lundi 31 décembre 2012

Musique - Mature Themes d'Ariel Pink's Haunted Graffiti

Ariel Pink's Haunted Graffiti - Mature Themes : Une sublime pop retro-futuriste, planante et déstabilisante !!!

Note : 4.5 / 5

Ariel Pink, le maître du pop underground, lo-fi psychédélique-étrange a lancé avec son band son nouvel album, "Mature Themes". En 2010, le dernier album du groupe, "Before Today", a attiré le spotlight sur eux avec des monuments comme "Beverly Kills", "Fright Night", "L’estat" et "Round and Round". Chef-d’œuvre du lo-fi, "Before Today" a définitivement été un album marquant en 2010, et probablement qu’il sera un album marquant de cette décennie. Le band a ensuite pris d’assaut la route et s’est donné en spectacle pendant un bon moment avant de retourner en studio. Ainsi, la question se pose : "Mature Themes" est-il à la hauteur de son prédécesseur ?
Le californien Ariel Pink, de son vrai nom Ariel Marcus Rosenberg, est quand même assez spécial comme garçon et brouillon aussi. Bien soutenu par Haunted Graffiti, l’écoute de "Mature Themes" a quelque chose de brillant tout en étant un peu du grand n’importe quoi. C’est Lo-Fi, c'est un véritable état de fait. Cela peut laisser penser à du Byrds comme sur "Only In My Dreams".
Né en 1978 à Los Angeles, Ariel Pink a grandi dans un environnement sonore d’une luxuriance et d’une diversité inouïe. La fin de la décennie 70 et le début de la suivante constituent à n’en pas douter une séquence particulière dans l’histoire de la pop. Un moment à part, qui ne s’est jamais reproduit depuis, où le clivage entre mainstream et innovation tend à s’estomper. Où Fleetwood Mac, AC/DC, The Clash, Michael Jackson, The Police, Chic, Bob Marley, The Cure ou Talking Heads séduisent autant les mélomanes exigeants que le grand public. Dès lors, on peut imaginer à quoi ressemblait l’enfance d’Ariel Pink, voire spéculer sur ce que fut sa gestation dans le ventre d’une mère exposée à un faisceau de vibrations aussi hétérogènes que bienveillantes, lui permettant de s'ourler de cet univers qui lui est propre.
D'ailleurs le choix du morceau promotionnel de l'album est assez emblématique ! Le choix du premier simple tiré de "Mature Themes" (un vieux titre oublié d’un duo soul kitsch) nous confirme que le groupe souhaitait éviter toute impression de surplace. Sérieusement, qui d’autre que Rosenberg aurait pu opter pour une reprise de Donnie & Joe Emerson ("Baby"), afin de promouvoir un nouvel album ? Surtout pour suivre un album qui avait reçu une couverture médiatique aussi notable et positive.
La première chose qui frappe sur ce nouvel opus est la production. Ariel semble avoir voulu faire place à des sons plus riches de prime abord que sur "Before Today".  Cependant la "modernisation" d’Ariel Pink ne va pas plus loin, les synths sont toujours très présents, les ambiances électroniques étranges aussi. Il n’y a que la qualité du son qui a changé. Il semble bien que son approche est très artistique (notamment sur "Nostradamus and Me" et ses claviers aériens) et, en cela, il mérite largement d’être écouté plusieurs fois.
"Kinski Assassin" ouvre l’album. Les mots manquent pour décrire ce qui se joue dans les speakers. Un hybride entre de la musique de jeux vidéo et du keyboard cucul d’église. Ariel chante des paroles qui ne font aucun sens. Il est en forme. Le niveau d’étrangeté est maintenu tout au long de l’album. Même les ballades comme "Mature Themes" et "Only In My Dreams" ont un petit quelque chose signé Ariel Pink.
Chaque chanson est unique et elles transportent toutes un mood différent. On aime le ton léger/happy sur "Mature Themes" ou "Only In My Dreams", ou encore l’angoissante et mystérieuse "Driftwood". "Schnitzel Boogie" risque d’en déstabiliser plusieurs alors que "Symphony of the Nymph" accrochera certainement un sourire aux plus immatures d’entre vous. "Early Birds of Babylon" est de loin le titre qui touche le plus. Il y a de la qualité chez ce garçon et des idées bien faites.
Son univers est bizarre, atypique, très FM 80’s avec ce qu’il faut d’underground pop pour inciter la curiosité et l'envie de l'écouter. De tout ça découle un enregistrement qui peut se montrer assez déconcertant lors des premières écoutes. Après l’électrochoc de "Before Today", peu se doutaient que Rosenberg ferait un pas vers l’arrière pour se réapproprier ses racines lo-fi. Encore moins, qu’il nous offrirait un album autant construit autour des claviers. 
Au final, la qualité qui se retrouve sur la majorité des nouveaux morceaux de Rosenberg compensent amplement pour la faiblesse d’une ou deux interludes qui auraient pu être laissées de côté. Quelques écoutes déstabilisantes et puis, la satisfaction suivra. En fait, on est prêt à tout pour suivre ce zinzin dans les méandres de sa folie "mélomanophage". On est prêt à tout pour voir à nouveau la vie en rose. Avec "Mature Themes", Ariel Pink a relevé le défi : être encore plus marginal, et c'est bon !!! 

