuer la planète, chassée par des événements cataclysmiques. Cypher
est grièvement blessé, et Kitai s’engage dans un périple à haut risque
pour signaler leur présence et demander de l’aide.
Il va explorer des
lieux inconnus, affronter les espèces animales qui ont évolué et
dominent à présent la planète, et combattre une créature extraterrestre
redoutable qui s’est échappée au moment du crash. Pour avoir une chance de rentrer chez eux, père et fils vont devoir apprendre à œuvrer ensemble et à se faire confiance.
Critique :
A la vue de la première bande-annonce "d'After Earth", on pouvait s'imaginer tout de suite qu'il s'agirait d'un bon film. Il faut
dire que Will Smith n'est pas un gage de gros ratés (bien au contraire), que
les scènes semblaient superbes à regarder et que l'on pouvait bien croire que le fait de rejouer avec son fils, Jaden Smith, serait
l'occasion d'une analyse intéressante de la relation d'un père pas
toujours très présent avec son petit bonhomme qui lui voue un culte.
Jusqu'au moment où le nom du réalisateur était dévoilé. Une certaine crainte aurait pu nous assaillir, puisque le tout était
signé M. Night Shyamalan. Ce dernier a l'art de nous mettre dans des situations impossibles. Avec "After Earth",
comme pour ses derniers projets, il a bien lancé quelques bonnes idées,
un concept audacieux, voire carrément ambitieux. Mais comme pour ses
derniers projets ("La Jeune fille de l'eau", "Phénomènes", "Le Dernier Maître de l'air",...), "After Earth" finira par se faire railler et démonter. Car même si ce n'est pas un ratage total, c'est très loin d'être une réussite !
A ses débuts, Shyamalan avait mis tout le monde d'accord. En enchaînant l'ultra efficace "Sixième sens", le quasi-parfait "Incassable" et le sublime "Signes", le natif de Pondichéry s'était fait une réputation de "nouveau Spielberg" ou "d'héritier d'Hitchcock" qui ne demandait qu'à être confirmée. Hélas, la suite de sa carrière n'a pas été à la hauteur de son glorieux commencement.
"Le Village", intriguant, mais la formule Shyamalan commence à lasser. "La Jeune fille de l'eau", guimauve et sans saveur. "Phénomènes", des arbres tueurs...on ne sait que dire. Et finalement, "Le dernier Maître de l'air", qui a réussi à faire l'unanimité contre lui. Avec "After Earth", on espérait que le réalisateur allait relever un peu la barre.
Il faut dire qu'avec un pitch de science-fiction efficace, sa star internationale en tête d'affiche et sa bande d'annonce extrêmement bien travaillée, cette super-production avait bon nombre d'atouts pour séduire public comme critique. Or, après la vision du film, le tout se révèle plutôt décevant.
Revenons deux secondes sur les prémices du film. Will Smith souhaite lancer la carrière de son fils Jaden pour de bon. Sur une
idée de script lui appartenant, il embauche Gary Whitta ("Le Livre
d’Eli", entre autres) pour écrire le scénario et demande au réalisateur à
court d’options de le mettre en images. Dès sa production, "After Earth"
est donc un projet particulier : première commande de Shyamalan depuis
ses débuts dans les années 1990, impliquant donc un encadrement imposé
par la famille Smith, qui en est l’origine. Le tournage, enfin, est lui
aussi original : Shyamalan est chargé de la mise en image (mise en
scène, angles de prises de vue, mouvements de caméra, traitement
esthétique), tandis que Will Smith s’occupe personnellement de guider le
jeu de son fils, sur qui repose la partie centrale de l’œuvre.
Seulement voilà, le jeune comédien âgé aujourd'hui de 15 ans peine à
confirmer et seul à l'écran (ou presque) pendant 1h30, Jaden Smith est
loin d'être convaincant. Surjouant d'un bout à l'autre et pas aidé par
un personnage caricatural, terriblement agaçant, il fait franchement
pâle figure comparé à la classe naturelle de son paternel. On peut conclure que le personnage s'en sort mieux que le jeune comédien
: dans la fiction, il sauvera papa, dans la réalité, l'insuccès du film
va sans doute le traumatiser, l'équivalent de l'expérience de Sofia
Coppola avec "Le Parrain 3".
