jeudi 31 janvier 2013

Série - Copper produit par la BBC America

BBC America - Copper : Une série rafraîchissante, cependant desservie par une réalisation médiocre !!!

Note : 3 / 5

Synopsis :
Dans le New York du 19ème siècle, on suit les aventures d'un jeune flic irlandais cherchant à découvrir la vérité sur la disparition de son épouse et la mort de sa fille. Son amitié avec deux compatriotes de la Guerre Civile, le fils d'un riche industriel et un médecin afro-américain, l'amène à côtoyer aussi bien la très chic 5ème Avenue que le Harlem populaire. De leurs années de combats, les trois amis partagent un terrible secret qui lie leurs vies à jamais.

Critique :
Pour son premier drama original, BBC America a décidé d’exploiter un domaine dans lequel les Anglais excellent, soit le period drama, tout en l’américanisant. C’est ainsi que l’on se retrouve à New York en 1864. On ne peut pas dire que ce soit une ère particulièrement exploitée, "Gangs of New York" de Martin Scorsese (qui s’arrête en 1862) étant clairement ce qui est le plus ancré dans la culture populaire aujourd’hui sur la question.
Dans la série, on suit Kevin Corcoran, un immigré irlandais, flic dans la Grosse Pomme du lendemain de la guerre de Sécession, en 1864. Un héros aux manières brutales, à vif depuis la mort de sa fille et la disparition mystérieuse de sa femme, prêt à tout pour rendre justice et débarrasser la ville de ses criminels, mais freiné par une hiérarchie corrompue. Ses meilleurs alliés, son équipe de flics quasi cow-boys, une prostituée dont il a fait sa confidente, et bientôt la femme d’un des hommes les plus riches de la ville.
Créée par Tom Fontana et Will Rokos ("Southland"), "Copper" se concentre donc sur Kevin Corcoran, interprété par Tom Weston-Jones. Passionné d’histoire, Tom Fontana ("Oz", "Borgia"), s’est fait un nom grâce à l’excellent polar "Homicide", dans les années 1990. Première série originale de BBC America, la branche américaine de la télévision publique britannique, "Copper" lui offre l’occasion de mêler ses deux passions.
On retrouve une ville crasseuse, boueuse, violente (on est aussi dans le même quartier que dans le film de Scorsese, les Five Points) où la justice est expéditive et où la différence entre flics et truands se fait parfois par le seul port d’un badge. Si la réalité de l’Amérique de l’époque (conflits entre immigrants, difficile intégration des Noirs à peine affranchis, corruption, etc.) est bien présente, la patte de Fontana qui n'est pas du genre à mépriser la réalité historique, "Copper" est avant tout un polar, et un drame autour de la vie privée de son héros. 
Dans son pilote, "Copper" part sur des bases très classiques pour une série policière. Si elle semble d'abord correspondre à un procedural traditionnel, le deuxième épisode apporte une continuité plus " feuilletonnante", prouvant que la série entend construire des storylines dans la durée. En dépit d'une exécution très prévisible, l'atout principal de la série réside avant tout dans la valeur ajoutée que constitue son cadre.
Elle s'efforce donc de capturer une ambiance new yorkaise marquée par la violence, tout particulièrement au sein du quartier pauvre dans lequel évolue notre héros où prospèrent crime et prostitution. Les incursions dans les coins plus riches, notamment cette maison close vers laquelle nous conduit la première enquête, montrent aussi que derrière des apparences plus policées, les excès et les dérives se rencontrent tout autant dès que l'on entrouvre les portes closes.
Le choix d'évoquer d'emblée la prostitution et le meurtre d'enfant témoigne des intentions de "Copper" de nous glisser dans ce XIXe siècle. Mais la série peine à happer le téléspectateur dans ce tourbillon qui reste un arrière-plan distant, avec du potentiel, mais bien loin de la force qu'avait pu avoir l'installation du cadre dans "Deadwood" par exemple (pour rester dans une même époque).
L’enquête centrale de ce début de série s’articule donc autour du viol et du meurtre d’une fillette dont la sœur jumelle est prostituée. Corcoran, avec l’aide de son équipe et d’un médecin légiste précurseur, une sorte d’expert du XIXe siècle, va remonter la piste du tueur, qu’il localise rapidement dans les hautes sphères de la ville, parmi les clients d’une luxueuse maison close. Menée brutalement, avec tabassages et menaces en lieu et place des interrogatoires, l’intrigue est solide, et permet d’installer l’univers de la série, sombre et crasseux.
Toutefois, ceci étant dit, il est difficile de ranger "Copper" dans une case. Ce n'est pas vraiment une série policière avec une enquête par épisode mais ce n'est pas non plus une série dramatique à proprement parler et peut-être qu'elle souffre d'être d'un genre bâtard. Le premier épisode est assez rude, et j'aurais aimé que la série garde l'esprit de ce début plutôt marquant, même si la violence est latente tout au long de la série. Les épisodes sont inégaux qualitativement parlant. Après un début explosif, l'histoire se traine un peu avant de devenir plus passionnante grâce à un complot visant New York. Cependant, la série est assez plaisante à regarder grâce aux personnages charismatiques qui la peuplent tels Kevin "Corky" Corkoran et le major Robert Morehouse.
Le casting est très bon. On regrettera seulement que les femmes, Franka Potente et Anna Griffith, soient moins imposantes que leurs collègues masculins, elles font pâle figure face à Tom Weston Jones et Kyle Schmid dont les personnages leur permettent plus de profondeur. Même Kevin Ryan (Francis Maguire) a plus de présence qu'elles alors qu'il n'a qu'un second rôle (mais quel second rôle ! Son accent et la violence retenue sur le point d'exploser de son personnage sont exceptionnels !).
Casting de qualité, narration efficace, ressorts dramatiques déjà vus (le héros maudit veut venger sa famille) mais convenablement exploités, "Copper" profite du savoir-faire de Fontana et de son producteur exécutif Barry Levinson, Oscar du meilleur réalisateur pour "Rain Man" en 1989. C’est pourtant du côté de la mise en scène que la série pèche le plus.
Au mieux banale, au pire hésitante, elle fait le choix d’un "réalisme" sans style, pas forcément judicieux et desservi par une photo médiocre. La conséquence, sans doute, d’un budget limité, tout entier dépensé dans des décors et des costumes, eux convaincants. 
Au final, sur la forme, "Copper" fait un travail honnête de reconstitution du New York des années 1860. Abusant parfois un peu d'une image très sombre, mais qui correspond bien à l'ambiance recherchée, la série sait poser ses décors. Pour provoquer l'immersion, plus que son visuel, c'est sa bande-son fournie qui est mise à contribution : elle est riche en musiques irlandaises qui donnent un certain rythme au récit. Le générique est soigné et bien représentatif de la tonalité d'ensemble.
Sur le fond, la mise en scène et un certain manque d'ambition dans l'écriture laisse la série dans une zone de confort trop convenue pour être innovante. Il y avait pourtant nombre de passionnantes thématiques à exploiter : des enjeux raciaux avec le contexte de la guerre, mais aussi le caractère inégalitaire de la justice ou encore la manière dont les puissants restent ostensiblement impunis et intouchables. La conception du métier de policier à l'époque offre suffisamment de contraste avec l'idéal théorique moderne pour pouvoir proposer quelque chose de sombre, de percutant. Par intermittence, la série tente de s'aventurer de manière superficielle sur ce terrain, mais elle souffre d'un manque de subtilité chronique, cédant à trop de facilités pour être convaincante.
Fort heureusement, "Copper" semble avoir une histoire à raconter qui puisse emporter une certaine adhésion et, malgré ses imperfections esthétiques et scénaristiques et les quelques lourdeurs, pardonnables ma foi, de cette première saison, elle reste assez plaisante à regarder.
La série originale de BBC America a connu un succès immédiat aux États-Unis, avec 1,1 million de téléspectateurs, du jamais sur la chaîne pour une nouvelle série, elle a été renouvelée. C’est désormais chose faite, "Copper" reviendra sur les écrans en 2013 pour une deuxième saison. "Copper" ne sera certes pas la série de l'année, mais elle saura se montrer divertissante !!! 

