samedi 14 septembre 2013

Livre (Manga) - Radiant de Tony Valente

Tony Valente - Radiant : Un Shônen addictif made in France mélangeant action et humour !!!

Note : 4 / 5

Synopsis : 
Un peu partout dans le monde, des monstres nommés Némésis semblent pleuvoir du ciel et causent dès lors, de nombreuses catastrophes. Ces créatures sont confrontées à une résistance inattendue venant des infectés, des humains mis au ban de la société pour leur capacité à manipuler la magie, c’est-à-dire des sorciers.
Seth est l'un d'eux et il a pour caractéristique physique d'avoir deux petites cornes sur la tête. Ce jeune homme maladroit et volontaire apprend des sorts auprès d'Alma, une sorcière au caractère bien trempé, tout en entraînant ardemment son physique. Un jour, alors qu'il observe la ville, Seth aperçoit un Némésis s'écraser. Sans plus attendre, il saute sur l'occasion pour affronter son premier monstre mais voit que d'autres chasseurs sont déjà là : le Bravery Quartet. Ces derniers font forte impression à la population qui n'apprécie guère Seth. Pourtant, c'est bien ce dernier qui va s'illustrer contre la créature.

Critique :
Un "bon gros" shônen. Voilà comment l’amateur de manga, ou non, pourrait qualifier ce premier tome de "Radiant", dans lequel Tony Valente réussit à reprendre à son compte les principaux ingrédients du genre et à les faire siens pour offrir une aventure riche en action, combats et bourrée d’humour. La recette fonctionne très bien, le monde créé comporte son lot de mystères, les personnages se révèlent aussi prometteurs que hauts en couleur et les péripéties qui s’enchainent assurent un rythme trépidant.
Tony Valente a réussi un coup magistral avec cette nouvelle série, qui n’est pas une pâle copie d’un livre japonais. Je dirai même qu’il se classe dans les meilleures productions shônen de ces dernières années. Il faudra, bien sûr, juger la série dans la durée, mais l’auteur débute très fort, avec une excellente histoire, des personnages de haut vol et un humour omniprésent.
Fan inconditionnel de mangas, Valente s’est lancé dans une trilogie qui a toutes les apparences de la BD japonaise : sens de lecture inverse, action et explosions à gogo, univers fantasy familier, confrontation entre humains et créatures surnaturelles, blagues gentiment salaces, dessin bouillonnant et sans cesse en mouvement, découpage ultra efficace… Et grâce à un vrai talent graphique et une bonne compréhension des codes du manga, l’auteur parvient à produire un premier tome d’excellente facture, qui n’a rien à envier aux bons titres pour ados, sans non plus les singer. Car Valente réussit à ne pas s’enfermer dans les tics visuels du genre, il s’amuse avec, triture les références pour les plier à son histoire et donne énormément à lire et à voir, sans jamais ennuyer.
Cela fait maintenant quelques années que Valente ravit les lecteurs de bandes dessinées avec son style fortement influencé par les mangas. Cela a donné l'excellente série "Hana Attori" ou récemment "Speed Angels". Pourtant, en secret et tapi dans son Québec d'adoption, Valente rêve de faire du manga. L'occasion lui est offerte chez Ankama qui, devant le succès critique et populaire de "City Hall", souhaite offrir aux lecteurs plus de mangas made in France.
Jamais une production française n’aura autant réussi à atteindre le niveau de ses références nippones. L’auteur s’appuie en effet clairement sur les séries mythiques qui ont bercé les lecteurs français (de "Dragon Ball" à "One Piece"), et ne souffre pas du tout de la comparaison. Son graphisme semble libéré de toute contrainte de format. La qualité des décors, des cadrages, du remplissage de l’espace et des designs de personnages (quelle expressivité et quelle galerie hilarante !) n’a d’égale que le rythme étourdissant de ce premier tome, entre rebondissements incessants, humour non-stop et secrets bien gardés.
A première vue, "Radiant" évoque donc plusieurs séries à succès : on pense à "Fairy tail", à "Dragon Ball", à "One Piece" ou même à "Eyeshield 21". Un tel mélange pourrait paraître impersonnel et mal équilibré, mais il n'en est rien. Le récit imaginé par Valente est frais, dynamique, drôle et spectaculaire. Les codes du shônen sont parfaitement respectés et même parfaitement appliqués. L'auteur n'a pas cherché à innover à tout prix mais plutôt à créer une lecture agréable. Le héros est charismatique et attachant, et les personnages secondaires trouvent eux aussi petit à petit leur place, avec notamment la jolie Mélie ou encore la sorcière Alma.
Nous entrons avec "Radiant" dans un univers imaginaire où tout semble possible. Monstres, sorciers et magie sont le quotidien de cet univers qui regorge d'action, de mystère et de magie. On entre directement dans ce monde et on est en immersion totale durant toute la lecture du manga.
La trame narrative est prenante, cohérente et évolutive pour nous offrir un maximum de plaisir lors de la lecture de ce manga. L'action et le dynamisme sont les forces principales de ce manga qui nous fait vivre une aventure ponctuée de touches humoristiques qui nous plonge dans un univers fantastique pour une aventure merveilleuse. Tout cela est mené tambour battant par des personnages haut en couleur et charismatiques. Si les bonnes idées sont légions, le livre vaut donc aussi par ses personnages attachants. Tous sont dotés de caractères et de caractéristiques intéressantes. Même les méchants valent le détour, à l’image du Bravery Quartet et des dialogues enlevés de son chef. Cela donne une sacrée galerie de seconds rôles, c’est un régal !
L'histoire, l'univers et les personnages ont  été peaufinés et travaillés dans les moindres détails. Rien n'est laissé au hasard. Les dialogues et la trame narrative ont ce petit charme que l'on trouve chez tous les mangas non japonais. Ce qui donne une touche d'originalité et un charme unique. Le récit débute sur les chapeaux de roue, puis ne connaît guère de creux. Cependant, l’auteur ne manque pas de distiller les informations nécessaires à la compréhension de cet univers fantastique, ni d’apporter des éléments enrichissant l’intrigue.
Les graphismes sont aussi réussis que l’histoire. Le trait est parfaitement maîtrisé et la diversité de la mise en scène ajoute encore à cet effet de bouillonnement de bonnes idées. Tony Valente s'est réellement retroussé les manches pour dessiner des planches totalement incroyables. Le character design est soigné, le découpage d'une lisibilité à toute épreuve, les trames bien en place, les cadrages efficaces. Les influences de l'auteur sont parfaitement digérées et se combinent si bien que la série pourrait provenir de l'archipel nippon qu'on n'y verrait que feu !
Pour faire court, les graphismes ont un style particulier qui les démarque de ceux que l'on trouve dans les mangas japonais. C'est agréable à regarder et les illustrations donnent un charme unique à cette licence.
Au final, "Radiant" est une série à découvrir pour tous les amateurs de bons shônens, de bons mangas et de mangas possédant leur propre univers. Il a un charme unique qui le fait se démarquer des autres. Une telle maîtrise de tous les codes du manga et un premier coup d’œil qui ne laisserait jamais croire à une BD française font déjà de "Radiant" la meilleure référence du genre. Il y a longtemps que je n’avais pas passé un si bon moment en lisant un shônens. Vous l’avez compris, pour moi, ce Valente a bien l’âme d’un vrai mangaka !!!

jeudi 12 septembre 2013

Ciné - Le Majordome de Lee Daniels

Lee Daniels - Le Majordome : Un film intimisme, relevant heureusement bien plus du film indépendant que du mélo hollywoodien !!!

