Note : 4.25 / 5
Synopsis :
Dans l'arrière-salle d'une carrosserie, Alana, une
jeune femme portant des ailes dans le dos et ancienne soldat, et Marko,
un lunien orné de cornes de bouc et ayant des dons pour la magie, vivent
des instants merveilleux avec la naissance d'Hazel, leur petite fille.
Cet enfant n'aurait pourtant jamais du naître. Alana et Marko viennent
tous deux de planètes différentes et d'espèces en guerre depuis
longtemps.
Considérés comme des parias, ils sont recherchés de toutes
parts. Un baron robot et des soldats de la coalition les ont retrouvés
et les tiennent en joue. Trois luniens font aussi irruption. Par
miracle, le couple et leur bébé parviennent à s'échapper et à mettre la
main sur une carte. Sur celle-ci figure un lieu synonyme d'espoir : la
forêt de la fusée.
Là-bas, ils pourront quitter Clivage et se rendre sur
une autre planète. Mais leur fuite ne se fera pas sans danger, car les
différents camps ont engagé des mercenaires indépendants, réputés pour
leur méthode expéditive et leurs résultats.
Critique :
La space fantasy, voilà un genre bien casse-gueule. Mais quand on s’appelle Brian K. Vaughan,
bâtir une série galactique avec des luniens cornus, des robots à tête
cathodique, des fantômes rosâtres et des combattantes à ailettes, n’est
pas du tout mission impossible. Pour preuve ce premier tome de "Saga", quête héroïque et romantique qui met en scène deux amoureux fuyant la guerre
que se font leurs peuples respectifs, ainsi que les tueurs lancés à
leurs trousses. Car ils portent un symbole d’espoir plus fort que la
haine : un nouveau-né, narrateur de cette épopée éclatante.
Parti durant quelques années dans l'industrie de la télévision pour participer à l'écriture de séries télé comme "Lost",
Brian K. Vaughan a laissé de nombreux fans dans l'expectative de son
retour. Il faut dire que le scénariste canadien a livré de jolies
pépites de l'art séquentiel avec "Y, le dernier homme", "Les Seigneurs de Baghdad" ou "Ex Machina". Avec "Saga", l'auteur créé une histoire aux confluents des genres, entre le space opera, le récit d'aventure et la love-story.
La collection Urban Indies de Urban Comics accueille des titres
indépendants qui ne sont donc pas issus de l’univers DC Comics. Ce
premier volet, qui reprend les épisodes 1 à 6 de "Saga", va ainsi piocher
dans le catalogue d’Image comics et permet surtout de retrouver
l’excellent Brian K. Vaughan. Ce dernier revient sur le devant de la scène avec une
nouvelle série particulièrement prometteuse qui mélange space opera,
romance, géopolitique, aventure et même une petite touche de fantasy.
Bref, un ovni que je vous conseille vivement.
Démarrant sur les chapeaux de roue, cette aventure spatiale a d’abord
des allures de road-movie fantasy relativement traditionnel. Mais, très
vite, les personnages imaginés par Vaughan et surtout son humour mordant
font décoller le récit bien au-dessus du lot. À partir d’une trame de
facture classique, il brode une bande dessinée ambitieuse aux confins
des genres, un conte moderne tantôt tendre, tantôt cruel, et véritablement palpitant.
Tout ici est un prétexte à une aventure spatiale où l’action sait
parfois laisser sa place à un peu d’humour et de sentiments tout en
permettant à l’auteur d’apporter des nombreuses idées toutes aussi
originales les unes que les autres. C’est là que réside la principale
force du récit d'ailleurs.
"Saga" est une aventure hors du commun dans un univers
foisonnant d'espèces étranges et dangereuses. Débute alors une aventure parfaitement rythmée au sein d’un univers
fourmillant d’excellentes trouvailles et d’espèces insolites. Des
fantômes de la planète Clivage à l’arbre-fusée, en passant par les
pouvoirs magiques des habitants de la lune Couronne, l’album regorge
ainsi d’idées originales.
L’idée de base, qui consiste à opposer deux
peuples qui ont exporté leur conflit sur d’autres planètes de la galaxie
afin de préserver les leurs, s’avère excellente. L’univers proposé est
du coup non seulement extrêmement vaste, multipliant ainsi les
possibilités scénaristiques, mais cela permet surtout à Brian K. Vaughan
d’intégrer de nombreux peuples à son récit et quand on connaît sa
capacité à exploiter pleinement ses personnages, cela est certainement
un autre des gros plus de la série.
Brian K. Vaughan effectue
un retour payant, avec un récit racé et doté de dialogues affutés. Le
naturel de ceux-ci en étonnera plus d'un et l'humour qui ressort de
certaines tirades est proprement irrésistible. "Saga" est également
très dynamique, le lecteur ne cesse de découvrir de nouveaux lieux ou
de nouvelles menaces. Et puis quelle bonne idée de faire parler les
luniens en espéranto, une langue auxiliaire créée au XIXème siècle.
Avec un scénario aussi inspiré, il fallait
bien un visuel en adéquation. C'est la dessinatrice canadienne, elle
aussi, Fiona Staples qui se charge d'offrir des planches étonnantes et
des designs aussi surprenants que déstabilisants. Entre les robots
barons (des écrans de télé sur des corps humains) ou la Traque (nom
d'une des mercenaires indépendants), l'originalité déborde des cases. Le
travail sur les décors est minutieux et se joue des perspectives. Si
certains n'accrocheront peut être au premier coup d’œil au visuel de
Fiona Staples, nul doute qu'en entamant la lecture de "Saga", ils sortiront, une fois l'album terminé, finalement conquis, le visuel étant juste parfait pour un tel récit.
Les design sont orignaux et plaisants tandis que l’ensemble du travail
est très soigné et les couleurs maitrisées. Fiona Staples nous offre là
une atmosphère unique pour un récit qui ne l’est pas moins ! Staples donne vie à des créatures au look très réussi et installe une
ambiance toujours adéquate, à l’aide d’une colorisation qui accompagne
toujours parfaitement le ton du récit. La dessinatrice canadienne offre également un découpage efficace qui contribue à
une lecture fluide qui incite à tourner les pages à grande vitesse.
Au final, grâce à des héros aux sentiments et réactions si humains, à des figures
secondaires hautes en couleurs (le prince robot, les chasseurs de têtes)
et des trouvailles jouissives, Vaughan développe une histoire d’amour S-F accessible et rapidement fascinante,
parfaitement mise en image par la Canadienne Fiona Staples, dont le
dessin, en apparence rêche et froid, se révèle finalement plus
chaleureux que prévu. Une belle réussite du label Image, et encore une
bonne pioche pour Urban Comics. "Saga" est donc une série de science-fiction et, surtout, un
comics absolument génial à l'univers hyper dense et peuplé de
créatures magnifiquement dingues !!!
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