mercredi 30 janvier 2013

DVD - Astérix & Obélix, Mission Cléopâtre d'Alain Chabat

Alain Chabat - Astérix & Obélix, Mission Cléopâtre : Rendons à Chabat ce qui est à César !!!

Note : 4.75 / 5

"Pas de pierres, pas de construction. Pas de construction, pas de palais. Pas de palais... pas de palais". (Amonbofis)

Synopsis :
Cléopâtre, la reine d’Égypte, décide, pour défier l'Empereur romain Jules César, de construire en trois mois un palais somptueux en plein désert. Si elle y parvient, celui-ci devra concéder publiquement que le peuple égyptien est le plus grand de tous les peuples. Pour ce faire, Cléopâtre fait appel à Numérobis, un architecte d'avant-garde plein d'énergie. S'il réussit, elle le couvrira d'or. S'il échoue, elle le jettera aux crocodiles.
Celui-ci, conscient du défi à relever, cherche de l'aide auprès de son vieil ami Panoramix. Le druide fait le voyage en Égypte avec Astérix et Obélix. De son côté, Amonbofis, l'architecte officiel de Cléopâtre, jaloux que la reine ait choisi Numérobis pour construire le palais, va tout mettre en œuvre pour faire échouer son concurrent.

Critique : 
Goscinny avait un humour bien à lui. Chabat a un humour bien à lui. En se rencontrant, ça a fait mouche. Un feu d'artifice de gags et de clins d'œil qui, personnellement, m'ont fait mourir de rire à chaque visionnage !
"Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre" est une adaptation de l'album "Astérix et Cléopâtre" de la série de bande dessinée Astérix. C'est le deuxième des quatre films de la saga Astérix et Obélix sur grand écran, et à ce jour celui qui a rencontré le plus de succès avec en France plus de 14 millions d'entrées, ce qui le place au 4e rang des films français au box-office national et au premier rang des films de l'année 2002.
Après le succès de son premier long métrage "Didier" (que je trouve vraiment décevant), Chabat récidive, pour notre plus grand plaisir, et nous livre une vraie petite merveille. Une comédie coup de poing, inspirée des aventures d'Asterix et Obelix. L'ex-Nul relève et gagne le pari d'une adaptation réussie, qui ne trahit pas la bande dessinée originale.
Un délire du générique de début jusqu'au mot "fin". Alain "César" Chabat, grâce à une réalisation rythmée, enchaîne les situations comiques, reliées par des dialogues percutants. Imprégné de la bande dessinée, le spectateur y retrouve toute l'atmosphère et tout l'esprit d'Uderzo et de Goscinny. Les scènes semblent toutes droites sorties des vignettes de la BD, élément essentiel qui manquait au premier épisode signé Claude Zidi ("Astérix et Obélix contre César", qui était certes divertissant mais scénaristiquement nul). 
Ainsi Alain Chabat épouse-t-il, en grande pompe et gros budget, toute la BD de Goscinny et d'Uderzo. Toute ? Non ! Car la facétieuse imagination de l'ex-Nul résiste encore et toujours à la pesanteur d'une adaptation littérale, autant qu'au risque d'une trahison. L'opus précédent, de Claude Zidi, accumulait les baffes et les gros gags. Ici, c'est tout le contraire : la filiation ludique avec Goscinny est évidente, à l'exemple des patronymes en tout genre, de Cartapus à Sucettalanis. L'atmosphère de la bande dessinée est bien retranscrite visuellement. On est pas dans une reconstitution de l'Egypte Antique, on est dans une reconstitution de l'univers graphique d'Uderzo.
Mais Alain Chabat ne se contente pas d'être l'héritier d'un univers familier, il se l'approprie. Un peu de Claude François ("Alexandrie, Alexandra", bien sûr), du kung-fu, de la satire de mœurs, et même du cartoon. Et c'est Jamel Debbouze (première fois que je le supporte et que je le trouve excellent !), bien plus que Clavier et Depardieu, le vrai (et hilarant) héros du film. Bref, en choisissant un Nul, le producteur Claude Berri a eu du nez. "Et quel nez !".
Deuxième film pour Chabat donc, et pourtant le jeune réalisateur fait preuve d'une rare maîtrise dans la direction des acteurs. Volontairement le cinéaste fait s'effacer les personnages d'Astérix et Obélix devant la galerie des portraits de personnages plus délirants les uns que les autres, au profit essentiellement de l'architecte Numérobis, interprété par Jamel Debbouze.
Gérard Depardieu et Christian Clavier effacés donc, trouvent le ton juste, qu'ils avaient maladroitement délaissé dans le premier. Jamel Debbouze, égal à lui-même, joue sur ses bafouilles, ses hésitations et ses maladresses. L'acteur de "Zonzon" excelle dans son rôle, car si son personnage battît les fondations des palais, c'est sur les siennes et sur son rôle que se forge le film.
Sans omettre Edouard Baer, brillant dans ses improvisations délirantes de scribe, et Isabelle Nanty, originale et drôle dans le rôle de la syndiquée (Itinéris, maîtresse de la communication !), jusqu'à une Monica Bellucci, éblouissante. Chaque comédien amène sa pierre et sa particularité à l'édifice du film. Sous la houlette de Chabat émane un esprit de drôlerie homogène et cohérent, qui fait "d'Asterix et Obelix : Mission Cléopâtre" une réussite du genre, menée de main de maître par un homme à qui décidément tout semble sourire.
Après la BD, puis le dessin animé, voici le film, et quel film ! Une comédie française comme on en voit peu malheureusement ! Un budget pharaonique pour un excellent film, où la distribution est vraiment très bonne et où la superbe musique et les effets spéciaux sont assez impressionnants pour une comédie française !!!

