Note : 4 / 5
Synopsis :
Londres, 1890. L’inspecteur Tobias Gregson est une des valeurs montantes
du Yard. Mais sa carrière serait accélérée s’il n’était pas considéré
comme un humaniste trop sensible et avant-gardiste, et surtout s’il
n’avait pas pour fonction principale d’être le défouloir quotidien de
son supérieur Lestrade.
Alors lorsqu’un transfert de prisonniers ne se passe pas comme prévu, Gregson se retrouve au placard. Un blâme qui va vite se transformer en opportunité afin de démontrer sa vraie valeur aux yeux du patron des patrons, le commissionner Fix. À la tête d’une équipe atypique réunissant un gamin des rues, ancien informateur de Sherlock Holmes, un médecin psychiatre aux méthodes atypiques ainsi que son étrange assistante, Gregson va faire alliance avec le diable : coopérer avec la pègre londonienne pour traquer deux fous extrêmement dangereux qui ont profité du fiasco de l’opération de transfert pour se volatiliser. Deux aliénés mentaux qui vont apprendre aux citoyens de Londres la signification du mot terreur.
Alors lorsqu’un transfert de prisonniers ne se passe pas comme prévu, Gregson se retrouve au placard. Un blâme qui va vite se transformer en opportunité afin de démontrer sa vraie valeur aux yeux du patron des patrons, le commissionner Fix. À la tête d’une équipe atypique réunissant un gamin des rues, ancien informateur de Sherlock Holmes, un médecin psychiatre aux méthodes atypiques ainsi que son étrange assistante, Gregson va faire alliance avec le diable : coopérer avec la pègre londonienne pour traquer deux fous extrêmement dangereux qui ont profité du fiasco de l’opération de transfert pour se volatiliser. Deux aliénés mentaux qui vont apprendre aux citoyens de Londres la signification du mot terreur.
Critique :
Dobbs, alias Olivier Dobremel, semble avoir pris un abonnement au sein de la collection 1800
de Soleil, car il a également scénarisé le diptyque "Mister Hyde contre Frankenstein" ainsi "qu’Allan Quatermain et les mines du roi Salomon". Pour rappel, Jean-Luc Istin
dirige cette collection, qui joue sur les atmosphères et les
personnages fétiches du XIXe Siècle. Même si les albums se concentrent
plus particulièrement sur la fin du siècle, on prend globalement
beaucoup de plaisir à se plonger dans des récits fantastiques et
innovants.
Comme le titre n'en fait pas vraiment mystère, "Scotland Yard, Au cœur des ténèbres", il scénarise
ici un nouveau diptyque satisfaisant aux canons du thriller victorien,
option crimes sordides et tueurs psychopathes. Le héros est en effet un
inspecteur de Scotland Yard déchu, qui intègre une cellule
d'investigations aux méthodes un brin décalées. Leur enquête va chercher
à neutraliser deux meurtriers déments récemment évadés, le plus
rapidement possible car les cadavres s'accumulent.
Ce nouveau diptyque adhère totalement aux
principes de la collection 1800. On retrouve dans le rôle de "déclencheur" une personnalité
importante de la période, l’auteur Bram Stoker, et y croise moult figures fictives de l’ère victorienne, dans des
rôles plus ou moins importants (le récit s’ouvre d’ailleurs sur
l’exécution de Mary Pearcey, une criminelle, coupable de crime passionnel, qui fut soupçonnée d’être Jack l’éventreur).
L’histoire se déroulant au sein des arcanes de Scotland Yard, il est donc normal d’y rencontrer les personnages principaux des romans de Sir Arthur Conan Doyle, ou de les voir citer (comme Moriarty ou Sherlock Holmes). D’autres personnalités romanesques figurent cependant en bonne place, comme le docteur Seward, qui aide l’inspecteur Gregson dans son enquête, et Reinfeld, l’un des deux dangereux psychopathes.
Dobbs monte encore en puissance avec ce récit glauque qui mêle des personnages des romans de "Dracula", "Frankenstein" et "Sherlock Holmes"
à de figures historiques, tout en se lançant dans une étude des tueurs
en série. On se rappelle effectivement que Dobbs avait scénarisé avec
beaucoup de réussite deux albums de la collection Tueurs en série, parvenant à percer la carapace de ces psychologies anormales.
Ainsi, la bonne idée de Dobbs est de convoquer
pour ce premier tome différents seconds couteaux de la mythologie victorienne, en
évitant astucieusement de recourir aux cadors du registre (Sherlock
Holmes, Jack l'éventreur...). Et comme s'il cherchait à
consolider son petit univers, Dobbs redonne également un rôle important à
la psychiatre Faustine Clerval, personnage central de son récent "Mister Hyde contre Frankenstein".
Pur thriller victorien, ce premier opus se laisse très facilement lire
et s’accommode bien de la multitude de ses influences et de ses clins
d’œil grâce à une intrigue plutôt bien ficelée. Dobbs fait ici mieux qu’à l’occasion de ses précédents essais dans le style. L’histoire souffre cependant du même défaut : une certaine
distanciation qui fait qu’aucun des protagonistes n’est attachant. On se
moque totalement du sort de l’inspecteur Gregson, et les aventures vécues par le docteur Seward et sa jolie assistante nous laissent froid.
L'autre bonne idée, c'est de s'appuyer sur
les talents artistiques de Stéphane Perger, dont l'exquis lavis et les
superbes aquarelles semblent avoir été précisément mis au point pour
dessiner les bas-fonds londoniens et leur glauquitude. A partir de
savantes ambiances de couleurs, Perger restitue les blancs comme
personne et utilise à merveille l'humidité de ses pinceaux pour créer
des effets éthérés angoissants, des "accidents" de reflets somptueux.
Côté colorisation, Stéphane Perger utilise la technique de la "couleur
directe" (la couleur et les tracés de contour noir ne sont pas
séparés). Il joue aussi beaucoup avec les ombres et les lumières
permettant de donner du volume, par exemple aux vêtements mais aussi
d’accentuer les expressions des visages de chaque personnage, notamment
celles de Carfax, qui font parfois froid dans le dos.
Le découpage des
planches est dynamique avec des cases de diverses tailles parfois
superposées sur des illustrations pleines pages, ce qui donne
visuellement des actions rythmées. Nul doute, Stéphane Perger est un
très bon dessinateur et coloriste. On peut ne pas apprécier le style couleur directe,
mais force est d’admettre qu'ici, générant moult ombres et reflets
inquiétants, cela colle parfaitement à l’ambiance glauque du récit.
Au final, en découvrant ce premier tome, on
s’aperçoit très vite que Dobbs et Stéphane Perger forment un duo de choc
en nous servant une histoire qui retient très vite l’attention que ce
soit au niveau du scénario que du graphisme. Un tome très efficace que ce "Scotland Yard, Au cœur
des ténèbres". S’il souffre d’une absence de personnages attachants, il
bénéficie d’une intrigue bien ficelée se déroulant dans une ambiance
victorienne bien rendue. Le choix de traitement de Stephane Perger
n’est pas étranger à la bonne impression ressentie à la lecture de cet
ouvrage. Du bon travail au sein d'une collection qui ne cesse de se bonifier !!!
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