Note : 4.25 / 5
Synopsis :
A Manhattan à la fin du XIXe siècle, misère, criminalité et prostitution
ravagent le quartier de Five Points. La pègre, qui a corrompu les
autorités, y fait régner sa loi. Au sein de la marée d'immigrants qui
transitent par New York jour après jour, le jeune Luke Burns s'efforce
de rester honnête et joue les dockers pour survivre. Il sait, comme tout
le monde, que le clan mafieux le plus dangereux de la ville, les Grave
Diggers, s'appuie sur des assassins pour asseoir son autorité.
Mais ce qu'il ignore, c'est que le plus célèbre d'entre eux, le Grim Reaper, n'est autre que son frère aîné, Brad.
Mais ce qu'il ignore, c'est que le plus célèbre d'entre eux, le Grim Reaper, n'est autre que son frère aîné, Brad.
Critique :
Après "Rainbow" et "Hideout", c’est pour notre plus grand plaisir que l’on retrouve Masasumi Kakizaki qui nous propose cette fois un western. En prenant comme contexte la sixième circonscription de Manhattan, à l'époque de l'immigration massive vers les États-Unis (fin XIXe siècle), Masasumi
Kakizaki dévoile un scénario d'une noirceur sans
commune mesure. Tout au long du volume, la trame est enveloppée d'une
aura dévastatrice qui favorise une immersion plus que réussie
dans ce ghetto nommé Five Points.
Le décor, c’est donc le quartier de Five Points en 1865, une époque où les gangs ont la
mainmise sur certains districts de New York et se livrent une lutte sans
merci. On y suit le parcours de deux frères qui tentent de survivre
dans cet environnement où vols, prostitutions et meurtres fleurissent. Le plus jeune s’appelle Luke et essaye de mener une vie honnête tout en
se comportant comme un bon samaritain, tandis que le deuxième travaille
la nuit pour un gang en tant que tueur impitoyable.
Sombre, cruel et
sans pitié, le récit se montre très prenant et captivant. Il faut dire
que la retranscription de l’époque est très réussie, que l’intrigue est
très réaliste et que le scénario se montre déjà bien ficelé.
Immense fan des westerns spaghetti de Sergio Leone et compagnie, je suis heureux de retrouver cette ambiance dans "Green Blood"
: des gueules d'ange (le héros, son frère), des gueules cassées, des
personnages bourrus, des personnages amoraux, des duels au flingue,
etc. Mais "Green Blood",
ce n'est pas que ça. Kakizaki va un peu plus loin que le simple
hommage. Il emprunte certains codes, mais va aussi lorgner du côté de
"Gangs of New York" en nous présentant un monde urbain sale et
impitoyable. Les immigrant(e)s venant chercher prospérité ou fortune aux
USA se retrouvent dans un monde violent et sans espoir.
Le lecteur se retrouve ainsi plongé dans un environnement hostile, où
tout se règle par la violence, laquelle submerge le volume par des
scènes à caractère explicite qui confirment que ce titre ne
s'adresse clairement pas à des enfants. Entre règlements de comptes et
prostitution, "Green Blood" illustre le quotidien difficile vécu par ces recalés au rêve américain, sur un rythme
cadencé, ralenti seulement par quelques touches d'optimisme disséminées.
Ce premier tome étant une introduction, il remplit parfaitement son
office. Le monde est bien décrit et les personnages déjà approfondis. Les personnages ont presque tous un côté
sombre et violent qui les rend terrifiants mais aussi très
charismatiques. Pour l’instant, on fait surtout connaissance avec les
personnages et leur environnement, mais on a déjà le droit à des
règlements de compte et des assassinats en bonne et due forme, le tout
étant aussi terrible que captivant. A côté de cela, le "Gangs of New-York" de Martin Scorsese, qui a pour théâtre le même lieu à la même époque, fait pâle figure !
L'intrigue ne serait pas aussi agréable sans la présence d'un personnage aussi charismatique que Brad Burns. Ce grand paresseux le jour, toujours à faire semblant de chercher du
travail mais préférant dormir, devient, le soir, le tueur à gages le plus redoutable et redouté des gangs, sous le nom de Grim Reaper.
Sa détermination à protéger son petit frère par
tous les moyens, mais également sa crainte que ce dernier découvre son
secret, font de lui un personnage emblématique, tandis que l'insouciance
et innocence de Luke le rendent également
attachant. Le chef mafieux est très bien représenté, ainsi que son fils psychopathe et grosse
réussite pour les flics corrompus.
Côté graphisme, la maîtrise de Masasumi Kakizaki n'est
plus à prouver. Le dessin s'avère très incisif, illustrant parfaitement
le scénario offert et la violence exposée.
L'ambiance pesante instaurée par l'auteur se ressent à travers les
différentes touches de gris et de noir employés, tandis que les visages
présentent une certaine brutalité dans leur approche et leurs
contours.
Le dessin est d'une beauté à couper le souffle. On pourra trouver des similitudes
avec Buronson ("Hokuto No Ken") mais avec de la finesse. Tout est réaliste, des décors aux
personnages, les pages sont quant à elles très fournies, et on a
réellement l’impression d’être au XIXème siècle. Les passages se
déroulant de nuit sont sombres mais lisibles, ce qui les rend d’autant
plus effrayants.
Au final, "Green Blood" est seinen haletant dans lequel Masasumi Kakizaki exprime tout son talent. Le manga offre plus que du divertissement, il propose
un western dont la puissance de feu amorcée laisse présager du lourd pour la suite. D'autant plus qu'il est prévu en seulement 5 tomes. Bref, un premier volume absolument superbe, qui a toutes les caractéristiques d'un véritable carton : beau, violent, racé !!!
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