lundi 28 janvier 2013

Livre - Le livre de Johannes de Jorgen Brekke

Le Livre de Johannes
                                      de Jorgen Brekke

Note : 3.75 / 5

Synopsis :
En août 2010, le cadavre décapité et écorché d’Efrahim Bond est retrouvé au musée Edgar Allan Poe de Richmond, Virginie. L’assassin a, par ailleurs, emporté sa peau. L’enquêtrice Felicia Stone s’aperçoit rapidement que peu avant sa mort, la victime avait envoyé un morceau de la reliure en cuir d’un livre pour analyse. Quand elle prend connaissance des résultats de celle-ci, elle ne doute plus que le meurtre soit lié à ce mystérieux ouvrage relié en peau humaine.
L’auteur nous transporte alors cinq siècles en arrière, sur les traces de ce mystérieux manuscrit intitulé "Livre de Johannes" qui décrit les observations du premier médecin de l’histoire pratiquant des autopsies. Selon la rumeur, le chirurgien ne se contentait pas de subtiliser des corps dans les cimetières mais fabriquait lui-même les cadavres indispensables à ses travaux !
Quelle fascination cette histoire séculaire exerce-t-elle sur l’assassin et pourquoi écorche-t-il chacune de ses proies, car Efrahim Bond n’est que la première victime d’une longue série ?

Critique :
"Le Livre de Johannes" est un roman sur les romans, sur des amoureux des livres qui se retrouvent embarqués dans une folle histoire. Jorgen Brekke nous livre un excellent thriller. Il nous entraîne dans les enquêtes de deux meurtres, un commis à Richmond en Virginie et l’autre à Trondheim en Norvège, dont le point commun est le Livre de Johannes qui a été relié en peau humaine.
Nous sommes donc entrainés dans deux examens judiciaires qui vont se recouper. Le premier sera conduit par l’enquêteur américain Felicia Stone. Le second par son pendant norvégien, le détective Singsaker. Les enquêtes sont bien ficelées et nous tiennent en haleine jusqu’à la fin.
Brekke nous tient en haleine jusqu’au bout grâce à de nombreuses fausses pistes. De nombreux personnages sont suspects par leur attitude ou leur passé : le chef de la sécurité de la bibliothèque de Trondheim qui ne se souvient plus des derniers instants passés avec une des victimes et qui a déjà été suspecté de meurtres, la nouvelle bibliothécaire un peu trop entreprenante et curieuse qui a une prédilection pour tout ce qui touche au polar, la reproductrice de livre ancien  bien pressée devant les policiers, un universitaire américain qui semble en savoir plus sur le livre de Johannes que ce qu’il dit, etc.
Bien que le meurtrier commette des crimes affreux (il dépèce ses victimes après leur mort), vous n’y verrez pas de portrait trop macabre ou dégoûtant. La plume subtile de l'auteur décrit à merveille les choses sans entrer dans des détails non nécessaires. On visualise bien assez facilement les scènes, aucun besoin de rajouter des particularités sordides. Superbement écris.
Les personnages, quant à eux, sont très variés et très nombreux. Cet aspect est à la fois la force et la faiblesse du "Livre de Johannes". Déjà, nous suivons deux enquêtes parallèles et ses acteurs, mais nous sommes aussi confrontés à quelques retours dans un lointain passé. Il y a donc un enchevêtrement de récits qui peut mêler les idées à certains moments. Toutefois, outre cet aspect un légèrement négatif, les protagonistes ont un vécu bien défini, des réactions qui leur sont propres et un tempérament réaliste. 
Ainsi le livre n’est pas seulement une simple enquête. Il y a toute une partie historique, qui se passe au début du XVIe siècle, en Norvège puis dans l’Europe. On y suit un moine mendiant, qui va raconter une histoire particulière, dans laquelle il va côtoyer un barbier chirurgien et un médecin anatomiste.
Cette histoire fait froid dans le dos ! Il s'agit d'abord d'une histoire où les corps sont découpés au scalpel pour découvrir les origines de l’homme et le fonctionnement de son corps. Pour être repris par la suite, quelques siècles plus tard, afin d'assouvir le questionnement d'un psychopathe. D’où venons-nous ? Comment sommes-nous à l’intérieur ?
De fait, Brekke nous ballade dans ce thriller entre les différents suspects et protagonistes mais aussi entre les différentes époque (2010 et le seizième siècle) nous menant sur les traces du Livre de Johannes, manuscrit comportant les observations du premier légiste qui n’aurait pas seulement prélevés les corps à disséquer dans les cimetières mais qui serait à l’origine de la perte de vie des personnes qui se retrouvaient sur sa table. 
Au final, ce premier roman de Jorgen Brekke est une réussite. On se laisse rapidement emporter par cette histoire et par ces personnages. Au début le changement de lieux et d’époque ainsi que le nombre important de protagoniste sont un peu perturbant, mais le récit est assez prenant et soutenu pour happer le lecteur. 
Une des bonnes idées de ce thriller a été d’utiliser Edgar Allan Poe en tant que fil rouge : nom du musée, auteur préféré ou détesté de certains personnages… Quoi de mieux que de faire apparaître le maître des récits macabres dans un thriller tout aussi macabre. Enfin, quelle bonne initiative d’avoir nommé ce livre relié en peau humaine "Johannes", prénom de Gutenberg, inventeur de l’imprimerie et de la typographie.
Pour un suspense qui nous tient en haleine, avec des personnages bien définis et un meurtrier sadique, je conseille ce roman aux amateurs du genre !!!