Note : 3.75 / 5

Synopsis : 
Le jeune Cecil Gaines, en quête d'un avenir meilleur, fuit, en 1926, le Sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste. Tout en devenant un homme, il acquiert les compétences inestimables qui lui permettent d’atteindre une fonction très convoitée : majordome de la Maison-Blanche. C'est là que Cecil devient, durant sept présidences, un témoin privilégié de son temps et des tractations qui ont lieu au sein du Bureau Ovale.
À la maison, sa femme, Gloria, élève leurs deux fils, et la famille jouit d'une existence confortable grâce au poste de Cecil. Pourtant, son engagement suscite des tensions dans son couple : Gloria s'éloigne de lui et les disputes avec l'un de ses fils, particulièrement anticonformiste, sont incessantes.
À travers le regard de Cecil Gaines, le film retrace l'évolution de la vie politique américaine et des relations entre communautés. De l'assassinat du président Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des "Black Panthers", de la guerre du Vietnam au scandale du Watergate, Cecil vit ces événements de l'intérieur, mais aussi en père de famille.

Critique :
"Le majordome" est le genre de film difficilement contestable voire "critiquable". De ceux qui procèdent d'une motivation immaculée à la limite d'une certaine forme de sacerdoce cinématographique. Un genre à part entière que le cinéma américain a littéralement créé et dont il se plaît à l'enrichir de temps à autre avec des productions emblématiques.
"Le majordome" s'inscrit ainsi dans la droite lignée de films tels que "Miss Daisy et son chauffeur" ou plus récemment "La couleur des sentiments" qui tous expriment une forme de contrition de masse où la rédemption d'un passé pas folichon passe par une sorte de flagellation en public forcément expiatoire. À la différence toutefois ici que derrière la caméra on retrouve le réalisateur de "Precious" et "Paper boy", Lee Daniels, qui par la simple couleur de sa peau permet une perception différente revenant prosaïquement à enfin donner la possibilité à un black d'aborder frontalement l'Histoire afro américaine des États-Unis.
Déjà dans les salles aux États-Unis depuis quelques semaines, la plus grande réussite du film n’est pas de dominer le box-office, mais de nous imposer la mémoire afro-américaine à travers la trajectoire d’une famille. Il ressuscite l’histoire incroyable et pourtant vraie d’un homme noir, né en 1919 comme fils d’esclaves dans des champs de coton de l’Amérique et qui finit comme le majordome préféré de huit présidents à la Maison Blanche à Washington.
Inspiré parfois très librement par l’histoire véritable d’Eugene Allen, déterrée par le Washington Post lors de l’élection de Barack Obama en 2008, le majordome, dans le film de Lee Daniels s’appelle Cecil Gaines. Interprété avec brio et retenue par Forest Whitaker (Denzel Washington avait décliné le rôle), Eugene Allen a écrit à sa façon l’histoire de son pays.
"Le majordome" c'est l'histoire des droits civiques des noirs américains à travers les destins mêlés d’un domestique à la maison blanche ultra digne dans sa servilité (Forest Whitaker) et de son fils activiste, lieutenant de Martin Luther King puis des Black Panthers.
Moins vindicatif que son homologue Spike Lee mais tout aussi concerné par le sujet, le cinéaste condense en deux heures et cinq minutes un demi-siècle d'histoire américaine : les premières émeutes anti-raciales, les assassinats de John Kennedy et Martin Luther King, Sidney Poitier, premier acteur noir à recevoir l'oscar (1964), le Ku Klux Klan, les Black Panthers, la guerre du Vietnam… Pour appuyer son cours d'éducation civique, il fait défiler dans le Bureau ovale Eisenhower, Ke
nnedy, Johnson, Nixon, Reagan, les dévoilant sous un autre jour.
J'avoue avoir été très curieux de voir comment Daniels allait traiter la chose, lui qui s'est très vite démarqué de la jeune génération indé actuelle en forçant énormément le trait cinéma via une mise en scène et une photo outrancières (mouvements de caméra sur signifiants, saturation écrasante de la palette colorimétrique...) certes pas désagréable mais tout de même un peu vaine car atténuant la plupart des émotions.
Et paradoxalement si ce que l'on voit à l'écran est l'exact reflet de ce que l'on est en droit d'attendre d'un tel produit dit classique, on est tout de même un peu déçu de le constater tant on espérait cette confrontation avec l'univers si marqué du réalisateur. En résulte donc un film classieux où affleure pour le coup l'émotion sans pour autant verser dans le lacrymal.
Pour cela Lee Daniels n'opte pas pour le biopic s'inscrivant au sein d'une époque de tous les changements mais pour la version romancée d'une histoire vraie et édifiante d'un majordome d'origine afro américaine qui entre 1952 et 1986 aura travaillé à la Maison Blanche sous sept administrations et autant de présidents. Il en profite alors pour raconter une époque. Celle de toutes les radicalités et défiances entre noirs et blancs par le prisme d'un homme et de sa famille qui en accompagne toutes les évolutions.
Les partisans de Lee Daniels saluent son goût pour la subversion et l’énergie de son cinéma. Ses détracteurs n’y voient que provocation immature et racolage. Son dernier film surprendra donc les deux camps. Exempt de scènes scabreuses, "Le Majordome" retrace, avec une incontestable élégance formelle et une véritable vision d’auteur, le parcours de Cecil Gaines.
Forest Whitaker campe impeccablement ce maître d’hôtel discret qui n’est dupe de rien. Whitaker, impeccable samouraï en livrée, démontre l'acteur exceptionnel qu'il est et porte le film à lui tout seul. Il lui donne cette touche d'humanité et sa puissance morale, celle d'un enfant pauvre du Sud devenu le serviteur zélé des plus grands.
Tout à son grand sujet, le film menacerait cependant de virer à l’académisme n’était cette tension entre le progressisme silencieux de Gaines et l’engagement de son fils dans la lutte contre la ségrégation raciale. Au centre de cet échiquier politique et familial, la femme du majordome, interprétée par une Oprah Winfrey bluffante, tente de profiter des plaisirs que lui procure le progrès (disques de soul, alcool), offrant la touche hédoniste qui fait du "Majordome" un film parfaitement équilibré.
Ainsi, si le thème principal pouvait légitimement inquiéter par son classicisme, et même son académisme, Daniels est parvenu à garder un aspect purement indépendant au film. Si le réalisateur est contraint de passer par tous les événements fondamentaux de l’histoire américaine contemporaine, il se débrouille pour les évoquer en creux, par le biais des personnages principaux et non pas frontalement. Il évite ainsi les écueils de l’illustratif et de la compilation qui menacent chaque projet de cette ampleur. En concentrant son intrigue sur la famille du majordome, et notamment sur les positions politiques différentes entre le père (respectueux des institutions et plutôt réformiste) et le fils (plus ouvertement révolutionnaire), le cinéaste parvient à synthétiser le dilemme qui s’est emparé de la population noire quant à la ségrégation qui perdurait dans les années 50-60.
Au final, lorsque le film choisit la carte de l’intime et de l’anecdote, il touche plutôt juste. Notamment les scènes d’incommunicabilité familiale dans le pavillon du majordome, ou le petit vaudeville quotidien qui se trame dans les coulisses de la Maison Blanche, ébranlées hors champ, par la fureur et les revendications du monde extérieur.
En mêlant ainsi l'intime et la grande Histoire, Lee Daniels trace un sillon connu voire rabâché mais qui reste toujours aussi efficace. Point de catharsis donc ici mais pas de surprise non plus. Juste le constat d'un travail bien fait respectant scrupuleusement tous les diktats du genre. Forest Whitaker est promis une nouvelle fois à l'Oscar et Lee Daniels montre une nouvelle fois sa faculté d'adaptation en fonction des sujets qu'il traite. Preuve s'il en était besoin encore qu'il fait déjà parti des cinéastes avec qui il va falloir définitivement compter à l'avenir !!! 