samedi 29 décembre 2012

Série - Magic City produit par Starz

Starz - Magic City : Une vicieuse Miami dans la fin des années 50 !!!

Note : 4 / 5

Synopsis :
Miami Beach, 1959. Ike Evans est le propriétaire du somptueux Miramar Playa Hotel en une période troublée. La Havane, vient de tomber aux mains de Fidel Castro, et n’est plus le paradis des joueurs. 
Ces derniers se tournent vers un nouvel eldorado : Miami, où se croisent aussi bien des mafieux que des hommes politiques ou des vedettes. C’est dans ce contexte qu'Ike Evans se retrouve mêlé à des histoires louches pour faire survivre son palace.

Critique :
Au départ considéré comme un sous-genre, l'art de la série télévisée a aujourd'hui gagné ses lettres de noblesse. Le nombre de production de grande qualité s'accroît d'année en année, au point d'abolir les frontières qui existaient entre cinéma et télévision.
Dans cette optique, l'Amérique n'en finit pas de revisiter sa jeune histoire. Après la pègre des "Soprano", la prohibition de "Boardwalk Empire" ou l'essor de la société de consommation avec "Mad Men", c'est au tour de Miami Beach et ses dérives de faire l'objet d'une série. Toujours dans la même veine enfumée et masculine, on aborde ici le monde des hôtels de luxe de Miami et leurs connections mafieuses à la fin des années 50.
Pour une fois ce n’est pas HBO, ni AMC, qui est à l’origine de ce projet aux ambitions cinématographique. Une superbe image léchée aux teints jaune orangés très "la havane", et une thématique clairement inspirée du "Casino" de Scorsese.  Après la ratée "The Playboy Club" et la timide "Pan Am", c'est une chaîne du câble qui tente sa chance, Starz (dont la dernière production en date, "Boss", est une merveille), avec "Magic City".
Une fois de plus, la chaine Starz s’essaie à un autre style. Avec "Magic City", créée par Mitch Glazer, on plonge dans une ambiance proche du film Noir sous le soleil de la Floride en 1959. L’histoire tourne autour de la famille Evans qui est aux commandes du Miramar Playa, l’hôtel de luxe par définition à Miami.
Starz se lance encore une fois dans un chantier intéressant, une autre série de qualité. Après s'être aguerri du cinéma de Gus Van Sant (qui avait réalisé le pilote de "Boss", s'agissant de l'histoire du Maire de Chicago atteint de dégénérescence mentale et tentant de cacher son état à son entourage), cette fois "Magic City" s'inspire étonnement bien du cinéma de Brian de Palma avec un petit côté David Lynch, comme cerise sur le gâteau.
Nous accompagnons ici principalement Ike Evans alors qu’il tente de garder son business en forme, passant des deals avec des personnes pas toujours intègres et faisant des concessions pour obtenir ce qu’il veut. Il a de l’influence et de l’argent, mais moins qu’il en a réellement besoin pour pouvoir se libérer d’associés peu recommandables. L’idée est donc de voir comment Ike se retrouve à devoir payer le prix d’erreurs passées tout en construisant un avenir pour sa famille.
Campé par Jeffrey Dean Morgan (le Comédien de "Watchmen", Denny Duquette dans "Grey's Anatomy" ou encore John Winchester dans "Supernatural"), le personnage d'Isaac "Ike" Evans est le pivot central de l'histoire qui se déroule entre des bars aux allures Art Déco et des piscines d'hôtels luxueux. Son personnage en jette tout de suite. L'acteur s'amuse avec nous et la caméra et on ne peut que l'en remercier. Du personnage de Ike se dégage une certaine candeur mais aussi une aisance assez distinguée, franchement inspiré de la classe de Don Draper dans "Mad Men" (le look, les Rayban, mais loin d'en être une pâle copie, juste un faux air). Surtout que Ike se détourne rapidement de cette image que l'on peut avoir de lui pour être bien plus sympa en père de famille d'Olga Kurylenko (James Bond girl dans Quantum of Solace pour les incultes).