dimanche 27 janvier 2013

Musique - Go your own way de Lys

Lys - Go your own way : Un pop-rock-électro entraînant et envoûtant !!!

Note : 4.25 / 5

Lys est un quatuor breton formé à Rennes en 2007. Fort d'un premier EP sorti en 2010, "In my mind", le groupe attire l'attention du public et des médias. S'ensuit une tournée européenne, durant laquelle Lys a été remarqué par Steve Hewitt, qui n'est autre que l'ancien batteur emblématique de Placebo. Celui-ci va alors soutenir et accompagner le groupe, jusqu'à la sortie de leur premier album, "Go on your way". 
Ce dernier a été produit, à l’été 2011, par Steve Hewitt donc (chanteur du groupe Love Amongst Ruin et ex-batteur de Placebo) et mixé par le producteur Paul Corkett (The Cure, Radiohead, Placebo, …). Et autant être clair dès le départ, l’album ne brille pas par son extrême originalité tant le passé des producteurs semble présent, mais s’inscrit cependant dans la lignée des grands noms du rock alternatif et constitue par conséquent une étape incontournable du paysage musical de ce début d’année.
Lys, c'est une histoire tournée autour du rock, à laquelle se mélangent diverses influences, allant du Trip Hop en passant par l'Electro. Pour faire simple, la première écoute de "Go your own way" fait penser à une musique à la croisée entre les mélodies dramatiques de Muse (époque "Absolution") et du chant effacé de The Last Shadow Puppets.
Le son de l'album reste propre et efficace chez ces quatre fantastiques tandis que le mixage, sans rature, voit chaque ligne soigneusement capturée et restituée dans son intégralité. Ici pas de "demi-mixage" où la basse disparaitrait dans le vide, tout y est ! La voix envoûtante de Nicolas, le chanteur-guitariste, fait beaucoup quant à la qualité de l’album mais il faut aussi compter avec Mathilde, la bassiste, qui avec ses chœurs rend la musique du groupe encore plus magique et mélancolique ("Insane", "You Make Me Feel").
En d'autres termes, le chant est poignant, et apporte son lot d'émotions à chaque instant. La voix est quelque peu mise en retrait, elle reste discrète mais suffisamment présente pour donner un impact fort à la musique. Quelques lignes vocales féminines (Mathilde donc) se font entendre en accompagnement notamment sur "Insane" ou "Up to the clouds".
L'album est composé de douze titres (dont un en live acoustique) d'une pop à la fois mélancolique et mélodique, empruntant autant à Joy Division qu'à Brian Molko et Placebo, justement. Lys alterne des morceaux, susceptibles de tourner en radio comme "New way home" et "In my mind", et d'autres, comme "Around you" et "Insane", plus tourmentés, avec guitares rugueuses et sourdes lignes de basse.
Avec Lys, on peut passer d’un titre entraînant comme "Look In Your Eyes" à un morceau mélancolique et planant comme "Wide Awake", sans aucune transition, sans que cela choque, car le groupe sait vraiment imprimer sa patte sur chacune de ses compos. Sa musique sait se faire plus rock, plus pêchue comme sur "Around You" et ses petits airs de Depeche Mode et révèle toute sa puissance sur l’agressif et mélancolique "So Nice".
Proposant d’entrée le single "New Way Home", on rentre immédiatement dans l’univers de Lys, des compositions entraînantes tantôt planantes, tantôt donnant envie de bouger et danser. Leur identité musicale livre des morceaux mélancoliques et agressifs façon Radiohead ou des débuts de Coldplay (le single "In My Mind" excelle dans ce cas ou "This Morning") ou bien envoûtants et mélodiques façon Archive ("You Make Me Feel").
Le quatuor breton prouve qu’il a déjà tout d’un grand en plongeant ses auditeurs mélomanes dans un monde anxiogène et envoûtant. Tous les instruments ressortent parfaitement sur chaque piste : indéniablement, le travail de Corkett est très bon.
Au final, l’album semble acquérir sa maturité dans sa dernière partie et témoigne ainsi d’une cohérence certaine comme un témoignage de son histoire en partant des origines pour finir par l’avènement de l’entité qui éclot. Le groupe aime jouer avec les sentiments des gens et chaque écoute de "Go Your Own Way" fait l’effet d’une douche écossaise. Mais surtout Lys nous envoie sur un petit nuage d’où il est difficile de redescendre.
Propulsé par Steve Hewitt à la réalisation et Paul Corkett au mixage, Lys a su proposer un album de qualité, qui sera fortement apprécié par les amateurs de Placebo, Muse et consorts. La production est idéale pour apprécier le talent et la personnalité des jeunes bretons dans leurs compositions. Alors ne vous en privez pas, et foncez écouter "Go on your way" !!!