lundi 9 septembre 2013

BND - Junip à la Laiterie de Strasbourg Jeudi 12 septembre 2013

La Laiterie - Junip : Le folk-world cosmique des Suédois de Junip s'invite à Strasbourg !!!

Note : 4.25 / 5

Au départ, il y a José González, songwriter suédois que la France entière connaît sans le savoir : sa version majestueuse du "Heartbeats" de The Knife fit l’objet d’une belle synchro pour une publicité qui peignait un tableau aussi beau que la reprise, faisant dégringoler des milliers de balles colorées dans les rues en pente de San Francisco pour un téléviseur d'une marque très connue. Depuis, on aime avec la même passion les albums solo du musicien et ses rares projets avec le groupe Junip, qui publie son deuxième album en quinze ans d’existence. Or chez Junip, rareté rime avec beauté : tout simplement baptisé "Junip", ce nouveau recueil est un enchantement aussi bien pour ceux qui aiment Nick Drake que pour ceux qui aiment Tinariwen.
Junip, ce sont trois amis d'enfance : Tobias Winterkorn (claviers : orgue et synthé), Elias Araya (batterie) et José González (chant, guitare). Formé dès 1999, le groupe suédois n'a sorti que deux albums depuis. "Fields" en 2010 et donc "Junip" en 2013. Le style musical du groupe emprunte beaucoup à la tradition folk occidentale mais également aux musiques traditionnelles africaines.
Né et élevé en Suède par un couple de professeurs exilés d’Argentine, José González a gardé le goût des voyages et des musiques lointaines, jouant aussi bien dans des festivals de rock indé qu’en tournée avec Tinariwen et Sidi Touré. González, héritier de Nick Drake, compte déjà plusieurs vies derrière lui : un doctorat de chimie, deux albums solo ("Veneer" en 2003, "In Our Nature" en 2007) et un joli succès outre-Atlantique. Sa version de "Teardrop", de Massive Attack, a même été reprise dans les séries "Dr House", "Friday Night Lights", "Numb3rs"...
José Gonzales cache donc bien son jeu : suédois, dissimulé en trio, il déploie une geste singulière, sophistiquée et contemplative entre albums solo et rares publications avec Junip. Plus que tout, il cisèle un style qui emprunte autant à la tradition folk occidentale qu'aux musiques traditionnelles venues d'Afrique.
Alors que la réalisation du premier album, "Fields", avait duré plus d’une dizaine d’années, il aura fallu seulement trois ans à Junip pour publier ce second album homonyme, né d’improvisations collectives. Le trio originaire de Göteborg a réussi à composer une formule inédite en reliant folk soyeux et krautrock hypnotique pour créer une musique à la fois répétitive et mélodieuse.
Basées sur le chant enveloppant de José Gonzàles et sur les motifs entrelacés de guitares et de claviers, les chansons en apesanteur des Suédois impressionnent par leur justesse et leur harmonie.
Ainsi, trois ans après "Fields", premier trésor folk cosmique, il sème les graines d'un deuxième album luxuriant dans les sillons fertiles des Byrds ou de Spiritualized. L'année 2013 tient son chef-d’œuvre, lumineux, hypnotique, le disque a puisé ses racines entre pop, bossa, folk, krautrock, électro et musique africaine, pour synthétiser l'ensemble avec une maîtrise sidérante des harmonies.
De l’album dans son ensemble, le groupe semble avoir voulu faire un disque d’errance, de vagabondage presque, où l’on se perd d’abord plusieurs fois pour finalement se retrouver mieux que partout ailleurs ces derniers temps. On se laisse bercer par une rythmique enivrante, des guitares tyranniques et un chant capiteux.
C’est probablement là que réside la force de Junip, dans cette façon de sauter avec une cohérence inouïe du baggy au kraut, du folk aride à la pop en arc-en-ciel. Quand il ne s’agit pas de proposer tout ça à la fois sur un même titre, comme sur l’inaugural et majestueux "Line of Fire", qui n’a pas déchaîné les réseaux sociaux pour rien.
Pour la sortie de son nouvel album, Junip voyage à travers toute l'Europe depuis Barcelone jusqu'à St Malo, en passant par Lyon ou encore par Strasbourg et sa scène mythique de la Laiterie. La Laiterie, où on pourra les voir le jeudi 12 septembre prochain. Alors, je ne peux que vous recommander d'aller voir et écouter la musique aérienne et mélancolique de ce groupe de la scène indie-folk, qui n'est plus très loin de devenir incontournable !!!

vendredi 6 septembre 2013

Actu- Diablo III de Blizzard sur consoles PS3 et Xbox 360

Blizzard - Diablo III (PS3 et Xbox 360) : Lorsque l'enfer fait un retour réussi sur consoles !!!

Note : 4 / 5

Synopsis :
"Diablo III" sur PS3 et Xbox 360 est un hack'n slash (jeu de rôle orienté action) qui se déroule dans un univers dark fantasy, vingt ans après les événements narrés dans "Diablo II". Le joueur a la possibilité de créer un héros parmi les cinq classes disponibles pour affronter le mal sous toutes ses formes.
Bénéficiant d'un mode solo et multi-joueurs, "Diablo III" vous fera voyager aussi bien dans des niveaux déjà visités dans les précédents opus que dans de nouveaux territoires.

