Note : 4 / 5
Synopsis :
Extraterrestre envoyé enfant sur la Terre, Clark Kent découvre ses
pouvoirs et tente de se fondre dans la masse des habitants de
Metropolis. Mais son destin est tout autre : comment concilier son
statut de sauveur de l’humanité et son désir de vivre comme un humain
normal ?
Dans le train de Smallville à destination de
Metropolis, Clark Kent se rappelle les derniers conseils que sa mère lui
a donnés avant son départ. Gentil et discret, le jeune homme est sûr de
ses capacités. Il loue une chambre et passe des tests d'embauche dans
le club de football américain et dans un grand laboratoire. Pour ces
deux opportunités, c'est une réussite totale aboutissant à un contrat.
Il gagne très vite beaucoup d'argent et en envoie à sa mère, veuve
depuis seulement quelques mois.
Se baladant, il remarque la couverture
d'un journal, le Daily Planet, et choisit d'aller y proposer ses
services. Perry White, le rédacteur en chef, n'a pas vraiment de place
pour un nouveau journaliste et l'envoie plus ou moins paître. De retour à
son immeuble, Clark voit que son appartement est en feu. Sans attendre
et à une vitesse folle, il fonce récupérer un costume cousu par sa mère
et un morceau de métal. En le touchant, un système s'active.
Quelques
minutes plus tard, les ciels du monde entier sont couverts par des
vaisseaux extra-terrestres. Leurs intentions sont loin d'être pacifiques
mais celui qu'ils sont venus chercher est aussi celui qui leur opposera
une vive résistance. En effet, Clark vient d'une autre planète et
possède des capacités surhumaines, vitesse, force ou encore pouvoir
voler, qui ne seront pas de trop pour repousser cette menace venue de
l'espace.
Critique :
Après son label "All-Star" quelques années auparavant, DC Comics lance en 2010 un nouveau label mélangeant les genres : "Earth One" ("Terre Un" en français).
Un peu comme "All-Star", l'idée est de donner à une équipe créative la
liberté de réinventer un personnage DC pour un public plus actuel. On
retrouve là-dedans ce qui était également à l'origine de la ligne "Ultimate Marvel
10" plus tôt. La particularité du label se trouve principalement sur sa
publication : il n'y a pas vraiment de contrainte de temps pour les
auteurs, et ceux-ci sortent des tomes de 128 pages, que l'on appellera
Graphic Novel, plutôt que des singles classiques de 22 ou 24 pages. Ainsi chaque fois nous avons une histoire complète.
À l’occasion de la sortie de "Man of Steel" au cinéma (long métrage réalisé par Zack Snyder et produit par Christopher Nolan promet aux néophytes une entrée en matière spectaculaire et accessible), Urban Comics nous sort un récit inédit en France. Celui de "Superman Earth One" dont les deux volumes parus en version originale sont rassemblés en un seul album. Mais qu’est-ce donc que cet univers de "Terre Un" ?
C’est probablement la réponse de DC à l’univers "Ultimate" de Marvel,
un monde où les héros sont bien différents de ce qu’ils sont dans
l’univers principal et dont la lecture, détachée de toute continuité,
est bien plus accessible aux nouveaux lecteurs. Et qui de mieux qualifié
que Joseph Michael Straczynski pour accomplir cette tâche ? En
effet le scénariste, habitué au cinéma et à la télévision, ne reproduit
pas ici les erreurs qu’il a commises sur "Superman à Terre" et nous montre
sa maîtrise parfaite de l’icône qu’est le dernier fils de Krypton.
Le scénariste, désireux de rénover l'image et les origines de l'Homme d'acier, modernise le héros en le montrant plus fragile et dans un contexte plus réaliste. Ainsi l'auteur applique la méthode de Marvel sur l'univers "Ultimate",
avec cependant un aspect politique moins prononcé. Straczynski évite
aussi de placer dès le début les ennemis classiques de Superman. C'est
ainsi que vous ne croiserez pas Brainiac et quasiment pas Lex Luthor
dans ces pages.
Aux USA, "Earth One" a été publié sous la forme de
plusieurs graphic novels. La narration s'en trouve bousculée et permet
au scénariste d'offrir une lecture agréable et qui monte en puissance.
Cet album contient les deux premiers épisodes et amène sa pagination à
plus de 250 pages. Straczynski est en grande forme
et ne déçoit à aucun instant durant ces deux sagas successives. Il
est vraiment intéressant de voir un Clark Kent qui s'installe
progressivement dans le costume de Superman et qui se construit une
personnalité de super héros.
Le parti pris du scénariste est ici de nous montrer un Superman
plus proche du monde d’aujourd’hui que de l’image qu’il représentait en
1938. A l’image de la réalité, le héros a évolué, est devenu plus dur
et le récit est clairement ancré dans la période post 11 Septembre, dans
une Amérique en proie aux doutes, qui craint la crise économique et où
le secteur de la presse papier, symbolisée par le Daily Planet est menacé par internet. Son Clark Kent
a beaucoup de difficultés pour appréhender ce monde et semble un peu
perdu, il ne parvient pas à trouver sa place rapidement et semble
manquer quelque peu de maturité.
C’est en effet un récit initiatique que nous propose ce graphic novel : tout au long de l’histoire, Superman
apprendra à se connaître et tentera de déterminer le rôle qu’il a à
jouer sur Terre, en tant qu’homme et en tant que super-héros. Il apparaît comme étant quelqu’un de sensible et altruiste, un héros
sacrificiel qui lutte pour le bien d’une race qui n’est pas la sienne
mais dont il est très proche, bien qu’il soit incapable de s’intégrer
pleinement dans cette société, vivant parmi elle sans en faire
partie. La dimension tragique du protagoniste est probablement l’aspect le plus réussi de "Superman Terre-Un",
qui brille pourtant aussi par ses scènes d’action, très hollywoodiennes
et par la présence d’un casting
secondaire plutôt bien développé, constitué de figures connues, comme de
nouveaux arrivants.
La série bénéficie en plus d'un seul et
unique dessinateur. Shane Davis n'est pas encore très connu mais il
possède suffisamment de qualités pour devenir l'un des futurs grands du
métier. Un trait fin, des personnages soignés, des décors fouillés sont
les points notables et positifs de cet artiste en devenir. Un Jim Lee en
puissance !
Le dessinateur est incroyable d'efficacité. Son trait est beau et précis, même si on
peut trouver qu'il manque du dynamisme qui aurait pu être nécessaire
pour atteindre de plus hauts sommets en seconde partie de volume. On
retrouve ses inspirations cinématographiques et télévisuelles dans ses
décors et ses personnages. Sa Lois Lane est d'ailleurs le sosie de Jennifer Carpenter (la sœur dans "Dexter").
Et tant qu'on parle d'elle, elle fait partie des quelques personnages
secondaires mis en avant dans ce récit, suffisamment pour ne pas se
concentrer que sur Clark et introduire plusieurs intrigues pour la suite
de l'histoire.
Au final, efficace et spectaculaire, malgré la tonalité tragique que Straczynski donne aux aventures de son héros qui peut
sembler assez pesante bien qu’elle soit tout à fait appropriée au
personnage, voici une nouvelle série consacrée à Superman à suivre obligatoirement. "Terre Un" en reste un vrai Superman pour la nouvelle génération qui a le mérite de moderniser le personnage sans le trahir et nous montre, plus que jamais, que le dernier fils de Krypton
n’est pas véritablement l’homme de demain, mais bien l’homme
d’aujourd’hui !!!
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