vendredi 25 janvier 2013

BND - Philippe-Jacques de Loutherbourg, "Tourments et Chimères", Musée des Beaux-Arts de Strasbourg

Musée des Beaux-Arts de Strasbourg - Philippe-Jacques de Loutherbourg, "Tourments et Chimères" : Un peintre au talent incroyable et à la vie sulfureuse !!!

Musée des Beaux-Arts de Strasbourg - Palais Rohan
2, place du Château
67000 Strasbourg
Tel. : 03.88.88.50.68.
www.musees-strasbourg.org

Note : 4 / 5

A l'occasion du bicentenaire de sa mort, Strasbourg rend hommage à un enfant du pays injustement oublié : Philippe-Jacques de Loutherbourg, peintre au talent protéiforme et à la vie rocambolesque. Né à Strasbourg en 1740, Loutherbourg est un artiste au parcours stupéfiant. Il est peintre, mais déploie également ses talents dans le théâtre, l'alchimie, la médecine parallèle, etc. Toutefois, sa vie pour le moins sulfureuse a malheureusement vite éclipsé son œuvre.
Il avait fort mauvaise réputation de son vivant. Les vicissitudes de son existence ont fini par étouffer l’œuvre. Si l’histoire a retenu Philippe-Jacques de Loutherbourg (1740-1812) comme rénovateur de la scène anglaise, à partir de 1771, elle a oublié le peintre. Pensez ! La dernière rétrospective consacrée à son œuvre a eu lieu à Londres, en 1973.
"Tourments et chimères" est la première rétrospective en France de Philippe-Jacques de Loutherbourg. Elle permet de découvrir toutes les facettes de cet artiste encensé par Diderot, qui travailla à Paris avec le peintre Casanova (frère du célèbre séducteur) et qui fut portraituré par Gainsborough.
L’artiste, né à Strasbourg, quitta vite la ville cependant, attiré par Paris. Il y fit son apprentissage auprès de Francesco Casanova, le frère cadet du célèbre Giacomo. A 15 ans, il entre dans l’atelier du peintre et se montre si habile que son maître ne se gêne pas pour signer quelques tableaux de son propre nom. Pour se venger, Loutherbourg non seulement couche avec sa femme, mais en plus quitte l’atelier avec quelques tableaux sous le bras pour se présenter à l’Académie royale de Peinture et de sculpture avec une vingtaine de tableaux. Il y est reçu "par acclamation" en 1767.
Un débutant prometteur. A tel point, qu'il est loué en sa jeunesse par Diderot, rien que ça, qui lui consacra un article entier dans son "Salon de 1763".
La vie privée du personnage fait alors déjà jaser. Marié à une courtisane, il en loue les services, notamment à un capitaine de la Compagnies des Indes. Il y aura un procès scandaleux. Un autre l’opposera plus tard à son épouse, mère de cinq enfants. Il l’a fait avorter à coups de pied, ce qui passe mal, même au XVIIIe siècle. Le mauvais mari choisit de prendre la clef des champs. Il ne reverra jamais les siens.
Ainsi en 1771, il quitte la France laissant femme et enfants en bas âge à Paris, pour s'installer à Londres. Il travaille alors avec le célèbre acteur John Garrick pour réaliser les décors du théâtre de Drury Lane en créant des effets spéciaux spectaculaires avec un succès considérable. Durant une décennie, les idées de Loutherbourg font sensation. L’homme décide de faire ensuite cavalier seul. Il crée un théâtre miniature, " l’Eidophysikon", plein de machineries. Le triomphe dure trois ans. Il subsiste de ces travaux des projets de décor, montrés à Strasbourg. 
L'artiste intègre également la Royal Academy et se lie d'amitié avec Cagliostro, de passage à Londres, avant une brouille fracassante. Par ailleurs, il est aussi guérisseur-magnétiseur tout en continuant son activité de peintre. On comprend que les tableaux eux-mêmes aient pu passer au second plan.
Considérablement assagi vers la fin de sa vie, il se distingue dans la peinture d'histoire et représentation de batailles navales. L'artiste semble prendre un malin plaisir, d'ailleurs, à peindre les défaites françaises face aux anglais. Mais sa grande spécialité reste le paysage avec animaux, genre largement représenté dans l'exposition strasbourgeoise.
Grâce à une centaine d'œuvres, venant de collections publiques et privées de France mais aussi de Grande-Bretagne et des États-Unis, tant peintures qu'œuvres sur papier, elle vise à montrer toutes les facettes de son art. Pour le Musée des beaux-arts de Strasbourg, dirigé par Dominique Jacquot, il a fallu se limiter à une centaine de pièces, pour cette exposition qui dure jusqu'au 18 février 2013
L’obscurité relative de l’artiste a permis d’obtenir des prêts importants. La Tate Britain a ainsi envoyé l’admirable "Avalanche dans les Alpes". Une icône. Le vaste "Les chutes du Rhin" est venu du Victoria & Albert. Une merveille. Le Musée maritime de Greenwich a mis dans une caisse une gigantesque bataille navale qui entre à peine dans les salles, pourtant hautes, de Strasbourg.
L'exposition aborde son œuvre d'une manière chronologique tout en s'attachant, à l'intérieur de ce cadre, à certaines thématiques : les pastorales, les naufrages, la peinture d'Histoire (Bible et batailles), les paysages anglais et les dangers de la Nature. Des dessins et des estampes sont également exposés et sont de véritables révélations.
Grâce à la rétrospective proposée par le musée des Beaux-Arts de Strasbourg, on peut se faire une idée assez précise de l’œuvre de Loutherbourg. Certes ce n’est pas un peintre majeur et ses toiles ne demeureront pas toutes imprimées dans la mémoire. Mais, son œuvre est intéressante parce qu'elle montre un esprit tourmenté, prise entre deux périodes, celle des Lumières et des pré-romantiques. Cela se ressent dans certains sujets tels les batailles. De ces cent toiles et dessins, il se dégage une impression de remous, de brouillard et de tumultes.  La plupart des œuvres représentent des marines (avec des bateaux pris dans une tempête), des vaches dans de verts pâturages ou des scènes de bataille.
C'est une exposition que je vous recommande car, malgré des toiles plus ou moins innovantes voire intéressantes, elle permet de découvrir un peintre d'inspiration anglaise. La légende voulant même que Turner lui voua une véritable estime. Si ce n'est pas un argument ça !!!