Critique :
Adapter un blockbuster PC sur consoles n'est pas toujours aisé, surtout lorsqu'on officie dans le hack'n slash. En effet, malgré quelques exemples épars comme "Sacred 2", "Torchlight", "Crimson Alliance" ou bien encore "Realms of Ancient Wars", le genre est quelque peu sous-représenté. Si l'arrivée de "Diablo III" apporte donc un vent de fraîcheur sur Xbox 360 et PS3, la vraie question est de savoir si ledit vent souffle dans le bon sens.
Et autant le dire d'emblée, on l'espérait très fort et c'est maintenant confirmé, "Diablo III" a réussi avec brio son passage sur consoles. En sus d'une interface intelligemment retravaillée, on a droit à la disparition de la connexion internet obligatoire, ainsi qu'à celle du funeste hôtel des ventes. Par ailleurs, la possibilité de jouer à quatre sur un même écran est un vrai plus.
Il n'empêche que ce portage arrive un an et demi trop tard pour réellement soulever l'enthousiasme et, qu'avec un gameplay pensé dès le départ pour le duo clavier/souris, le jeu a tout de même un peu plus sa place sur PC. Toutefois, si vous ne jurez que par la manette, n'hésitez-pas à foncer tête la première dans la gueule du diable !
Certains ont ricané quand le développeur américain Blizzard, créateur des franchises "Starcraft" et "Warcraft", avait annoncé en février dernier que son
"Diablo III" allait connaître un portage sur consoles de salon. Comment ça ? Le roi des hack’n’slash, du dézingage tous azimuts en donjons avec butin à la clé, allait être joué à la manette ? Hérésie ? Appât du gain ? Et pourtant, je le répète, "Diablo III", sorti sur Xbox 360 et sur PlayStation 3, n’a pas à rougir de sa version PC. Au contraire. Il devrait même réussir à capter un nouveau public, rétif aux touches et à la souris.
Avant tout, "Diablo III" demeure sur console ce qu'il est sur PC : un pur représentant de la race hack'n'slash, un membre de l'élite du porte monstre trésors, encore qu'il n'y ait pas beaucoup de portes dans "Diablo". Plutôt des niveaux assez vastes qu'il faut nettoyer de fond en comble, afin d'accumuler pièces d'or et expérience, et ramasser de quoi équiper son personnage à mesure qu'il gagnera des niveaux et débloquera de nouvelles compétences offensives ou défensives.
Le fin du fin étant de calibrer ses "builds", ou choix de compétences, aux circonstances : protection, points de vie en masse et coups qui assomment pour un boss énervé, sorts de zone orientés gros dégâts pour les bastons surpeuplées... Le digne représentant de ce qu'on a appelé à une époque le "power gaming", dans lequel la finesse n'a aucune place et le skill toute son importance. Rappelons d'ailleurs, pour ceux qui auraient passé les vingt dernières années en hyper sommeil, que tout se joue en vue pseudo isométrique, que l'on contrôle un seul avatar progressant à sa guise dans des décors générés à chaque nouvelle partie de manière aléatoire (ou presque), avec moult monstres, packs de créatures et autres champions surpuissants.
Mais plongeons-nous dans l'histoire de ce troisième volet. Elle se déroule vingt ans après la destruction de la Pierre Monde dans "Diablo II : Lord of Destruction" (sorti en 2000 et qui reste, à mes yeux, un must). Cette barrière destinée à isoler Sanctuary des Enfers et du paradis avait été corrompue par Baal, si bien que l'archange Tyrael s'était résolu à la détruire. Personne ne pouvait présager les conséquences d'un tel geste. Jusqu'à cette nuit où une comète est venue s'écraser sur la cathédrale de Tristram.
Depuis, le village est en proie à de funestes événements. Les morts se sont réveillés, dont le roi squelette Leoric qui sommeillait dans sa crypte. Et alors que Leah recherche activement son oncle adoptif Deckard Cain, disparu dans les profondeurs de la cathédrale au moment de l'impact, la jeune femme est victime d'une vision dans laquelle lui apparaît Asmodan, l'un des démons mineurs. A la faveur d'une superbe cinématique que vous avez sans doute déjà vue, il lui révèle son intention d'envahir le monde en y déversant ses sbires. Mais un héros va se dresser face aux Seigneurs des Enfers pour tenter d'en contrecarrer les plans. Et ce héros, c'est vous !
Voilà une toile de fond aussi sombre que de coutume, qui permet de retrouver certains lieux et certains protagonistes du premier "Diablo". Vous aurez notamment l'occasion de visiter les ruines de la vieille Tristram (rebâtie un peu plus loin) et d'y croiser quelques figures bien connues, comme le boss final de l'acte I dont je vous laisse la surprise ! Vous voyagerez par la suite dans des contrées aussi exotiques qu'inhospitalières, comme les environs de la cité de Caldeum. Tout au long de votre périple, vous profiterez bien entendu de cette fabuleuse ambiance gothique qui participe à l'attrait de la série, servie par de somptueux thèmes musicaux, mais aussi par un rendu visuel dont les immenses qualités artistiques compensent largement la désuétude technique.
"Diablo III" reste très fidèle à son modèle PC. Certes, il est moins joli à regarder, les textures se sont émoussées. Mais le son et lumière qu’offrent les vagues de sorts et de coups lors des combats n’a pas perdu en intensité, le spectacle reste total et fluide. Les possesseurs de petits écrans télé risquent toutefois de plisser parfois les yeux à vouloir scruter les détails.
Si les fondamentaux de "Diablo III" ont bien résisté pour leur arrivée dans les univers Xbox et PlayStation, le jeu a donc en revanche un peu accusé le coup visuellement. S'il est évidemment trop tôt pour se prononcer sur la version "next gen" (PS4), sur la génération actuelle les graphismes ont forcément moins de panache que sur un PC de bonne tenue. Le jeu demeure splendide, avec ses décors vastes et colorés, sa touche "peinture à la main" magnifique.
Il est tout de même évident qu'il est moins fin et moins détaillé, plus aliasé, et parfois moins fluide. Des petites baisses de framerate, des micro-saccades qui ne perturbent pas trop le gameplay et n'entachent pas la jouabilité, mais qui montrent qu'il est grand temps de changer de génération de consoles. La chose est particulièrement visible lors des combats les plus spectaculaires, comme ceux de l'Acte III, toujours insurpassés dans le domaine. Dommage, surtout que le reste du temps, le jeu est fluide et joli.
Concernant l'interface, Ce n’était pas gagné, mais Blizzard a réussi à transposer la jouabilité de la version PC. L’interface a été forcément modifiée, et optimisée pour tirer au mieux parti des touches limitées des manettes. Grâce à un habile système de roue, on habille son personnage en quelques tours de pad. Les transactions avec les marchands, les forgerons et les bijoutiers sont simples. Du côté des arbres de talent, qui définissent les compétences des personnages, on perd en profondeur. Mais il y a suffisamment de choix pour varier les rôles et les tactiques.
Pour ne rien gâcher, "Diablo III" bénéficie d'une bonne prise en main soutenue par cette interface adaptée qui permet de se concentrer sur l'action, simple mais addictive, délivrée par le genre. On massacre, on loote et on s'équipe avec grand plaisir, sachant que Blizzard a essayé, la plupart du temps avec succès, de rendre son jeu le moins répétitif et le moins lassant possible.
D'autant plus que cette version console fait l'impasse sur les deux plus grands écueils de la version PC, en d'autres termes la connexion internet obligatoire et l'hôtel des ventes. Évidemment, la disparition de la connexion obligatoire ne signifie pas que "Diablo III" s'est transformé en un jeu purement solo. S'il est possible de jouer seul et déconnecté, il suffit de se brancher sur le PSN ou le Xbox live pour pouvoir parcourir l'aventure à quatre. Plus étonnant, les nostalgiques des réseaux locaux d'autan dispose d'une option pour jouer en LAN.
Enfin un mode coopératif à quatre sur le même écran est également disponible. Cette nouvelle manière de jouer à "Diablo III" est aussi simple que conviviale. Il suffit de brancher une manette puis de choisir un personnage pour rejoindre la partie en cours. Seule limitation, l'écran n'étant pas partagé, les quatre joueurs doivent rester groupés.
L’essence addictive et immersive de "Diablo III" a été conservée, les cinq classes d’origine sont de retour. Barbare, féticheur, sorcier, moine ou démon, de quoi susciter l’envie de se créer plusieurs personnages. Et on retrouve le contenu original du jeu : les donjons avec leurs couloirs et recoins, les boss et les quêtes, et bien sûr du butin à la pelle, pour faire progresser son personnage.
On retrouve donc intactes les cinq classes de personnages, du barbare costaud au mage polyvalent en passant par le moine kickboxer ou le chasseur de démon et ses armes bruyantes. D'une manière générale, aucun contenu n'a été enlevé du jeu original, porté à l'identique sur consoles. Mieux encore, "Diablo III" nous est ici proposé mis à jour avec toutes les nouveautés de la version PC 1.0.7, et intègre même quelques mécaniques héritées de la 1.0.8 sortie en mai dernier.
Sans s’appesantir sur chaque modification de compétence ou correction apportée au gameplay, disons que le jeu a bien évolué par rapport à ce qu'on a connu au moment de son lancement en 2012. Outre l'amélioration du système d'artisanat, désormais utile, le système de loot a été revu, et que ce soit le fait des mises à jour ou d'une optimisation pensée pour cette version il faut avouer que c'est en net progrès. Les boss lâchent enfin du jaune, comme on dit dans le milieu (des items rares bien meilleurs que les items magiques classiques), et l'aventurier moyen trouvera des légendaires (objets oranges uniques) de manière régulière, au lieu d'un tous les six mois comme c'était auparavant le cas.
Le système de combats de "Diablo III" est basé sur la gestion d'une ressource qui diffère en fonction des classes (fureur, mana, puissance arcanique...), mais qui, dans tous les cas, vous permet de lancer des compétences plus ou moins dévastatrices. Même si vous laisserez vite de côté votre attaque de base, votre arme ne doit pas être négligée car ses valeurs sont prises en compte pour déterminer les effets de vos différents pouvoirs.
Il va de soi que chaque type d'armes disponible ne peut être manié que par certaines classes de personnages. D'ailleurs, laquelle allez-vous incarner : l'impétueux barbare, le fourbe chasseur de démons, le puissant sorcier, le sage moine ou l'excentrique féticheur ? Ces cinq archétypes, déclinables cette fois-ci au féminin comme au masculin, disposent bien entendu de leur propre style de combat.
Au final, si on attendait Blizzard au tournant, force est de constater que cette adaptation consoles de son hack'n slash est de fort belle facture. En ayant brillamment repensé le gameplay pour le support tout en ayant soigné la forme, "Diablo III" rayonne sur PS3 et Xbox 360. Mieux, cette version inclut quelques ajouts très intéressants sans parler des ajustements qui rendent l'expérience aussi enrichissante que sur PC (même si mon cœur reste au PC pour "Diablo"). Une excellente pioche qui démontre qu'un genre ancré dans l'histoire du PC a également sa place sur consoles, s'il est bien pensé en amont !!!

