Note : 3 / 5
Synopsis :
Dans le New York du 19ème siècle, on suit les aventures d'un jeune flic
irlandais cherchant à découvrir la vérité sur la disparition de son
épouse et la mort de sa fille. Son amitié avec deux compatriotes de la
Guerre Civile, le fils d'un riche industriel et un médecin
afro-américain, l'amène à côtoyer aussi bien la très chic 5ème Avenue
que le Harlem populaire. De leurs années de combats, les trois amis
partagent un terrible secret qui lie leurs vies à jamais.
Critique :
Pour son premier drama original, BBC America a décidé d’exploiter un
domaine dans lequel les Anglais excellent, soit le period drama, tout en
l’américanisant. C’est ainsi que l’on se retrouve à New York en 1864.
On ne peut pas dire que ce soit une ère particulièrement exploitée, "Gangs of New York" de Martin Scorsese (qui s’arrête en 1862) étant clairement ce qui est le plus ancré dans la culture populaire aujourd’hui sur la question.
Dans la série, on suit
Kevin Corcoran, un immigré irlandais, flic dans la Grosse Pomme du
lendemain de la guerre de Sécession, en 1864. Un héros aux manières
brutales, à vif depuis la mort de sa fille et la disparition mystérieuse
de sa femme, prêt à tout pour rendre justice et débarrasser la ville de
ses criminels, mais freiné par une hiérarchie corrompue. Ses meilleurs
alliés, son équipe de flics quasi cow-boys, une prostituée dont il a
fait sa confidente, et bientôt la femme d’un des hommes les plus riches
de la ville.
Créée par Tom Fontana et Will Rokos ("Southland"), "Copper" se concentre donc sur Kevin Corcoran, interprété par Tom Weston-Jones. Passionné d’histoire, Tom Fontana ("Oz", "Borgia"), s’est fait un nom grâce à l’excellent polar "Homicide", dans les années 1990. Première série originale de BBC America, la branche américaine de la télévision publique britannique, "Copper"
lui offre l’occasion de mêler ses deux passions.
On retrouve une ville crasseuse, boueuse, violente (on est aussi dans
le même quartier que dans le film de Scorsese, les Five Points) où la justice est expéditive et où la
différence entre flics et truands se fait parfois par le seul port d’un
badge. Si la réalité de l’Amérique de l’époque (conflits entre
immigrants, difficile intégration des Noirs à peine affranchis,
corruption, etc.) est bien présente, la patte de Fontana qui n'est pas du genre à
mépriser la réalité historique, "Copper" est avant tout un polar, et un drame autour de la vie privée de son héros.
Dans son pilote, "Copper" part sur des bases très classiques pour une série policière. Si elle semble d'abord correspondre à un procedural
traditionnel, le deuxième épisode apporte une continuité plus "
feuilletonnante", prouvant que la série entend construire des storylines
dans la durée. En dépit d'une exécution très prévisible, l'atout
principal de la série réside avant tout dans la
valeur ajoutée que constitue son cadre.
Elle s'efforce donc de capturer une ambiance new yorkaise marquée par la
violence, tout particulièrement au sein du quartier pauvre dans lequel
évolue notre héros où prospèrent crime et prostitution. Les incursions
dans les coins plus riches, notamment cette maison close vers laquelle
nous conduit la première enquête, montrent aussi que derrière des
apparences plus policées, les excès et les dérives se rencontrent tout
autant dès que l'on entrouvre les portes closes.
Le choix d'évoquer
d'emblée la prostitution et le meurtre d'enfant témoigne des intentions
de "Copper" de nous glisser dans ce XIXe siècle.
Mais la série peine à happer le téléspectateur dans ce tourbillon qui
reste un arrière-plan distant, avec du potentiel, mais bien loin de la
force qu'avait pu avoir l'installation du cadre dans "Deadwood" par exemple (pour rester dans une même époque).
L’enquête centrale de ce début de série s’articule donc autour du viol et du
meurtre d’une fillette dont la sœur jumelle est prostituée. Corcoran,
avec l’aide de son équipe et d’un médecin légiste précurseur, une sorte
d’expert du XIXe siècle, va remonter la piste du tueur, qu’il localise
rapidement dans les hautes sphères de la ville, parmi les clients d’une
luxueuse maison close. Menée brutalement, avec tabassages et menaces en
lieu et place des interrogatoires, l’intrigue est solide, et permet
d’installer l’univers de la série, sombre et crasseux.
Toutefois, ceci étant dit, il est difficile de ranger "Copper" dans une case. Ce n'est pas
vraiment une série policière avec une enquête par épisode mais ce n'est
pas non plus une série dramatique à proprement parler et peut-être
qu'elle souffre d'être d'un genre bâtard. Le premier épisode est assez
rude, et j'aurais aimé que la série garde l'esprit de ce début plutôt
marquant, même si la violence est latente tout au long de la série. Les
épisodes sont inégaux qualitativement parlant. Après un début explosif,
l'histoire se traine un peu avant de devenir plus passionnante grâce à un
complot visant New York. Cependant, la série est assez plaisante à
regarder grâce aux personnages charismatiques qui la peuplent tels Kevin
"Corky" Corkoran et le major Robert Morehouse.

Casting de qualité, narration efficace, ressorts dramatiques déjà vus
(le héros maudit veut venger sa famille) mais convenablement exploités, "Copper" profite du savoir-faire de Fontana et de son producteur exécutif Barry Levinson, Oscar du meilleur réalisateur pour "Rain Man"
en 1989. C’est pourtant du côté de la mise en scène que la série pèche
le plus.
Au mieux banale, au pire hésitante, elle fait le choix d’un
"réalisme" sans style, pas forcément judicieux et desservi par une
photo médiocre. La conséquence, sans doute, d’un budget limité, tout
entier dépensé dans des décors et des costumes, eux convaincants.
Au final, sur la forme, "Copper"
fait un travail honnête de reconstitution du New York des années 1860.
Abusant parfois un peu d'une image très sombre, mais
qui correspond bien à l'ambiance recherchée, la série sait poser ses
décors. Pour provoquer l'immersion, plus que son visuel, c'est sa
bande-son fournie qui est mise à contribution : elle est riche en
musiques irlandaises qui donnent un certain rythme au récit. Le
générique est soigné et bien représentatif de la tonalité d'ensemble.

Fort
heureusement, "Copper" semble avoir une histoire à raconter qui
puisse emporter une certaine adhésion et, malgré ses imperfections esthétiques et scénaristiques et
les quelques lourdeurs, pardonnables ma foi, de cette première saison, elle reste assez plaisante à regarder.
La série originale de BBC America a
connu un succès immédiat aux États-Unis, avec 1,1 million de téléspectateurs, du
jamais sur la chaîne pour une nouvelle série, elle a été renouvelée. C’est désormais chose faite, "Copper" reviendra sur les écrans en 2013 pour une deuxième saison. "Copper" ne sera certes pas la série de l'année, mais elle saura se montrer divertissante !!!