Note : 4 / 5
De quelque côté de la Manche qu'on se trouve, The Electric Soft Parade (TESP) n'est
pas le genre de groupe qui fait s'enflammer les rédactions ni fleurir
les couvertures de gazettes rock. Pourtant, depuis son premier album "Holes in the Wall" en
2002, ce n'est pas faire injure de dire que le duo est l'un des plus
dignes représentants anglais du genre, dont les mélodies parfumées à
l'essence sixties ravissent les oreilles et devraient rendre jaloux les
faiseurs et poseurs qui polluent le marché.
De 2002 à 2013, TESP a brillamment occupé une
dizaine d’années de carrière sous les éloges de la presse. Si le succès
commercial n’a pas toujours été au rendez-vous, les terribles frangins
de Brighton ne se sont pas démontés pour autant et les voilà qui
reviennent bien décidés à envahir les ondes estivales avec dix nouveaux
titres ensoleillés. Leur quatrième galette d’indie rock pour certains et de british pop pour d'autres, sobrement
intitulé "Idiots", était bien évidemment attendue au tournant
et ne devrait pas décevoir les fans de cette drôle de formation
anglaise, lesquels patientaient depuis "No Need To Be Downhearted" paru en 2007.
Le groupe est constitué à la base d’Alex et Thomas White, frères de leur état. Se sont ensuite ajoutés Matthew Twaites, à la basse, et Mathew Priest, à la batterie. Comme son nom l'indique, The Electric Soft Parade marie la power pop à guitare et la dentelle de Brighton avec élégance.
Près de onze ans se sont écoulés depuis leur premier album studio et, pourtant, l’insouciance juvénile de The Electric Soft Parade ne
semble pas avoir pris une ride. Ayant emprunté leur nom à l’album "The Soft Parade"
des Doors, Alex et Tom White n’ont pas perdu la manie de s’approprier
ce qui ne leur appartient pas et de lui donner un second souffle. A
force de piocher sans scrupules dans les sixties américaines des Beach
Boys et de Simon and Garfunkel, aussi bien que dans la brit pop des La's
ou même de Blur, ces rétros actifs sont parvenus à trouver une identité
qui appartient bien à leur temps.
"Idiots" est un disque de gens élégants drogués à la pop.
Les frères White convoquent les Kinks et Macca et passent le tout à la
moulinette. Mais comme ces deux types sont complètement défoncés à
l’arrangement luxueux et à la mélodie de première bourre, seuls quelques
heureux dépendants pourront gouter aux plaisirs des quatre minutes de "Mr Mitchell" et de sa gourgandine de "Lily". Et on ne s’arrête pas en si bon chemin.
"Idiots" est donc composé de dix titres dont les meilleurs sont,
sans conteste, les deux premiers. La première chanson est "The Sun
Never Sets Around Here". On y découvre une pop sympathique et douce. On
peut également noter l’influence notable d’Oasis ce qui n’est pas très surprenant quand on sait que TESP a tourné pendant quelques temps avec High Flying Birds, le nouveau groupe de Noel Gallagher. Même constat sur "Summertime In My Heart" où l’on retrouve ce côté pop
très frais qui rend le morceau idéal pour une écoute le matin, histoire
de commencer la journée d’un bon pied.
"Idiots" est un disque intelligent et racé qui, cependant, distille en plus un étrange sentiment de liberté. Ce dernier semble découler du fait que ce nouvel opus est un pur TESP, mais plus mûr et raffiné. On y perçoit l'esprit de leur jeunesse, complémenté toutefois par une sensibilité plus nuancée et mesurée.
Bref, "IDIOTS" ouvre sur une pop aux airs enthousiastes et à l’énergie aussi caféinée qu’une injection matinale dans les oreilles de "Looking Back Over My Shoulders"
de Mike And The Mechanics. Les guitares électriques partagent les
arrangements léchés avec un clavier électronique échappé de la new wave
pour jouer la modernité. "Summertime In My Heart" sonne le point
d’orgue d’une douce désinvolture qui s’installe sur ce début d’album
encore plus naturellement qu’un soleil d’été en juillet.
Brise fraiche,
les guitares mélancoliques de "The Corner Of Highdown And Montefiore"
insufflent une mélodie toute en puissance qui ne manque pas de faire
frissonner. Ce qui est venu avec l'âge et l'expérience est la manière dont le son des TESP s'est étendu. Ainsi, "The Corner Of Highdown And Montefiore" va démarrer sur un passage folk pour se transformer en ballade douloureusement grandiose, pleine de solos de guitares languissants.
Le titre éponyme sonne comme un hymne à reprendre à volonté,
tandis que l’on rencontre en chemin des personnages épiques et colorés :
"Mr Mitchell" et "Lily". L’aventure se terminant accompagnée des notes de velours de la balade "Never Again", entièrement jouée au piano.
Trop intelligent pour les masses, trop complexe pour les stations FM, "Idiots" va probablement et malheureusement se déguster qu'entre initiés. Certains disques vous font réfléchir, d'autres redéfinissent un genre et d'autres encore, comme "Idiots", vous rendent tout bonnement heureux et empli d'un sentiment de liberté.
Au final, anachronique et efficace d’un bout à l’autre, l’album est si riche et
complexe qu’on pourrait en parler jusqu'à l’aube. Les frères espiègles
s’amusent à frôler les frontières du génie en faisant preuve
paradoxalement d’une simplicité déconcertante. Tantôt pop-rock
optimiste, tantôt nostalgique mais toujours imprévisible, fort
d’arrangements et d’une production minutieuse, l’album pourra tourner en
boucle dans le casque, il restera un excellent remède à la monotonie !!!
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