mardi 3 septembre 2013

Série (Anime) - Zetsuen no Tempest des Studios Bones

Studios Bones - Zetsuen no Tempest : Une intrigue sombre, originale et bien pensée, mais un final un peu trop classique !!!

Note : 4 / 5 (Jeune adulte)


Synopsis :
Depuis la mort de sa sœur Aika, Mahiro ne vit plus que dans un seul but : la venger. Lui et son ami d'enfance Yoshino s'allient à une magicienne, Hakaze, exilée sur une île déserte. Hakaze pourra retrouver le meurtrier d'Aika. Mais pour le moment, une plus lourde tâche incombe aux deux jeunes hommes : le clan de magiciens Kusaribe, dont est issue Hakaze, se détourne de son dieu, l'Arbre de la Connaissance, et tente de réveiller l'Arbre de l'Exode. Cela risque de mettre en péril la logique du monde.
Mahiro et Yoshino ont-ils croisé la route d'Hakaze par hasard, ou est-ce là l’œuvre du destin ? Et si la mort d'Aika était liée à ces évènements ?

Critique :
"Zetsuen no Tempest" ("ZnT") ou "Civilisation Blaster", adaptation d'un manga dont sept tomes sont sortis en France jusqu'à présent, est un anime très plaisant sur différents points. Pour commencer, le design et les graphismes sont très réussis. Ensuite, le manga tourne autour de la magie, mais une magie qui n’a rien à voir avec tout ce qu'on a pu voir jusqu'ici. Et enfin, une histoire de vengeance bien ficelée, avec des incompréhensions qui nous laissent sceptiques mais qui s’éclaircissent au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire.
Le scénario de "ZnT" paraît relativement banal au départ, une bonne vieille vengeance familiale, cependant on se rend compte assez rapidement que les choses sont plus complexes qu’elles en ont l’air. L’histoire, en elle-même, est très semblable à "La Tempête" de Shakespeare, qui est souvent cité, avec "Hamlet". L’histoire est lancée dès le premier épisode, pas le temps de s'ennuyer donc, l'anime étant très rythmée avec de l'action mais jamais au détriment des personnages qui sont très bien développés. 
La trame principale se déroule pendant l'affrontement entre l'arbre de la Genèse et l'arbre de l'Exode au milieu duquel se retrouvent propulsés Mahiro et Yoshino. Pourtant, l'élément déclencheur, le point central, a lieu un an avant l'intrigue puisqu'il s'agit de la mort d'Aika, sœur de Mahiro. "Tout passé est un prologue" Shakespeare, "La Tempête".
Dans cette pièce on ne saura jamais vraiment où sont le bien et le mal. Ni même si la distinction existe. De plus, au-delà du combat des arbres, on est face à un vrai duel Shakespearien : assistons-nous à une tragédie teintée de sang, empruntée de malheur, ou les héros parviendront-ils à trouver la lumière de la rédemption et à s'arracher à ce passé qui les enchaîne ?
Cet anime est à la fois une pièce de théâtre et une mélodie. Une pièce car elle se comporte comme telle, employant codes et références. Les coups de théâtre sont légions et on se rend compte que la véritable puissance réside parfois dans les mots, et non dans la force brute. Une mélodie, car cet anime est envoûtant, fait naître en nous une foultitude d'émotions, se déroule sans fausse notes.
Rythmé et haletant, "Zetsuen no Tempest" nous prend au cœur et à l'âme et nous torture l'esprit. Loin de nous laisser en tant que spectateurs passifs, il nous force à réfléchir, à émettre des suppositions, à enquêter nous-mêmes sur la mort d'Aika. On se sent parfois perdu mais on nous prend par la main. On nous donne les réponses que l'on attend au bout du compte.
Toutefois, c'est aussi le principal reproche que l'on peut faire à cet anime : on nous explique tout trop rapidement. Pour chaque révélation importante, on nous laisse que peu de temps pour nous poser des questions et élaborer une réponse intéressante. A peine la réflexion commence à aboutir que l’on nous sert des explications en omettant totalement le principe de subtilité.
Alors, malgré une histoire pleine de rebondissements, dont les différents évènements s’enchaînent assez bien et un scénario que je qualifierais d’intelligent, la réflexion du spectateur est un peu tuée dans l’œuf au moment où elle devient intéressante. C’est bien dommage. L’histoire possède cependant un caractère épique très bien rendu.
Pour le côté fantastique de l’œuvre, la magie est vue de façon quasi rationnelle à travers l’usage de talismans qui contiennent une quantité limitée de magie. Du coup, pas besoin d’être un sorcier pour user de magie, même si les deux jeunes gens auront bien du mal à rivaliser face à des sorciers expérimentés. Ainsi, la magie n'est pas surpuissante comme dans d'autres animés, elle se calque sur la logique et donc les personnages principaux sont très loin d'être surhumains, ce qui est appréciable.
"ZnT" est un anime présenté dans un écrin chatoyant. Les graphismes sont très fins et à couper le souffle. Le chara-design est très bien travaillé et l'animation est fluide. Et la réalisation, extrêmement maitrisée, rend l'atmosphère de l'anime très prenante. D'ailleurs, je vous conseille un visionnage en HD.
Et que dire de la musique ? Elle est tout simplement splendide. Composée par l'illustre Beethoven, elle renforce l'allure épique de la série. La bande son est plus que réussi, notamment la reprise de la 17ème sonate de Beethoven "The Tempest".
Et enfin en ce qui concerne les personnages, le trio Mahiro/Yoshino/Hakaze est très sympathique. Les personnages sont très différents, mais on ne tombe jamais dans du stéréotype lourd. Autre point fort, leurs relations sont très intéressantes et sortent de l’ordinaire, s’intégrant parfaitement au déroulement du scénario, et ce malgré leurs différences. Les émotions sont détaillées et facilement compréhensibles. La galerie de personnages secondaires est également assez réussie, même s'ils ne sont pas forcément extrêmement détaillés voir même parfois caricaturaux, comme Evangeline, la flingueuse à la poitrine généreuse.
