Note : 4 / 5
Les israéliens d'Orphaned land nous reviennent seulement après trois ans
avec leur cinquième album studio, "All is One". Il y a une décennie ils avaient sorti leur
chef d’œuvre, "Mabool", album de référence fondateur du style de l'oriental metal, symbiose parfaite du sable et de l'acier. Album qui engendrera des
émules et des vocations, Myrath et Arkan pour ne citer qu'eux.
Enregistré entre Israël, la Turquie, et la Suède, "All Is One"
symbolise la volonté de désenclavement d'Orphaned Land. Le groupe est du
reste en bonne voie à ce niveau comme en témoigne la tournée qui suit
la sortie de l'album et navigue de l'Amérique du Sud à l'Europe jusqu'à
l'automne 2013. Ce nouvel opus
marque également une rupture certainement définitive avec le style
death metal qui était une des composantes de sa musique jusqu'à présent.
En effet, le groupe évolue et, d'un death metal oriental sur "Mabool", ils nous avaient
offert un album de folk metal à tendance progressif avec "The never
ending way of the Orwarrior". Cette fois ci, avec "All is one", se dégage
une atmosphère symphonique et tragique. Les titres sont beaucoup plus
compacts et moins alambiqués que sur leur précédant opus. Pratiquement
toutes les compositions font appel à un orchestre à cordes et sur une
grande partie une chorale de vingt-cinq chanteurs donne une dimension épique à
la musique rappelant parfois l'approche de Therion (notamment le titre
d'ouverture "All is one").
"All Is One", ce sont trois mots qui synthétisent le concept et le message que tente de diffuser Orphaned Land
depuis plus de 20 ans. Le groupe tente d’unir les peuples malgré les
différences ethniques, religieuses et politiques. Si ce message a été de
plus en plus explicite depuis leur deuxième album, "El Norra Allila",
les Israéliens ont franchi une autre étape avec un titre d’album et une
pochette plus explicite, ainsi que des chansons et des paroles qui vont
dans ce sens.
Fidèles à leur vision œcuménique et pacifique donc, Orphaned Land propose un voyage exaltant où les thèmes musicaux orientaux se marient aux riffs heavy avec une incroyable
fluidité. Le symbole sur la pochette de l’album montre par ailleurs un
rêve, une utopie, celle de voir les trois monothéismes réconciliés
alors que l’album évoque plutôt la triste réalité.
Et en effet, conformément à leur vision, les chansons de cet album sont plus tragiques qu'énervées. Malgré ce côté très épique, l'ensemble demeure plus accessible que par le passé. Les
paroles sont aussi plus directes, les titres des chansons plus courts. Orphaned Land est plus qu’un groupe de musique, on le sait. "All Is One" propose un univers cohérent où la musique et les paroles font ainsi partie d’un tout et du message.
Cette nouvelle galette s’ouvre
à la manière de "The never
ending way of the Orwarrior" avec un éponyme proche de
"Sapari" dans la forme, à savoir un titre rythmé et un hymne à la fraternité.
Les chœurs, les violons, les guitares orientales et le chant clair de Kobi sont
à l’honneur sans oublier les soli de Yossi. C’est très dynamique et catchy !
Toutefois, musicalement, l'album est assimilable plus à une fusion world music qu'à du metal oriental, tant
les percussions, bouzoukis, et autres cordes moyen-orientales y prennent
de l'importance. Sans parler des mélodies, souvent elles aussi
d'inspiration ethnique. Le poignant "Through Fire and Water" témoigne parfaitement de cette recherche, parvenue ici à une quasi perfection. De même "Shama'in" et "Ya Benaye" chantés en hébreu, révèlent la musicalité naturelle de cette langue trop méconnue.
Au final, Avec "All Is One", Orphaned Land
nous offre un étonnant voyage musical où la richesse mélodique et la
profondeur des thèmes abordés participent d'une franche réussite
artistique. Clairement un pont entre les cultures, aussi tragique que
magnifique. Disque de combat autant que d'espoir, "All Is One" montre
qu'Orphaned Land n'est pas loin d'avoir atteint le sommet de son art. Un
message bien plus concret que toutes les conférences de paix !!!
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