Note : 4 / 5
Synopsis :
2077 : Jack Harper, en station sur la planète Terre dont toute la
population a été évacuée, est en charge de la sécurité et de la
réparation des drones. Suite à des décennies de guerre contre une force
extra-terrestre terrifiante qui a ravagé la Terre, Jack fait partie
d’une gigantesque opération d’extraction des dernières ressources
nécessaires à la survie des siens. Sa mission touche à sa fin. Dans à
peine deux semaines, il rejoindra le reste des survivants dans une
colonie spatiale à des milliers de kilomètres de cette planète dévastée
qu’il considère néanmoins comme son chez-lui.
Vivant et
patrouillant à très haute altitude de ce qu’il reste de la Terre, la vie
"céleste" de Jack est bouleversée quand il assiste au crash d’un
vaisseau spatial et décide de porter secours à la belle inconnue qu’il
renferme. Ressentant pour Jack une attirance et une affinité qui défient
toute logique, Julia déclenche par sa présence une suite d’événements
qui pousse Jack à remettre en question tout ce qu’il croyait savoir.
Ce
qu’il pensait être la réalité vole en éclats quand il est confronté à
certains éléments de son passé qui avaient été effacés de sa mémoire. Se
découvrant une nouvelle mission, Jack est poussé à une forme d’héroïsme
dont il ne se serait jamais cru capable. Le sort de l’humanité est
entre les mains d’un homme qui croyait que le seul monde qu’il a connu
allait bientôt être perdu à tout jamais.
Critique :
L'année 2013 s'annonce comme un festin science-fiction (SF) avec les prochaines sorties de "After Earth" (le dernier Night Shyamalan avec Will et Jaden Smith), "Elysium" (avec Matt Damon), "Pacific Rim" (le dernier Guillermo Del Toro), "Iron Man 3", "Man of Steel", et j'en passe... ! Et "Oblivion" se démontre une belle mise-en-bouche.
"Oblivion" est le genre de film dont il est difficile de
rendre compte tant une partie de ses attraits réside dans la façon dont
le récit se retourne régulièrement à mesure que se succèdent divers
coups de théâtre, un récit où les apparences s'effondrent pour céder la
place à des vérités plus ou moins extraordinaires. Certes, pour qui est un peu habitué à la littérature ou au cinéma
dits de science-fiction, un certain nombre de ces surprises n'en seront
pas véritablement ! Disons qu'elles renvoient à une certaine manière, un
peu systématique, d'utiliser des postulats délirants pour dévoiler,
allégoriquement, l'envers de diverses illusions, métaphysiques ou non.
Un réalisateur prometteur qui s’est un peu cassé les dents dans la
suite d’un film culte, un acteur en phase de reconquête de son public et
qui revient à la science-fiction, une intrigue mystère et des premières
images de toute beauté, "Oblivion" avait tout du projet excitant, une promesse de grand film évènement. Je vous rassure tout de suite, même s'il n'atteint pas complètement les promesses espérées, le film reste une belle réussite !
"Oblivion" se traduit par "Oubli". Un titre plus qu’approprié pour ce cher Tom Cruise qui,
toujours à la recherche de nouveaux succès, tient à rappeler qu'il
reste une star incontournable du cinéma d'action en revenant ici à un
genre (la SF) qui lui a particulièrement réussi jusqu'ici si on se
souvient des cartons au box-office de "Minority report" et de "La Guerre des mondes". Il se lie ici avec le metteur en scène Joseph Kosinski, infographiste de talent tout juste promu réalisateur depuis son remake de "Tron". Avec
son univers post-apocalyptique et son design à la fois sophistiqué et
épuré, le film, sorte de "Je suis une légende" futuriste a en effet tout du projet original et singulier.
Adapté d'un comics-book créé par Joseph Kosinski et Arvid Nelson, "Oblivion"
se dévoile dans ses premières minutes comme un film majeur de la
science-fiction, très loin du blockbuster calibré que j'attendais.
Film intimiste aux décors sidérants et à l'univers riche, le
long-métrage ne manque alors pas de rappeler l'ambiance de départ de "Wall-E"
(excepté qu'ici le héros n'est pas totalement seul). Pendant toute une
première partie, nous assistons ainsi au quotidien de Jack, dont la vie
n'est certes pas sans danger, mais
indéniablement aussi morne que peut l'être le sol de la planète.
En réalisant "Tron : L'héritage", suite de "Tron" film culte des 80's, Kosinski nous avait gentiment remis les idées en place avec un déluge visuels flashy. Véritable ode au code couleur des années 80, il nous rappelle au passage qu'un film pouvait tout à fait capitaliser sur un intérêt purement formel et n'exister que pour le plaisir des yeux et des oreilles (la BO de Daft Punk étant tout simplement sublime. Il n'y a donc rien d'étonnant que le metteur en scène reprenne plus ou moins la même recette dans la mise en œuvre de son deuxième long métrage, tout en visitant cette fois d'autres segments du cercle chromatique.
Dans une première partie, l'univers présenté à l'écran
fonctionne très bien. On prend même plaisir à suivre le quotidien de
Jack Harper et de Vika comme derniers gardiens de la
mémoire de l'humanité et on ne demande qu'à voir développer cette
nouvelle Terre composée de drones et de stations orbitales. Visuellement, le film est une véritable claque. Paysages désertiques
lumineux, structures humaines emblématiques en ruine, designs
technologiques, c’est d’une beauté sans nom.
Et quelle bonne idée de
n’avoir pas gâché tout ça avec des lunettes 3D, ce qui auraient assombri
l’image. La réalisation de Joseph Kosinski est aérienne. Les effets
spéciaux sont bluffants. Plus que jamais, le réalisme atteint un niveau
extrême. Les objets, décors et paysage de synthèse offrent un degré de
détail inégalé qui renforce leur matérialité.