Au final, on a affaire à un très bon animé, un shônen comme on n'en voit plus des masses et dieu que ça fait plaisir. L’anime est une réussite, malgré les explications trop rapides abordées plus tôt et le fait que les derniers épisodes tombent dans les travers classiques des Shônen et laissent, c’est bien dommage, un petit sentiment d’inachevé !!!

samedi 31 août 2013

Musique - IV de The Bronx

The Bronx - IV : Un album exaltant et plus mature, même si moins énervé que ses prédécesseurs !!!

Note : 4 / 5

Ils nous avaient manqué les petits gars de The Bronx, et leur punk/hardcore énervé encore plus ! Après trois albums bien accueillis, un capital sympathie conséquent, des lives enflammés et un side-project de musique chicanos ("Mariachi El Bronx"), les angelinos de The Bronx reviennent avec un quatrième album dont le titre fleure bon la créativité puisqu'il s'intitule "IV". Oui, tout simplement. Toutefois, la créativité de The Bronx, n'est pas ce qui nous intéresse le plus. Tout ce que l'on leur demande après tout, c'est d'envoyer de la décibel grisante dans nos oreilles et c'est ce qu'ils vont s'échiner à faire plutôt bien dès le premier titre de ce nouvel opus.
Après un intermède ensoleillé donc, Mariachi El Bronx, qui a débouché sur deux albums assez improbables et qui a mis le groupe en quasi hiatus pendant cinq ans, The Bronx se décide enfin  à revenir à ce qu’ils font le mieux, à savoir du punk.
L’expression est aujourd’hui désuète : "foutre le bronx". Mais ces Américains la remettent avec rage et morgue au goût du jour. Si les trois premiers albums du groupe ne faisaient aucune concession, au point de s'avérer un peu lassants sur la longueur à moins d'être un forcené de Punk/Hardcore bourrin, autant ce quatrième effort a visiblement bénéficié de l'ouverture des musiciens vers d'autres contrées.
Non pas que The Bronx se soit vraiment ramolli. Ce "IV" reste un concentré d'énergie pure et ne vous réconciliera certainement pas avec vos voisins. Mais le groupe nous propose sans doute son album le plus punk et le moins hardcore. Pas la peine de sortir les skates pour autant, on reste à des lieues du punk-rock à roulette type NoFx ou The Offspring. Mais l'influence de vénérables ancêtres comme les Ramones est davantage palpable.
The Bronx n'hésite plus à pondre de véritables refrains, notamment grâce aux gros progrès effectués par le chanteur Matt Caughtran. Sans abandonner son côté survitaminé, le groupe a ajouté juste ce qu'il fallait de mélodie et de légers ralentissements ici et là pour ne pas lasser l'auditeur.
Les Californiens reviennent à l’électricité la plus sournoise, la plus traître. Celle qui met ses habits du dimanche, avec des refrains ravissants ici et des harmonies sophistiquées là, pour finalement finir à poil, façon Iggy Pop, la gueule pleine de bave, le corps agité de spasmes, l’air franchement menaçant et dérangé. Car la force de The Bronx, comme de Queens Of The Stone Age, pas si loin ici, c’est de posséder un chanteur qui agresse comme un rottweiler, aboie comme un loup, se tord comme un doberman mais sait aussi se faire aussi affectueux qu’un Jack Russell.
Avec "The unholy hand", le groupe démarre sur les chapeaux de roues avec un titre percutant, un riff qui se retient facilement, une voix braillarde juste ce qu'il faut, une section rythmique qui a le feu aux fesses, bref, tout ce que l'on désire d'un groupe comme The Bronx ! The Bronx se donne avec générosité durant 14 titres qui ne dévieront pas, ou vraiment très peu, de la recette habituelle. Oui, The Bronx, c'est sensiblement toujours pareil même si le groupe s'est éloigné de la rugosité des premiers méfaits, mais franchement, la routine c'est parfois bien. Plaisir garanti à chaque écoute.
Ainsi, "IV" c'est du punk-rock tout en puissance, dont les codes sont appliqués avec une rigueur toute historique. Des débuts punk-hardcore du groupe, il ne reste rien sinon peut-être un grain dans l’arrière-voix du chanteur et une vindicte évidente dans la manière d’amener ses camarades au front. Côté production, The Bronx tape dans cette nouvelle génération de groupes punk qui a depuis longtemps quitté le garage de papa et maman pour enregistrer des disques dans des studios haut de gamme.
Si on a parfois du mal à entendre un disque de punk produit comme du Metallica, on reconnaîtra que cet habillage sonore guerrier colle à la perfection aux coups de battoirs qu’assènent ces cinq "déchireurs" surdoués. Une fois de plus, The Bronx fait ce qu’il fait de mieux, à savoir sortir un disque sans surprise, toujours aussi encadré, toujours aussi bien composé et toujours aussi insolent de talent. Le disque que tu aimes après une écoute, que tu connais par cœur après quatre autres, et que tu ressortiras souvent durant les années à venir. Un gros disque de punk, quoi !
Alors surtout pas d'inquiétude, des titres comme "The unholy hand" ou "Under the rabbit" sauront rapidement rassurer tous ceux qui pourraient s'inquiéter du léger tournant opéré sur cette nouvelle galette.
Au final,  The Bronx  maintient le cap en proposant une quatrième mouture de son mélange toujours aussi efficace de punk léger et de rock dur, entre caresses et coups de boutoirs, et ça tombe bien parce que c’est ce qu’on demande à un groupe comme celui-ci : une certaine constance dans les décharges. Les nouvelles enluminures de ce "IV" sont si légères  qu’à aucun moment on a l’impression de figures de styles imposées par la nécessaire évolution de tout groupe vers l’album de la maturité.
Pour ma part, le sentiment qui prédomine est que les musiciens semblent avoir atteint une certaine maturité et se sont véritablement éclatés à faire cet album, sans chercher à faire autre chose qu'à se faire plaisir. La musique prend le pas sur la volonté d'épater la galerie. En résulte une collection de titres réellement imparables, avec des refrains massue à réveiller les morts. The Bronx atteint ici la quintessence de sa musique !!!