Dans sa première demi-heure, le film expose son univers à l’aide d’un
long flashback édifiant les règles du monde qui se dévoile au public.
Méthode typique du cinéaste certes, même s’il nous a autrefois offert de
meilleures introductions. L’expression science-fictive est ici de
plusieurs types : visuelle, d’abord, par sa technologie et son
architecture à la fois épurées et stylisées, plus chaleureuses que ses
rivales star-trekkienne ou marvellienne, par exemple, sans doute parce qu’un
étrange aspect organique, quelque peu diffus mais présent néanmoins,
reste attaché à la conceptualisation graphique. Bien que moralisatrice au possible, cette introduction et le visuel de l'ensemble du film sont les meilleurs aspects de cet "After Earth".
Concernant le scénario, il est tellement léger et peu approfondi qu'il vous fait passer pour un devin. Là encore, on aurait pu imaginer une série de combats en duo
impressionnants, un rite initiatique père / fils qui fait dans
l'introspection des personnages, un rythme qui va crescendo jusqu'à un
dénouement que nous n'aurions pas pu voir venir. Eh bien
non, malheureusement ! Tout est prévisible de bout en bout.
D'autant que Shyamalan n'y va pas avec le dos de la cuillère dans sa
peinture de la relation père/fils. Se vautrant dans un sentimentalisme
assez navrant, il égrène un à un les clichés du fiston qui veut plaire à
tout prix à son papa trop charismatique. On a bien compris l'analogie
lourdingue de la superstar hollywoodienne, face à son rejeton qui tente
aussi de faire carrière.
Qui plus est, l'histoire "d'After Earth", trop
prévisible donc, s'embourbe assez vite dans une aventure très linéaire et
sans aucune surprise. Malgré quelques belles images, un message écolo
intéressant et des séquences spectaculaires assez sympa, on n'arrive
jamais à être pris par l'univers SF de Shyamalan. Dommage, car on a
avait vraiment envie de faire le voyage. Mais tout ça sonne trop faux,
trop "cheap", et même trop ringard pour fonctionner.
Pourtant, derrière la caméra, le réalisateur retrouve une certaine maîtrise bienvenue. Pour donner vie à ce scénario, les caméras sont donc aux commandes de
Shyamalan, qui admettons-le tout de suite, n’avait pas tourné
aussi bien depuis "The Village". Libéré de ses ambitions conceptuelles
auteurisantes, et surtout encadré par la famille de producteurs, le
cinéaste a pu se concentrer sur sa mise en images et le résultat est
assez plaisant.
Ses angles et mouvements de caméra sont à la fois
discrets et élégants, servant son intrigue en l’illustrant de manière
symbiotique (par exemple, en adaptant ses plans aux situations ou aux
conditions émotionnelles des personnages), non sans offrir quelques
passages de bravoure (le vol plané, magnifique) et plans à l’ambition
iconique. Toutefois, son style ne se perd pas, et si l’on apprécie son
découpage ample, c’est parce qu’il contraste avec le reste des
blockbusters saisonniers, qui poursuivent leur course toujours effrénée
après le rythme supersonique ne laissant aucune place au spectateur.
Au final, si vous n'êtes pas trop regardant sur
les qualités d'un scénario, que vous aimez les réussites visuelles et
que la moralisation sur l'état de la planète ne vous donne pas
directement de l'urticaire, vous apprécierez sans doute ce film. N'y
allez pas par contre pour voir Will Smith au meilleur de sa forme ou
pour le jeu des acteurs. Ceux-ci ne doivent pas être plus de vingt en
comptant les figurants et seul le duo de choc a droit à plus de dix
lignes de texte.
"D'After
Earth", nous attendions sans doute trop de choses et, au final, nous
n'avons obtenu qu'un mélange un peu raté entre différentes histoires que
l'on nous avait déjà bien mieux racontées. Dommage. On pourrait regretter le temps où M. Night Shyamalan était maître de ses
sujets. Toutefois, au service de la famille Smith, le cinéaste
s'efface, mais trouve une forme d'élégance classique. "After Earth" n'est pas, de loin, le plus mauvais de ses films !!!
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