jeudi 24 janvier 2013

Actu - Le Marshall Major 50 FX

Le Marshall Major 50 FX : Un cinquantenaire doré !!!

Note : 4 / 5

A l’occasion du cinquantenaire de Marshall, la marque propose aux fans une offre qu’ils ne sauraient refuser : une édition spéciale du casque à succès "Major" parsemé d’or pour l’occasion. Ainsi Marshall continue de fêter ses 50 ans avec la sortie de cette édition collector de son best-seller, le casque "Marshall Major" ! 
En plus d’offrir des performances audio boostées, cette édition "Major 50 FX" se démarque également de par son design vintage et ses coloris dorés qui apparaissent notamment sur les écouteurs. L’arceau est dorénavant en vinyle, le même que celui qui recouvre les amplis de la marque, et fait apparaitre la mention "EST. 1962 London -England", un hommage à la ville qui a vu naitre la marque Marshall en 1962. 
Avec ses basses punchy, ses médiums clairs et ses aigus hors-normes, le son envoyé dans les oreilles témoigne du savoir-faire unique de la marque. Le côté FX du casque est qu'il est livré avec un sac en toile contenant un micro et une télécommande de contrôle certifiés Apple !
Techniquement parlant, le cordon, avec connecteur doré 3.5mm et adaptateur 6.35mm, est donc équipé d'une télécommande avec micro intégré, et un contrôle de volume qui ne fonctionnera qu'avec les appareils mobiles d'Apple. Côté spécifications, le "Major 50 FX" dispose de haut-parleurs de  40mm, une impédance de 47 Ohms, une sensibilité de 98dB SPL et d'un niveau de puissance maximal de 20mW.
Le "Marshall Major 50 FX" est avant tout un casque coup de cœur. On adopte son design, on célèbre la marque, on se délecte de la signature audio Marshall. Le "Major 50 FX" est beau, bien fini et fonctionnel. Il reste assez confortable car léger. Marshall a conçu un casque linéaire qui propose une restitution naturelle du son. C'est réussi même si la chaleur des médiums collera plus à certains styles (jazz, classique, rock garage, pop, flamenco…) qu'à d'autres (métal, électro, hip-hop…).
Malgré un prix assez prohibitif de 150 euros, ce casque contient en son sein "l'âme du rock", parce qu'il faut se l'avouer, il est réellement idéal pour ce style de musique ! De quoi vous procurer encore plus de sensations musicales !!! 

mercredi 23 janvier 2013

Livre (BD) - Asgard aux éditions Dargaud

Dargaud - Asgard, Tome 1 "Pied de fer" : Un univers nordique parfaitement restitué par une narration fluide et dynamique et une écriture efficace et percutante !!!