mercredi 28 août 2013

Série - The Blacklist de NBC

NBC - The Blacklist : La nouvelle pépite sur laquelle mise la chaîne NBC et pas seulement !!!

Attente : 4 / 5

Synopsis :
Raymond "Red" Reddington (James Spader), le criminel le plus recherché aux États-Unis, décide mystérieusement de se rendre. Il propose de dénoncer tous ceux avec lesquels il a travaillé à une seule condition, que ce soit Liz Keen (Megan Boone), une jeune agent du FBI avec lequel il n’a en apparence aucune connexion, qui s’occupe de lui.

Attente :
Une saison de séries se termine et déjà, la nouvelle pointe le bout de son nez. En effet, alors que la plupart des séries américaines se sont terminées, les chaînes annoncent d'ores et déjà le programme de la rentrée.
C'est le cas pour la chaîne américaine NBC qui, après toutes les récentes annulations, le petit paquet de renouvellement et une première fournée de commandes, ajoute trois séries de plus à sa liste de nouveautés pour la saison prochaine. Il y aura ainsi la comédie "Welcome to the Family" (cette comédie s’intéresse au clash culturel entre deux familles, une blanche et une latino, quand leurs enfants tombent amoureux et qu’une grossesse inattendue se produit) et les dramas "Night Shift" (Anciennement "After Hours", ce drama médical se centre sur le service de nuit d’un hôpital de San Antonio) et surtout "The Blacklist".
Cette dernière est peut-être la nouveauté la plus attendue d'NBC pour la saison à venir, d'une part pour son concept, d'autre part pour son acteur principal, le charismatique James Spader. Des décennies durant, Raymond Reddington, ex-agent du gouvernement, était l’un des hommes les plus recherchés de la planète, multipliant les "coups" aux quatre coins du globe. La surprise du FBI est donc totale lorsque ce dernier accepte de se rendre et de venir en aide à l’organisation. Le contrat est clair, Red fournira des informations essentielles sur les plus grands criminels du monde à une seule condition : pouvoir travailler avec la jeune profiler Elizabeth Keen. Une jeune femme qui ne se doute pas un instant du destin qui lui est ainsi promis.
Elizabeth vit son premier jour en tant que profiler au FBI. Le moins qu'on puisse dire, c'est que, grâce à Reddington, elle fait une entrée remarquée. Cette connexion inattendue va engendrer un tas de questions de la part du FBI : Quelles sont les intentions de Red, pourquoi veut-il parler à Liz ? La jeune femme aurait-elle des choses à cacher ?
Outre James Spader, dans le rôle-titre, la distribution est constituée de Diego Klattenhoff ("Homeland"), Harry Lennix ("Man of Steel"), Ryan Eggold ("90210") et Ilfenesh Hadera ("Da Brick"). Derrière la caméra, Jon Bokenkamp ("The Call") est chargé de l’écriture du scénario, épaulé de John Eisendrath ("Alias"), John Davis ("Predator") et John Fox. A noter que le pilote a été réalisé par Joe Carnahan, qui avait déjà opéré sur "L’agence tous risques".
De ce fait, tous les feux semblent au vert pour "The Blacklist" ! Son pilote, présenté par Sony Pictures Television, qui produit la série, comme le plus apprécié de toute son histoire lors des projections test, a en effet séduit les acheteurs du monde entier. En France, c'est TF1 qui en a fait l'acquisition et qui devrait la proposer sur son antenne dans les mois (ou les années) à venir. Outre-Atlantique, la série n’a pas encore été diffusée. Elle devrait arriver à l’antenne de NBC le 23 septembre prochain. De plus, le show a hérité de la case la plus enviée de la grille de NBC : le lundi soir à 22h après "The Voice", son mastodonte d'audience, à la place de "Revolution", une autre série très attendue. Il est donc en bonne position pour créer l'événement.
NBC n’est manifestement pas la seule à voir en "The Blacklist" une pépite d’audiences puisqu’à l’international, plusieurs chaînes en ont acquis les droits. En France, c’est donc sur l’une des chaînes du groupe TF1 que les téléspectateurs pourront la regarder la saison prochaine. Dans l’un des épisodes, ils retrouveront Kiefer Sutherland, la star de "24h", puisque l’acteur a accepté un rôle dans la série. Mais contrairement à ce qui était pressenti, ce ne sera pas le rôle principal du méchant criminel.
Espérons simplement que le contenu sera à la hauteur des attentes suscitées aussi bien par les chaînes télévisuelles que par les spectateurs !!!

dimanche 25 août 2013

Livre (BD) - Amorostasia de Cyril Bonin

Cyril Bonin - Amorostasia : Un roman graphique fantastique et atypique !!!

