Note : 4.5 / 5
Ariel Pink, le maître du pop underground, lo-fi psychédélique-étrange a lancé avec son band son nouvel album, "Mature Themes". En 2010, le dernier album du groupe, "Before Today", a attiré le spotlight sur eux avec des monuments comme "Beverly Kills", "Fright Night", "L’estat" et "Round and Round". Chef-d’œuvre du lo-fi, "Before Today" a
définitivement été un album marquant en 2010, et probablement qu’il
sera un album marquant de cette décennie. Le band a ensuite pris
d’assaut la route et s’est donné en spectacle pendant un bon moment avant de retourner en studio. Ainsi, la question se pose : "Mature Themes" est-il à la hauteur de son prédécesseur ?
Le californien Ariel Pink, de son vrai nom Ariel Marcus Rosenberg, est quand même assez spécial comme garçon et brouillon aussi. Bien soutenu par Haunted Graffiti,
l’écoute de "Mature Themes" a quelque chose de brillant tout en étant un
peu du grand n’importe quoi. C’est Lo-Fi, c'est un véritable état de fait. Cela peut
laisser penser à du Byrds comme sur "Only In My Dreams".
Né en 1978 à Los Angeles, Ariel Pink a grandi dans un environnement
sonore d’une luxuriance et d’une diversité inouïe. La fin de la
décennie 70 et le début de la suivante constituent à n’en pas douter une
séquence particulière dans l’histoire de la pop. Un moment à part, qui
ne s’est jamais reproduit depuis, où le clivage entre mainstream et
innovation tend à s’estomper. Où Fleetwood Mac, AC/DC, The Clash,
Michael Jackson, The Police, Chic, Bob Marley, The Cure ou Talking Heads
séduisent autant les mélomanes exigeants que le grand public. Dès lors,
on peut imaginer à quoi ressemblait l’enfance d’Ariel Pink, voire
spéculer sur ce que fut sa gestation dans le ventre d’une mère exposée à
un faisceau de vibrations aussi hétérogènes que bienveillantes, lui permettant de s'ourler de cet univers qui lui est propre.
D'ailleurs le choix du morceau promotionnel de l'album est assez emblématique ! Le choix du premier simple tiré de "Mature Themes" (un vieux titre oublié d’un duo soul kitsch) nous confirme que le groupe souhaitait éviter toute impression de surplace. Sérieusement, qui d’autre que Rosenberg aurait pu opter pour une reprise de Donnie & Joe Emerson ("Baby"),
afin de promouvoir un nouvel album ? Surtout pour suivre un album qui
avait reçu une couverture médiatique aussi notable et positive.
La première chose qui frappe sur ce nouvel opus est la production. Ariel semble avoir voulu faire place à des sons plus riches de prime abord que sur "Before Today". Cependant la "modernisation" d’Ariel Pink ne va pas plus loin, les synths sont toujours
très présents, les ambiances électroniques étranges aussi. Il n’y a que
la qualité du son qui a changé. Il semble bien que son approche est très artistique (notamment sur
"Nostradamus and Me" et ses claviers aériens) et, en cela, il mérite
largement d’être écouté plusieurs fois.
"Kinski Assassin" ouvre l’album. Les mots manquent pour décrire ce qui se joue dans les speakers.
Un hybride entre de la musique de jeux vidéo et du keyboard cucul
d’église. Ariel chante des paroles qui ne font
aucun sens. Il est en forme. Le niveau d’étrangeté est maintenu tout au
long de l’album. Même les ballades comme "Mature Themes" et "Only In My Dreams" ont un petit quelque chose signé Ariel Pink.
Chaque chanson est unique et elles transportent toutes un mood différent. On aime le ton léger/happy sur "Mature Themes" ou "Only In My Dreams", ou encore l’angoissante et mystérieuse "Driftwood". "Schnitzel Boogie" risque d’en déstabiliser plusieurs alors que "Symphony of the Nymph" accrochera certainement un sourire aux plus immatures d’entre vous. "Early Birds of Babylon" est de loin le titre qui touche le plus. Il y a de la qualité chez ce garçon et des idées bien faites.
Son univers est bizarre, atypique, très FM 80’s
avec ce qu’il faut d’underground pop pour inciter la curiosité et l'envie de l'écouter. De tout ça découle un enregistrement qui peut se montrer assez déconcertant lors des premières écoutes. Après l’électrochoc de "Before Today", peu se doutaient que Rosenberg ferait un pas vers l’arrière pour se réapproprier ses racines lo-fi. Encore moins, qu’il nous offrirait un album autant construit autour des claviers.
Au final, la qualité qui se retrouve sur la majorité des nouveaux morceaux de Rosenberg
compensent amplement pour la faiblesse d’une ou deux interludes qui
auraient pu être laissées de côté. Quelques écoutes déstabilisantes et
puis, la satisfaction suivra. En fait, on est prêt à tout pour suivre ce zinzin dans les méandres de
sa folie "mélomanophage". On est prêt à tout pour voir à nouveau la vie en
rose. Avec "Mature Themes", Ariel Pink a relevé le défi : être encore plus marginal, et c'est bon !!!