de Boris Dokmak
Note : 4 / 5
Synopsis :
Elle est la plus célèbre disparue au monde. Elle sème la mort et le chaos. Elle s’appelait Paris Hilton.
Le privé Almayer, dopé aux cocktails et à l’étherine, va remonter la piste sinueuse de la princesse blonde de Beverly Hills. A Bruges, un flic obsessionnel enquête sur le meurtre d’une jeune femme, retrouvée embaumée suivant un rituel surgi du fonds des âges. Grouillant sous le soleil de Californie, la jet-set dégénérée, les narcotrafiquants et les mercenaires saignent pour leur place au paradis. La femme qui valait trois milliards sera leur ticket pour l’enfer.
Le privé Almayer, dopé aux cocktails et à l’étherine, va remonter la piste sinueuse de la princesse blonde de Beverly Hills. A Bruges, un flic obsessionnel enquête sur le meurtre d’une jeune femme, retrouvée embaumée suivant un rituel surgi du fonds des âges. Grouillant sous le soleil de Californie, la jet-set dégénérée, les narcotrafiquants et les mercenaires saignent pour leur place au paradis. La femme qui valait trois milliards sera leur ticket pour l’enfer.
Critique :
650 pages qui se lisent en quelques jours. Un livre qu’on ne peut pas
lâcher, qui fonctionne jusqu’au bout et dont la fin est une tuerie. Une
écriture impeccable, un style unique, des personnages qu’on aimerait
retrouver. Dokmak refait le monde, l’histoire, la politique, et on y
croit ! "La Femme qui valait trois milliards" a tout d’un grand polar, mais pas que.
Boris Dokmak, né à Kiev en 1967, agrégé de philosophie installé en
France, fait une entrée tonitruante sur la scène du polar français avec
un thriller subtil et haletant. Écrivain de 45 ans né en Ukraine et vivant en Anjou donc, "La Femme qui valait trois milliards" fait partie des livres qu’on n’oubliera pas cette
année. Polar paré de mille qualités, magnifique objet pop, le livre imagine la disparition de
Paris Hilton dans une intrigue qui mêle services secrets américains,
narcotrafiquants et serial killers férus d’égyptologie.
"La Femme qui valait trois milliards" c'est : 2023, le Mexique, la mer d’Oman, Bruges, Los Angeles, un ex-agent
foireux qu’on vient chercher pour le remettre sur une vieille affaire
foireuse, un flic belge qui s’embarque dans une enquête improbable sur
une jeune fille momifiée vivante, la vraie-fausse histoire de la
disparition dix ans plus tôt de l’icône Paris Hilton, des trafiquants de
chair fraiche, des égyptologues embaumeurs venus de l’Europe de l’Est, des services spéciaux à initiales, des
milliardaires saouls, des anarchistes sémiologues, des extraits de
journaux, des rapports de surveillance. On pourrait croire, à première vue, à un véritable foutoir. Mais tout tient
debout !
Cette profusion d'éléments aurait pu plomber l'édifice romanesque. Il
n'en est rien. Dokmak tient son histoire avec une maîtrise pour le moins
hallucinante pour un débutant. Au bout du compte, le sort de Paris
Hilton, icône d'une époque déboussolée et creuse, importe moins au
lecteur que cette descente aux enfers de deux hommes que tout oppose.
Tout d'abord, il s'agit d'une histoire de tueur en série mais qui limite
sa collection à un nombre extrêmement réduit de victimes. L'enquête est
menée en parallèle par un policier belge dont l'un des principaux faits
de gloire sera de se retrouver dans une prison de la douane américaine,
et par un ancien des services secrets chargé de protéger Paris Hilton
et qui a failli bien plus qu'on ne le croit d'ailleurs.
Boris Dokmak aligne donc de nombreux éléments archétypaux du thriller
avec de longs développements sur le choix d'une arme, des parrains de la
drogue, des tueurs fous et sanguinaires, des attaques en bateau, des
filatures, des complots, des secrets d'État,... Toutefois, s'il emprunte la forme à la ligne traditionnelle des thrillers, la vivacité et l'intelligence du monde créé par Dokmak se révèlent bien plus proche de genres moins communs que sont le roman d'anticipation ou futuriste.
L'intrigue joue sur une opposition. La femme du titre qui vaut trois
milliards est-elle Paris Hilton ou plutôt cette momie que l'on retrouve
et qui serait unique ? L'ensemble est décrit dans un futur proche où se
développent des luttes sordides. L'auteur parvient à maintenir, par un
style nerveux, la ligne étroite entre le modèle et sa parodie pour
présenter une histoire forte, qui joue sur plusieurs niveaux
avec force et conviction. Tous les éléments disparates s'adaptent au final comme dans un puzzle pour créer un suspense
intelligent qui lie l'Égypte antique et les dérives médiatiques
actuelles.
Dokmak maîtrise son bazar avec un sens du rythme qui évite l’hystérie. Il ne perd pas le fil malgré d’incessants allers-retours temporels et
parvient même à rendre crédible son histoire rocambolesque. L'écrivain parvient à rester en équilibre au bord du gouffre,
original mais pas à tout prix, bancal mais avec élégance, foutraque mais
avec du sens !
Au final, "La Femme qui valait trois milliards" est un polar qui va faire référence pour la grâce de son mouvement, son ambition et sa
manière de ne pas y toucher. Mieux que ça, le roman réussit à nous
convaincre que Paris Hilton n’est pas la coquille vide qu’on a toujours crue. Et ça non plus, ce n’était pas une mince affaire. Si "La Femme qui valait trois milliards" n'est pas un one shot, les Grangé, Chattam et consorts ont des soucis à se faire !!!
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