Note : 4 / 5

Synopsis : 
À Paris, de nos jours. La première victime a été retrouvée figée devant sa fenêtre, une demande de mariage à la main. Puis, ce fût un jeune couple, s'embrassant dans la rue, figé lui aussi. Rapidement, l'information s'est propagée, une nouvelle épidémie sévissait à Paris, baptisée l'Amorastasie.
Rigidité, mutisme, les victimes de cette étrange maladie tombent dans un état catatonique. Les autorités médicales, en l'absence de remède, ne peuvent que recommander d'éviter toute manifestation intempestive du sentiment amoureux. Pire, la paranoïa s'installe dans la société, le moindre regard est l'objet d'interprétation fantasmatique.
Olga Politoff, journaliste enquêtant sur la maladie, le découvre à ses dépens en figeant Julien Lambert, un collègue secrètement amoureux d'elle. Alors même qu'elle et son fiancé ne se sont pas figés. L'état décide d'obliger les femmes "tentatrices" à porter un brassard discriminatoire et sexiste. L'amour est-il devenu une maladie dont on ne peut se soigner ? Un jeune homme se prénommant Kiran va l'aider à découvrir la vérité.

Critique :
L’Amour ! Délicate alchimie des sens et des humeurs, aussi indéfinissable qu’insaisissable et qui peut conduire aux chefs d’œuvre les plus sublimes comme aux pires bassesses. Au moins une fois dans sa vie, tout un chacun s’est demandé de quoi il était fait et pourquoi il frappait. Cyril Bonin n’échappe pas à la règle et a décidé d’en faire un album : "Amorostasia".
Après avoir adapté remarquablement le roman de Marcel Aymé "La belle image" et écrit à la suite, une nouvelle inédite intitulée "L'homme qui n'existait pas", Cyril Bonin revient en force avec cette histoire graphique qui conserve les ambiances surnaturelles auxquelles il nous a sensibilisé précédemment. En effet, cette fois-ci, il nous plonge dans un contexte surprenant dans lequel avoir des sentiments peut se révéler dommageable pour la santé.
C’est avec une vraie pudeur et une grande sobriété que Cyril Bonin aborde cette histoire, comme un conte de science-fiction sensible et philosophique. Qu’est-ce que l’amour ? Chimie et biologie ? Magie et impalpable ? Avec cette idée toute simple, et simplement belle, l’auteur interroge subtilement le lecteur sur ces grands thèmes existentiels, en prenant soin de pas imposer de réponse toute faite, ni de solution miracle.
Ainsi, la problématique posée dans ce one-shot ressemble à un prétexte futé pour aborder tout un tas de questions intéressantes et originales sur le sujet sans doute le plus usité dans les fictions : l’amour. Ou plutôt, il s’agit ici de chimie de l’amour : quelles interactions chimiques sont-elles mises en branle lorsqu’on tombe amoureux ? L’amour est-elle une maladie ? Selon cet aspect technique, y a-t-il différentes sortes d’amour ? La préservation de l’espèce est-elle l’unique finalité de l’appareil amoureux ?
En préface, le professeur Bernard Sablonnière, spécialiste française des mécanismes moléculaires des sentiments, souligne d’ailleurs l’ingéniosité de Bonin pour soulever les différents aspects de cette question essentielle. Car désormais en tant qu’auteur complet, en 124 planches qui se dévorent littéralement, Bonin narre brillamment une intrigue rythmée et équilibrée sur ce propos.
Force est de constater qu'une fois encore, Cyril Bonin, bien inspiré, nous entraîne dans une histoire sociale, complètement délectable, au sein de laquelle la moindre émotion, le moindre sentiment peut provoquer des effets irréversibles. Via ce concept, on ne peut plus original et des plus surprenants qui entame le passionnel, l'artiste fait état de cette pandémie qui grève la capitale et qui met en émoi la collectivité scientifique.
A cet égard, l'auteur fait monter en puissance son aventure à laquelle est liée la belle Olga dans une méthodologie adaptée, usant d'une fluidité narrative et d'une humanité confondante. Jouant sur le fait que l'amour peut se transformer en véritable pathologie, postulat à première vue fantaisiste, il nous plonge dans une dérive sociétale extrême voire paranoïaque qui n'est pas sans rappeler certains dérapages historiques. Fort de cette évolution inquiétante, le lecteur ne manquera pas de se demander comment tout ça peut se régler. A ce titre, Cyril Bonin nous en donnera la conclusion via une pirouette scénaristique sensible et plutôt surprenante.
En bon raconteur d’histoires, il donne aussi corps à son récit. Il bâtit un décor crédible d’une société qui, plutôt que de sonder son inconscient collectif et d’envisager son évolution, s’enferme dans une facile paranoïa : on demande aux couples de faire chambre à part, on ferme les boîtes de nuit, on retire les tableaux de scènes amoureuses des musées, on stigmatise les jolies filles… Tel un auteur de SF à l’ancienne (Dick, Barjavel, Bradbury, Simak…), il détourne son présent légèrement pour mieux imaginer le futur. Et ce, sans esbroufe ni effets spectaculaires, à l’image de son dessin, limpide, et de son noir et blanc, neutre et efficace, qui n’est pas sans évoquer par moments la puissance évocatrice du manga.
Si le scénario est des plus concluants, la partie graphique se révèle donc d'une grande efficience. Le style de Bonin est toujours aussi saisissant de réalisme, de sensibilité, d'humanisme. Son trait qu'il nous fait appréhender pour la première fois dans un univers noir et blanc, est juste, explicite, évocateur en terme de sentiments (dans la façon de pencher les têtes, de traiter les regards…). Ses personnages, légèrement déformés, bénéficient d'un charisme confondant et donnent du corps aux évènements qui les entourent. 
A travers son dessin semi-réaliste typique en noir et blanc, simplement rehaussé d’un lavis en niveaux de gris, l’auteur nous donne à réfléchir différemment sur les conséquences sociales et intimes de son épidémie. Ce fléau est-il déclenché par Dame Nature pour endiguer la démographie galopante ? Faut-il persécuter celles (et pas ceux !) qui suscitent naturellement le sentiment amoureux sur autrui ? Peut-on contrôler son amour ? Doit-on fuir l’amour ?
Au final, "Amorostasia" est une bien belle histoire de sentiments aux ambiances fantastiques bien pesées, à porter à l'actif d'un artiste talentueux. "Amorostasia" est un livre hors du temps, qui pose un questionnement universel sur la nature de l’homme et son avenir sur cette planète, à travers un prisme original et ambitieux, l’amour. Sur un sujet aussi universel qu’intemporel, la BD analyse joliment le camaïeu des sentiments amoureux et, finalement, renonce à l’expliquer, préférant y succomber !!!