Note : 4.25 / 5

Synopsis :
Il y a 40 hivers, les Dieux du Northland l’ont puni en faisant de lui à la naissance un "skraëling", littéralement "un homme laid", un infirme. Différent parce que né avec un seul pied. Son père aurait dû s’en débarrasser pour éviter que sa maison soit marquée du sceau de la malédiction. Mais il n’a pas pu. Et en une ultime ironie, il lui a donné le nom d’Asgard, nom du royaume que les Dieux lui avaient refusé.
On le surnomme aujourd’hui "Pied-de-Fer". Et ce matin-là, il recueille sur le rivage Sieglind, une jeune esclave affranchie et à demi-consciente, la seule survivante du naufrage d’un petit navire de pêche. Comme bien d’autres avant lui, l’équipage vient de faire une funeste rencontre : un Krökken, un monstre marin sorti des enfers. La bestiole immonde fait des ravages en décimant la population du village de Dyflin ou en empêchant les drakkars royaux de prendre la mer pour livrer combats et rapporter leur butin.
Asgard n’était pas là par hasard. Il est en effet un chasseur de monstres réputé. En raccompagnant la jeune fille à Dyflin, il propose d’ailleurs aux villageois de ramener la tête du monstre contre 1000 talents d’argent. La somme est rondelette. Kristen, du clan des Aardvern, lui offre pour tout paiement ses deux bras et son navire, le dernier du village. Svenn Larssen, le scalde, propose quant à lui ses talents d’ancien marin expérimenté. "Pied-de-fer" s’apprête à refuser ses offres, quand un valeureux guerrier de la garde royale propose sa vaillance et 2000 talents d’argent. Après quelques préparatifs, l’équipage prend la mer.
Critique :
A la barre "d’Asgard", on retrouve Xavier Dorison  ("Long John Silver", "Le Troisième Testament", "Sanctuaire",…) au scénario et Ralph Meyer ("Berceuse Assassine", "Ian") au dessin. Prévu en deux tomes aux éditions Dargaud, "Asgard" revoit donc le duo Dorison / Meyer se reformer depuis leur association sur la collection "XIII Mystery" qu’ils avaient entamée avec le premier album "La mangouste". C’est donc avec une certaine excitation qu’on les retrouve pour cette histoire nordique.
Au centre du récit, un quadra maudit (en raison d’une infirmité congénitale), ex-guerrier, solitaire et chasseur réputé de grosses vilaines bestioles. Pour faire craquer sa grosse carapace, une orpheline animée d’une redoutable énergie. Tout autour s’anime alors, avec une justesse rigoureuse, un univers viking dont les contours esquissés dans ce premier tome rappellent ceux de "Thorgal", ni plus ni moins.
Un peu de vocabulaire viking, un peu de folklore nordique, un dessin mature et voilà une bonne histoire de viking qui n’a rien de banale, même si elle reste assez classique. Traitée simplement, on ressent tout le poids des histoires personnelles des personnages et en particulier le lien qui va se tisser entre Sieglind, orpheline de parents esclaves et Asgard le "skraëling". Et si chacun a beaucoup à gagner à s’embarquer dans cette aventure, ils ont aussi beaucoup à perdre, et en particulier la vie.
Avec Asgard, on voit tout de suite que Dorison veut se concentrer sur la chasse épique de son petit groupe et décide pour se faire de tout miser sur l’efficacité maximum et un rythme soutenu. Tout se met en place assez vite et, surtout, avec justesse. En ça l’auteur décide d’aller à l’essentiel en fournissant les informations nécessaires aux lecteurs, sans s’encombrer de superflu. Ce choix permet de nous faire vivre la tension présente sur le bateau et de s’assurer que notre concentration est à 100 % là où Dorison veut qu’elle soit.
Cette pratique est assez risquée, mais au final l’exercice est maîtrisé et rend le tout assez atypique. On a donc affaire à des planches avares en dialogues, mais diablement fluides qu’on enchaîne rapidement afin de suivre les mésaventures de Pied de Fer et sa troupe. Mais voilà, bien que cela soit efficace c’est peut-être bien là son principal défaut. Le rythme étant si haletant et rapide qu’on enchaîne un peu trop vite les pages, sans toujours bien prendre le temps d’observer à leurs justes valeurs les casses de Meyer, et en peu de temps, on se retrouve déjà à reposer l’album que l’on vient de dévorer.
Pour autant dédié principalement à l’aventure et l’action, le récit (prévu en 2 tomes) s’ouvre un large potentiel. Dorison n’explore en effet que par petites touches parcimonieuses le profil de son personnage principal en laissant plusieurs balises qui, exploitées a posteriori, pourraient nous offrir une série au long court.
Sans entrer trop dans les détails, le scénariste nous présente à la fois le cadre historique, culturel, environnemental et les personnages qui peuplent ce monde. À travers la série "Asgard", l’auteur arrive à traiter de vastes thèmes comme celui de la lutte d’un homme contre les dieux, contre son destin, mais aussi de sa place dans la société et l’inefficacité de cette dernière à s’adapter aux changements.
Très impressionnant, le dessin de Ralph Meyer nous gratifie de quelques belles cases avec de belles gueules. En particulier, le personnage d’Asgard exprimant à la fois virilité et sagesse. On perçoit un homme endurcit par la vie, mais ayant acquis une certaine expérience issue de ses désillusions et de la connaissance de la nature humaine.
Meyer arrive à nous proposer une mise en scène qui lui est propre et qui ne cherche pas à imiter le style d’un autre auteur. Le découpage est excellent, et rend l’aventure vibrante, énergique, et donne du sens à l’histoire de chasse. Le trait du dessinateur arrive à la fois à donner de la puissance aux personnages nordiques durs et massifs que sont les guerriers vikings, tout en donnant de la finesse et fragilité au personnage de l’innocente Sieglind.
En ce qui concerne les paysages, Meyer arrive à jouer la carte du dépaysement en nous offrant des paysages de fjords magnifique, et se joue de cet effet carte postale, pour faire le contraste avec l’arrivée de la bête monstrueuse. Chaque planche est vraiment un bonheur pour les yeux tant le dessin est beau précis et plein de détails. Plus important encore, le trait de Meyer participe à la fluidité de l’histoire et sert aussi à masquer l’absence fréquente de texte.
L’idée du mouvement est parfaitement retranscrite, et la colorisation oscillant entre les gris bleutés, gris verts et les rouges orangés retranscrivent bien l’aspect glacé et sombre que l’on peut se faire de cet univers nordique. Ainsi son travail est un sérieux atout pour la réussite de ce projet. Bref, son talent explose littéralement et font de cette entame un véritable petit bijou.
En résumé, "Asgard" est une œuvre qui regorge de technicité afin de livrer au lecteur un résultat accessible, prenant, montrant le niveau de savoir-faire des deux artistes qui savent très bien ce dont est capable l’autre. Bien qu’assez classique l’histoire de Pied de fer n’en reste pas moins efficace, intéressante et est l’une des bonnes surprises franco-belge de l’année 2012.
"Asgard" est une fresque épique parmi les vikings ! Une légende que doit affronter un guerrier maudit des dieux : le terrible serpent-monde, fils des dieux et incarnation d'une terrible prophétie. On s'attache à ce farouche guerrier qui ne recule devant rien et personne, poursuivant inlassablement sa quête. Les graphismes sont très beaux, réalistes et parés de couleurs vives. Un excellent premier tome !!!

mardi 22 janvier 2013

DVD - When we were kings de Leon Gast

Leon Gast - When we were kings : Deux boxeurs, deux visions de l'Amérique qui s'affrontent !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :
En 1974 à Kinshasa, capitale du Zaïre, eut lieu une rencontre historique entre les deux poids lourds les plus réputés des Etats-Unis, Muhammad Ali, alias Cassius Clay, et George Foreman. A trente-deux ans, Ali passe pour un has-been tandis que Foreman, vingt-cinq ans, est auréolé de ses victoires sur Frazier et Norton.
Après avoir été déchu de ses droits pour insoumission (refus de participer à la guerre du Vietnam) pendant trois ans et demi, Ali avait décidé de reconquérir son titre en 1970. Le 30 octobre 1974, le stade de Kinshasa ouvre ses grilles à 4 heures du matin.