Comme dans "Casino", le récit laisse une large part à la vie privée d'Ike. La différence de taille est qu'Ike, même si c’est un homme qu’on ne voudrait pas se mettre à dos, est bien moins antipathique que Sam Rothstein (Robert De Niro). Père de famille veuf et remarié, Ike à une conscience et applique ces méthodes douteuses plutôt à contre cœur mais n’a pas le choix s’il veut survivre. Ce personnage attachant et charismatique est interprété parfaitement par le colosse Jeffrey Dean Morgan. Cigare ou clope vissé au bec, il porte à lui seul la série du haut de ses 1m88. Pas d’autre mot il a juste la classe.
Le point de départ de la série n’offre cependant pas véritablement d’enjeux clairs pour cette première saison, mais il est rapidement évident que "Magic City" compte se reposer énormément sur son ambiance pour pouvoir entretenir une impression de danger presque constante. Il faut dire que le mafieux Ben Diamond impose toute l’imprévisibilité nécessaire en se montrant complètement instable et incroyablement violent. Il est ce qui alimente la tension continuelle qui permet aux scénaristes de prendre leur temps pour définir une image solide de ce qu’ils veulent accomplir.
Même si l'histoire n'est donc pas encore tout à fait construite, on est tout de suis plongé dans un univers bien particulier qui respire bon la Havane, sa chaleur et surtout cette fumée de cigare. L'esthétique et l'ambiance de la série procurent un sublime plaisir, dévoilant l'atmosphère brûlante de Miami, ses plages, son marbre, ses décapotables et sa musique latine mâtinée de jazz.
Petit bémol, esthétiquement irréprochable, "Magic City" est par moment bien plus soignée visuellement que scénaristiquement, ce qui éclipse occasionnellement la redondance de certaines situations, mais ce n’est au final pas suffisant pour camoufler certaines hésitations qui ralentissent le décollage de l’histoire.
Ainsi, il est nécessaire d’attendre la seconde moitié de la saison pour commencer à véritablement prendre la mesure des choses. Heureusement, le casting est des plus solides, tout particulièrement avec Jeffrey Dean Morgan, Danny Huston et Olga Kurylenko qui donnent un véritable intérêt au visionnage, et ce, dès le début !
Finalement, la série, outre ses qualités esthétiques et sa patience (les personnages sont intelligemment amenés, le décor posé sans empressement) vaut surtout pour la personnalité de Ike, veuf tourmenté par son passé et ses crimes récents et à venir, mais trop ambitieux ou trop lâche pour faire machine arrière. Tour à tour bonhomme, anxieux et menaçant, Jeffrey Dean Morgan enfile le costard (blanc, à la mode floridienne) avec un certain charme.
En bref, un bel hommage au cinéma de De Palma et de Scorsese. Belle esthétique mais aussi bon casting et une intrigue de base pour le moment intéressante. Une belle réussite qui prouve un potentiel qui ne demande qu’à être exploité dans des intrigues plus étoffées dans le futur de la série.
Au final, cette première saison fonctionne donc convenablement grâce à un agencement chanceux qui a permis à l’ensemble de prendre forme tranquillement. C’est indéniablement perfectible, mais même quand le scénario est un peu trop plat ou cliché, "Magic City" se révèle être un divertissement plaisant et suffisamment dépaysant pour ne pas être dénué d’intérêt. La qualité allant en s’améliorant d’un bout à l’autre, la seconde saison s’annonce en tout cas des plus prometteuses !!!

