Note : 4.25 / 5
Synopsis :
C'est la nuit de Noël et la neige tombe sur Gotham. Sur les toits, une
ombre court et saute d'immeuble en immeuble. Il s'agit bien sûr de
Batman.
Il observe les faits et gestes de Bob, un petit malfrat qui
livre des marchandises pour un plus gros poisson : le Joker. Selon les
consignes qui lui ont été donné, l'homme de main dépose un paquet dans
une vieille boutique et récupère celui du Joker. A peine a-t-il fait
quelques mètres, que le Chevalier Noir sort de sa cache et attrape le
livreur.
Batman lui réclame des informations, mais il comprend que Bob
est juste un intermédiaire dont les choix de vie ont toujours été
mauvais. Il le laisse partir en lui greffant un mouchard sur ses
vêtements. De retour à la Batcave, le Chevalier Noir apprend qu'une
autre de ses connaissances sème le trouble dans les ruelles de Gotham.
Dans la nuit de Noël, Batman pourchasse
donc son pire ennemi. Mais à mesure que son enquête progresse, le Chevalier
Noir s'interroge sur ses motivations de super héros. Un Dark Knight
version Dickens particulièrement savoureux.
Critique :
La période de Noël a inspiré des centaines de contes différents. Charles
Dickens a notamment écrit "A Christmas Carol", mettant en scène
Scrooge. Ce personnage patibulaire, égoïste, avare et misanthrope
connaîtra un jour de Noël qui le changera à jamais. Lee Bermejo a eu la
riche idée de croiser sa plume avec celle de Dickens, pour un nouvel
opus plus que réussi de Batman, chez Urban Comics, "Batman, Noël".

Dans ce graphic novel, Lee Bermejo a donc pris le pari risqué d'adapter
complètement le récit de Dickens dans l'univers du Chevalier Noir. Il décide de
garder l'esprit original de l'oeuvre et de faire que son graphic novel ressemble
autant à un comics qu'à un véritable conte illustré.
Et autant être clair d'emblée, le pari est remporté haut la main ! Non seulement
la trame est là, mais beaucoup de petits évènements présents ici sont
directement tirés du conte original, transposés à Gotham City dans
des "rôles" interprétés par des personnages parmi les plus connus de
l'univers de Batman. Pour garder cet esprit de conte de noël, il se targue même d'un
narrateur racontant l'histoire, non pas au lecteur, mais a sa
progéniture, donnant ainsi une mise en abîmes assez ironique.
La séquence d'introduction de l'album
bénéficie d'une narration très prenante et d'un découpage mettant en
avant l'immense talent de l'artiste. Bien mené, le récit parvient à
mêler les aspects propres à Dickens à ceux du Bat-universe.
Le reste du scénario persévère dans cette lignée d'astucieuses
adaptations, de transfiguration du super-héros en protagoniste de conte, de dialogues bien tournés avec son lot de répliques pas
loin de devenir mémorables. On appréciera d'ailleurs le choix du "casting", que ce soit pour les trois fantômes de noël ou les personnages secondaires présents, rien n'est
fait au hasard. Le choix du fantôme qui initie la quête spirituelle
de notre héros est aussi très bien pensé et ne manquera pas de nous
remémorer quelques souvenirs. Du début à la fin, Bermejo montre un certain talent pour l'écriture qui
n'est pas sans rappeler l'ingéniosité percutante d'un Garth Ennis ou la
finesse d'un Grant Morrison.
Cependant, au-delà de la trame scénaristique, l'efficacité
de l'histoire s'appuie surtout sur un visuel exceptionnel. Bermejo
offre des planches sublimes où le jeu d'ombres se montre hallucinant de
réalisme. Ses personnages sont charismatiques, sa version de Catwoman
tend même vers celle d'Adam Hughes.
Coté mise en page et illustrations, Bermejo se surpasse et offre un
véritable régal pour les yeux. Un souci du détail, une mise en scène
admirable, une structure efficace parfois osée, un trait précis, et une
impression d'Art qui vient se poser sur la majorité des planches de cet
album. L'ensemble ici est homogène sans être uniforme pour autant.
L'atmosphère entre les diverses parties du récit se transmet via
quelques petits détails, parfois insignifiant, et pourtant rien ne passe
vraiment inaperçu.
A travers les dessins, la mise en scène prend forme, tantôt pur comics, tantôt simple conte, avec quelques envolées d'actions et quelques planche plus "contemplatives" qui nous laissent apprécier la magie de ce conte de noël pas comme les autres. La colorisation de Barbara Ciardo, quant à elle, vient parfaire l'ensemble en ne gâchant aucunement le travail de l'artiste. D'ailleurs, en fin d'album, vous pourrez voir quelques croquis que l'on qualifiera d'impressionnants.
A travers les dessins, la mise en scène prend forme, tantôt pur comics, tantôt simple conte, avec quelques envolées d'actions et quelques planche plus "contemplatives" qui nous laissent apprécier la magie de ce conte de noël pas comme les autres. La colorisation de Barbara Ciardo, quant à elle, vient parfaire l'ensemble en ne gâchant aucunement le travail de l'artiste. D'ailleurs, en fin d'album, vous pourrez voir quelques croquis que l'on qualifiera d'impressionnants.
Au final, cette histoire de Batman en forme de conte sombre de Noël est
excellente. Le graphisme de Lee Bermejo est toujours impeccable, les
plans sont cinématographiques à souhait, les ambiances sont parfaites,
dramatiques et théâtrales. Superposer ce conte classique et l’univers du
chevalier noir était une idée audacieuse. Mais le pari est payant. On
se régale de bout en bout. Qui a dit que les grands n’aimaient pas qu’on
leur raconte des histoires ? Quand elles sont aussi bonnes que
celle-là, moi, j’adore !
"Batman Noël"
n'est certes pas le combat le plus épique qu'ait livré le Dark Knight dans son
histoire, mais la maîtrise et la qualité de l'ensemble font de ce graphic novel une oeuvre d'exception !!!
Voilà qui est très intéressant :D
RépondreSupprimer