L'installation est donc un sommet de science-fiction, sachant imposer
une ambiance et créer une tension sans avoir recourt à de quelconques
artifices. Si l'ambiance est mise en place par la maîtrise de la mise en
scène, elle l'est également par tout le travail tournant autour des designs (de pièces intérieures tout comme ceux des véhicules), des
mattes painting, des décors naturels ou encore de l'écriture des
dialogues qui apportent une certaine froideur.
Seule la musique d'Anthony Gonzalez / M.8.3
s'avère être un grain de sable dans cette belle machine, et ce tant
cette dernière souffre d'un manque flagrant de créativité de par sa
parenté assez sidérante avec les partitions de "Tron : l'héritage" et de "The Dark Knight".
Reste que mis de côté ce détail, cette première partie représente le
rêve pour tout amateur de science-fiction. Ici, pas de thriller camouflé
ou de monde virtuel, mais un film réellement ambitieux, aux décors
vastes, recherché et à l'univers aussi fascinant qu'intriguant.
C'est quand il s'agit de dévoiler son histoire que le film se prend un
peu les pieds dans le tapis au moment où le héros se reconnecte
progressivement à son passé en la personne de Julia (Olga Kurylenko).
Les révélations s'enchaînent alors de façon laborieuse et, à force de
vouloir convoquer tous les grands concepts de la science-fiction, le
film pourra perdre certains de ses spectateurs. Surtout qu'en matière de réflexion
sur le pouvoir de la mémoire, "Solaris" est déjà passé par là. Un travers qu'on retrouvait déjà dans le précédent opus du réalisateur, au moment où le film tentait d'aborder la relation père-fils avec Jeff Bridges.
Ainsi, De faux-semblants en clonage, de mensonges d’état en multiples
conspirations, Kosinski puise dans la grammaire la plus classique
du genre les (nombreux) rebondissements dont il émaille cet "Oblivion"
prévisible, à peine bousculé par quelques scènes de batailles virtuoses
virant parfois à l’abstraction. Mais c’est à sa marge que le film
intrigue enfin, lorsqu’il installe une tension mélodramatique entre ses
trois survivants aux identités flottantes, tous liés par de vieux désirs
refoulés et la conscience d’avoir été réunis ailleurs, dans une autre
vie.
C’est moins sa pente spectaculaire qui captive dès lors que ce
suspens sentimental et mémoriel tissé au cœur d’un triangle amoureux, où
chacun tente de se souvenir ce qu’il fut pour l’autre et de recomposer
les strates de sa mémoire manquante. Une quête existentielle que
troublent encore un peu plus la beauté plastique et l’opacité naturelle
de ses acteurs, filmés comme des clones défaillants dans cette relecture
du concept de "Total Recall" de Paul Verhoeven d’où émerge une belle étrangeté.
La deuxième partie, qui reste en tout de même assez attachante, est cependant
quelque peu plus conventionnelle donc, rappelant une sorte de patchwork de
plusieurs autres films, utilisant quelques raccourcis malheureux.
Cette deuxième partie retrouve un côté bien plus
ancré blockbuster avec des courses-poursuites (dont une terriblement
sidérante), des combats explosifs, un certain nombre de grandes, et
petites, révélations. Si cela paraît pour une partie
dispensable, il paraît honnête de dire que ce côté "spectacle" est loin
d'être désagréable et amène même quelques morceaux de bravoure aussi
mémorables que gratuits.
Si Kosinski semble visiblement avoir intégré les codes de la SF, alignant des thèmes fétiches du genre tels que la dystopie, le clonage ou l'exploration spatiale, le problème est qu'il n'en tire pas vraiment partie. Malgré ce défaut, "Oblivion" reste de très bonne facture et, surtout, une des rares créations originales estampillées SF de l'année.
Le casting est quant à lui plutôt solide, Tom Cruise en tête qui interprète toujours aussi merveilleusement les héros. On peut penser ce qu’on veut de l’homme, l’acteur reste impressionnant.
Et particulièrement sa propension à exécuter ses propres cascades, ce
qui renforce la réalité de ses personnages. C’est particulièrement
frappant dans "Oblivion" tant Cruise est omniprésent à l’écran.
Alors oui, le personnage de Morgan Freeman est construit un peu trop comme le second rôle "cool", avec ses
répliques pleines de bons sens et ses lunettes noires, mais le job reste accompli avec classe. On ne peut pas terminer ici sans parler de la direction de la photographie tant Claudio Miranda,
aidé par des moyens financiers certainement considérables, accomplit un
travail exemplaire et propose visuellement ce qui se fait de mieux en
terme de rendu.
Au final, si le film accuse donc une certaine baisse de rythme en son milieu,
il reste d'une grande qualité visuelle tout du long et sait se révéler efficace jusqu'à sa toute fin. Une ambition esthétique accouplée à la présence de Tom Cruise de tous les
plans qui devrait empêcher le film de définitivement tomber dans
l'Oubli... sans pour autant rester mémorable par son histoire.
Malgré une affiche teaser assez
intrigante et une bande-annonce prometteuse, mais qui donnait une
impression de voir déjà tout le film, nous pouvions émettre quelques
doutes légitimes vis-à-vis "d'Oblivion", surtout en sachant que Joseph Kosinski avait signé une suite à "Tron", visuellement spectaculaire mais au scénario particulièrement insipide. La première bonne nouvelle est que la bande-annonce "d'Oblivion" est loin de tout raconter, la deuxième est que Kosinski
signe ici un très grand film de science-fiction, certes pas aussi
parfait dans sa durée que pendant son exceptionnelle première partie,
mais d'un niveau qualitatif tel que j'aimerais en voir plus souvent sur
toile !!!
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