Critique :
Tous les amateurs de boxe ont en mémoire un combat mythique, peut-être le plus célèbre de l'histoire des poids lourds : celui qui opposa, en 1974 à Kinshasa, au Zaïre, Muhammad Ali, alias Cassius Clay, prodige vieillissant (nommé sportif du XXe siècle par une assemblée de journalistes internationaux, précédant Pelé), à George Foreman, jeune bulldozer réputé invincible. Pour les historiens, ce combat, accompagné d'un concert fleuve de James Brown, B.B. King et Miriam Makeba, marque une date essentielle dans l'histoire de la communauté afro-américaine : la prise de conscience de ses racines.
"When we were Kings" est un film documentaire sur L’Événement sportif de l'année 1974. Pour cela, Leon Gast a utilisé des images et de témoignages d'époques. L'événement est LE combat de boxe du siècle orchestré autour de la communauté noire américaine. 
Cette rencontre se déroule dans un pays renversé par un jeune général, un "certain" Mobutu dans un "superbe costume léopard". Boxeurs, artistes sont venus accompagnés par les médias. On commence donc par un match de conférences de presse, avec un Ali déchaîné, véritable comédien et un Foreman plus discret et moins charismatique. 
Pour Leon Gast, qui filma l'événement, c'est un invraisemblable marathon de vingt-deux ans, commencé dans la souffrance, terminé dans le bonheur, avec l'Oscar du meilleur documentaire l'année de sa sortie (1996). Maintenant, "When we were kings" est d'abord le portrait d'un grand personnage de cinéma. Un homme capable d'introduire dans sa vie, et dans ce documentaire, un rêve de fiction, en endossant tous les rôles : boxeur, bien sûr ­ il est même l'un des plus grands de tous les temps ­, Muhammad Ali est aussi histrion, poète, meneur d'hommes, leader charismatique... Mais, avant tout, scénariste inspiré : cette histoire, son histoire, il l'écrit et la maîtrise de bout en bout. Il est le deus ex machina de ce film.
C'est comme s'il en avait pris les commandes. Il se joue de la caméra comme s'il se tenait entre les cordes, avec un sens très sûr de l'esquive et du harcèlement, des allers-retours saisissants entre le calcul et l'improvisation, une puissance magnétique de démolisseur qui se régale du moindre espace et pose méthodiquement, comme à chaque round de sa carrière, le sens d'un combat au sens large. "J'ai une mission", souffle Ali à l'équipe qui le suit pas à pas dans sa retraite de Kinshasa où il est accueilli en prophète. "Au diable l'Amérique ! Après 4 000 ans d'esclavage, je rentre chez moi, je suis de retour en Afrique". "Je vais combattre pour mon peuple, lance-t-il aussi. Pour ceux qui dorment sur le pavé, pour les camés, pour les prostitués".
Dès l'instant où il pose le pied sur le sol africain, dans le Zaïre de Mobutu, l'ancien champion du monde, converti à l'islam, condamné à cinq ans de prison pour avoir refusé de servir au Vietnam, comprend qu'il tient le rôle de sa vie, sa grande histoire. "La démission de Nixon a surpris mais... attendez que j'écrase Foreman", lâche-t-il, survolté, presque possédé. Ces micros qui se tendent vers lui, ces caméras qui le suivent partout, Muhammad Ali les met à son service. Bête de scène avant d'être un fauve sur le ring, il lance ses répliques comme des directs et trouve des images cocasses. Autant de trouvailles sûrement travaillées, mais auxquelles il sait donner toute l'apparence du spontané.
Le combat de Kinshasa c'est toute la fureur retenue, la colère et en même temps la certitude d'un homme bafoué qui va gagner le combat de sa vie. D'une scène à l'autre, Ali prend l'ascendant sur l'invincible Foreman, ravalé au rang de vilain, falot, Noir coupé des Noirs et que l'Afrique prend en grippe sur l'air de "Ali Bomayé !" ("Ali détruis-le !"). "Qui est-il ?" demande Ali dans son autobiographie. "Il est l'Amérique blanche, la chrétienté, le drapeau". "When We Were Kings" nous mène ainsi au combat sans faux rythme en s'appuyant sur les souvenirs des témoins de l'époque.
Le génie d'Ali devient éclatant lorsqu'il comprend qu'il peut gagner en donnant à son combat l'allure d'une croisade. Objectivement plus faible que son adversaire, il le démolit psychologiquement bien avant de monter sur le ring, mettant à profit le report du match (pour une blessure à l'entraînement de Foreman) pour rallier le pays, mais aussi tous les Noirs d'Afrique et d'Amérique, à sa cause.
On n'est pas seulement fasciné. On est d'abord ému, parce qu'on devine Ali ravagé par la peur. Derrière le surhomme, il y a l'humanité de celui qui se met au niveau des autres. Du coup, il force chacun, son adversaire mais aussi les témoins de l'événement ­ que l'on retrouve aujourd'hui ­, à se situer par rapport à lui : Muhammad Ali devient le film à lui tout seul.
En d'autres termes, "When We Were Kings" est un documentaire monté avec du suspens, un final inattendu et un véritable scénario, où les personnages sont riches en couleur (pas uniquement les vedettes, puisque les entraîneurs, le manager de L'événement, etc. valent également le détour). Le film va bien plus loin qu'un simple match de boxe, il offre une vision des années 70 when we were kings. Aujourd'hui, personne ne porte une communauté comme a pu le faire Ali, quand les rois n'étaient pas les rois du business, bien moins glorieux !!!