Note : 4 / 5
Quand
ces béhémoths du métal que sont Isis se sont séparés, ils ont laissé un vide
qui n’a pu être remplacé. La nouvelle que trois de ses membres s’étaient
associés avec le leader des Deftones, Chino Moreno, on peut imaginer
l’excitation que Palms étaient en droit d’attendre.
Ainsi Palms c’est la réunion des ex-musiciens d’Isis, regrettée légende du post
metal à tendance toolesque, et de Chino Moreno, le grand ordonnateur
d’un nü metal adoubé par une critique en général peu amène avec ce
mouvement. En clair, Palms, c’est un peu l'Audioslave des
années 2010, le genre de rencontre entre un chanteur charismatique qui
n’a rien à prouver et une bande de musiciens orphelins qui s’ennuie sec.
Ce projet, sitôt officialisé, a déchaîné des passions dévorantes sur la
toile avant de doucher pas mal de monde avec la révélation d’un
premier trailer aussi surprenant qu'à contre-courant.
Le but avoué de Jeff Caxide (basse), Bryant Clifford Meyer (guitare), et Aaron Harris avec Palms, était de continuer dans la voie d'Isis. On pouvait craindre avec l'arrivée de Chino Moreno, d'en être réduit à une formule Isis plus Chino Moreno. Il n'en est finalement rien, Palms ayant réussi à façonner sa propre personnalité tout en restant dans la continuité.
Tout le monde s’attendait, de la part d’Isis, à une musique puissante,
psychotique et aliénante, et c’est tout le contraire qui nous est
proposé. Le quartet a dégagé six compositions extrêmement apaisées,
longues, atmosphériques, nonchalantes, contemplatives, à l’image d’un
artwork dévoilant un coucher de soleil mordoré baignant un paysage
maritime sauvage.
Ici les guitares tintent plus qu’elles n’agressent,
s’étalant en de longues vagues qui s’échouent sur un rivage de sable
brûlant, tandis que la batterie développe des tempos optant pour la
rêverie et une certaine forme de félicité. Là-dessus, Moreno n’a plus
qu’à déposer sans effort sa voix en modulant tranquillement ses effets
en de longues plaintes tenues percluses des rares paroxysmes hystériques
qui ont fait sa renommée.
C'est donc à un album de metal alternatif aux senteurs progressives que
les quatre hommes nous convient. Morceaux denses, amples, et à la
violence savamment contenue peuplent ce premier disque. Les neuf minutes
que dure "Mission Sunset" sont propices aux ruptures et aux
changements d'ambiances, sur fond de guitares prêtes à bondir. A
l'inverse et pour une durée similaire, "Antartic Handshake" mise sur une lente progression qui s'achève par un atterrissage en douceur.
Il faut prendre le temps de
l'apprivoiser pour profiter des paysages fantastiques et clairement abstraits
que génère la découverte de cet album homonyme. Sauvage et domestique. Vous
êtes bercés par ce post rock à la Isis
car, dans le cœur de Palms, il y est. Avec ses structures tantôt répétitives, tantôt évolutives, les titres s'étirent
en longueur sans que cela ne paraisse un instant longuet. Grâce à des
compositions flirtant pour certaines avec les dix minutes, vous prenez un "ticket for a ride" dans le monde des
chimères sans passer par la case succubes. Touchés par la grâce.
Il ne s’agit pas en
effet d’un album frontal, il ne possède pas ces riffs à vous scier les os et
Moreno n’adopte pas un phrasé vocal qui soit agressif et défiant. "Palms" est
un disque au tempo mesuré, du début à la fin, plutôt post-rock à certains moments que post-metal, mais parvenant néanmoins à ne tomber dans aucune de ces catégories.
Une légère électricité appuie de temps à autre les propos du groupe, plus en
appui que pour faire pulser une rage, ici inexistante. Quant aux compos
elles sont agréables. Le temps est au repos, à la rêverie les yeux
mi-clos, cette musique drive son auditeur dans quelque chose de post
rock qui que meut soit sous la caresse d’une musique répétitive soit
mutant tranquillement. Chaque titre transporte en lui sa petite
particularité, de plus, bien que les compos soient longues, on ne voit
pas le temps passer.
La voix de Moreno colle merveilleusement à l'ambiance de "Future Warrior", faite d'une trame lourde et déchirante. Autre voyage intense, "Patagonia" saura charmer les plus difficiles en matière de post-metal. Ecouter "Palms", c'est l'adopter immédiatement et remercier la nouvelle entité d'avoir si bien pris la suite d'Isis.
Au final, Palms
est donc bien plus que les éléments qui le constituent. Moreno est sans doute
au pinacle de son interprétation et le groupe semble fonctionner comme s'ils
étaient destinés les uns aux autres. Il serait plus que dommage qu’une telle
expérience et avancée dans le domaine du metal s’arrête là. "Palms" est un florilège
d'émotions et de sentiments qui touche l'être en son for intérieur. Fermez les
yeux et laissez-vous guider !!!
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