Note : 3.75 / 5
Synopsis :
"Les Quatre Cavaliers", un groupe de brillants magiciens et
illusionnistes, viennent de donner deux spectacles de magie
époustouflants : le premier en braquant une banque sur un autre
continent, le deuxième en transférant la fortune d’un banquier véreux
sur les comptes en banque du public. Deux agents spéciaux du FBI et
d’Interpol sont déterminés à les arrêter avant qu’ils ne mettent à
exécution leur promesse de réaliser des braquages encore plus audacieux.
Ils font appel à Thaddeus, spécialiste reconnu pour expliquer les tours
de magie les plus sophistiqués. Alors que la pression s’intensifie, et
que le monde entier attend le spectaculaire tour final des Cavaliers, la
course contre la montre commence.
Critique :
Ils ne sont pas nombreux les réalisateurs français à faire leur bonhomme
de chemin à Hollywood. A l'image d'un Alexandre Aja ("La colline a des
yeux", "Mirrors" et "Piranha 3D"), Louis Leterrier, dans un autre genre, fait
partie de cette petite vague. Après avoir approché le travail de
l'image à travers quelques courts-métrages très intimistes, le jeune
cinéaste prenait ses bagages pour la Tisch School of the Arts de
l'Université de New York où il étudie le cinéma. Revenu en France, il a
d'abord travaillé avec Jean-Pierre Jeunet (sur "Alien"), puis a rejoint
l'équipe de Luc Besson, pour des spots publicitaires dans un premier
temps, puis collaborer sur "Jeanne d'Arc", et ensuite se voir confier la
réalisation des deux premiers opus de la saga "Le Transporteur".
Aujourd'hui, il est de retour avec une production mêlant enquête policière et milieu de la magie. Casting grand luxe pour le Français
qui se permet d'aligner trois Oscarisés et douze nommés. Ce n'est pas
véritablement une première pour Mélanie Laurent qui a déjà approché
Hollywood. Par contre, pour le très Frenchy José Garcia, c'est le grand
saut (et peu importe s'il s'agit d'un petit rôle). Depuis sa sortie aux
USA fin mai dernier, ces Insaisissables ne décrochent pas des dix
premières places du box-office.
Après avoir enchaîné les
superproductions, Leterrier ("L'incroyable Hulk" et l'innommable "Le Choc des Titans") s’improvise cette
fois prestidigitateur pour réaliser ce film au casting cinq étoiles et
au scénario riche en tours de passepasse. Une bonne idée même si son
numéro de magie s’avère plus proche du style de David Copperfield que de
celui de Houdini. Si Leterrier n’a toujours pas réitéré son coup d’éclat de
"Danny the Dog", l’élève le plus doué de l’écurie Europacorp s’est donc définitivement installé dans une belle carrière aux États-Unis.
Influencé par "Le Prestige", de Christopher Nolan, le cinéaste a pensé qu’une mise en scène
ostentatoire (travellings et lents mouvements de caméra) ferait illusion. Or, il manque l’essentiel : le mystère et
l’incertitude, inhérents au genre, qui auraient rendu cet "Insaisissables"
moins déchiffrable. Heureusement, Leterrier est soutenu par des
comédiens hétéroclites qui, sans livrer les performances du siècle,
prennent plaisir à se rencontrer, à se tromper et à se renvoyer la
balle. Un écheveau manipulateur qui divertit jusqu’à la révélation
finale, assez prévisible.
Ainsi "Insaisissables" se frotte à un exercice dont le maître-étalon semble intouchable : "Le Prestige" donc.
Le grand spectacle de la magie dont la manipulation trouve un écho
logique dans celle opérée par le metteur en scène et son scénario, le
sens du spectacle, et même la présence de Michael Caine.
Sauf que là où le récit élaboré par les frères Nolan brillait par sa
cohérence dans la multitude de rebondissements, celui dont ont accouché
Ed Solomon (jadis scénariste de "Men in Black"), Boaz Yakin (scénariste de
"Prince of Persia"
et du "Punisher" de Mark Goldblatt) et Edward Ricourt, ne tient pas toujours la
route.
A trop vouloir jouer avec la poudre aux yeux, il s’aveugle
lui-même et ne va nulle part, plombé par une construction terriblement
maladroite par moments. C’est d’autant plus rageant que sur le papier, "Insaisissables"
possède un potentiel immense, celui de réitérer l’exploit "Ocean’s
Eleven" avec en plus l’ingrédient non négligeable de la magie comme outil
de braquage. Malheureusement chaque bonne idée ne se transforme pas
nécessairement en bon film, en particulier si elle est exploitée que partiellement.
Côté casting, même s'il réunit un grand nombre de personnages importants, le long métrage ne fait pas l'erreur d'en oublier. Aucun n'est traité de manière trop superficielle.
Il faut dire que le film peut compter sur une solide distribution.
Outre les acteurs mentionnés ci-dessus, on retrouve notamment Michael
Caine, Morgan Freeman, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Isla Fisher, Dave Franco et Jesse Eisenberg. Contrairement au film "The company you keep", le réalisateur a su tirer pleinement profit de sa distribution. On retiendra surtout les prestations solides de tous ces
acteurs, avec un
casting dominé de la tête et des épaules par un Jesse Eisenberg toujours aussi vif et un Woody Harrelson impérial.
Au final, "Insaisissables" est un film rythmé et sexy qui, malgré une mise en scène maladroite et légèrement épuisante au bout de deux heures, arrive tout de même à nous tromper et nous charmer. Le film aurait été meilleur si plusieurs des "punchs" principaux n'avaient pas été révélés dans la bande d'annonce et si le final ne se dévoilait pas aussi prévisible. Un bon divertissement, mais bien loin de son réel potentiel !!!
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