vendredi 28 décembre 2012

Boutique - Opium Garden Clothing de la famille Marciano

Opium Garden Clothing : Des T-Shirts incontournables en voie de devenir mythiques !!!

Note : 4.5 / 5

Le t-shirt est devenu dans les années 2000 un indispensable, un basique à avoir absolument dans sa garde-robe. En soirée, au boulot, pour faire du sport ou du shopping, porté sur un jean ou une jupe, le T-shirt est de toute les occasions. Les marques sont nombreuses, à chacune son message, à chacune son style, cependant une d’entre elle a réussi à faire la différence et c’est "Opium Garden Clothing" ("OGC"). Cette dernière se présente comme la marque du graphique t-shirt, se positionnant sur des produits à l’identité forte, et sur un esprit Rock.
Arrivé dans l'Hexagone, "OGC" est le nouveau label de la famille Marciano, créateurs de la célèbre marque de prêt-à-porter "Guess". Au programme : des t-shirts fun pour homme et femme en coton bio, made in France. Des dessins imaginés par une équipe de stylistes voyageant aux quatre coins du monde pour concevoir des t-shirts aux univers variés, sexy et au graphisme identitairement fort !
C’est en 2003 après avoir fait la rencontre aux États-Unis de la diva Whitney Houston, qu’Ari Marciano créa "Opium Garden Clothing", une marque de T-shirt fashion. Depuis, leurs graphistes parcourent les endroits les plus hype du monde (Ibiza, Los Angeles, New York, Miami, Sao Paulo) et ramènent avec eux un univers graphique Rock au Design branché.
"OGC" propose des t-shirts éthiques et sexy dans quatre gammes de couleurs (noir, blanc, rose et bleu), que vous pouvez découvrir et acquérir sur "www.opiumgardenclothing.com" ou sur leur page Facebook. "Opium Garden Clothing" propose une cinquantaine de modèles à l'esprit rock, à l'humour décalé et revisite les codes du sex-appeal trendy ! Le résultat est surprenant tant par les dessins originaux que par les couleurs flashy et les coupes près du corps qui donnent une touche ultra branchée pour les hommes.
Des coupes bord franc, roulottées ou asymétriques, cols ronds, V ou à décolletés profonds pour certains modèles. Manches courtes, sans manches, bref un choix complet de tops à porter avec un jean ou une jupe… Tout ce qu'il faut pour donner une touche de caractère à sa tenue finale !!!

jeudi 27 décembre 2012

Musique - An Awesome Wave d'Alt-J

Alt-J - An Awesome Wave : Un British Pop dont le charme opère dès la première écoute !!!

Note : 4.5 / 5

Les quatre anglais d’Alt-J (Δ) ne veulent pas faire comme tout le monde. Déjà par leur nom, qui n’est autre que celui du raccourci macintosh clavier pour écrire "Δ". De même leur musique est moins simple à cerner que ce qu’on s’imagine quand on l’entend pour la première fois. On pense alors être en face d’un de ces bons albums de pop indépendante que l’Angleterre produit de temps à autre, sans réaliser que ce disque est un peu plus que cela.
Le quatuor de Leeds débarque avec des idées plein les chaussettes et des chansons souples, cotonneuses, fabriquées avec une douceur virtuose. Claque immédiate. Le style frais et métamorphe inventé par Alt-J décrit des formes arrondies absolument irrésistibles. Et, à mon sens, ce premier album, "An Awesome Wave", est impérial !
Si les triangles semblent parfois tourner à l’obsession chez le chanteur et guitariste du groupe Joe Newman ("triangles are my favourite shapes", "les triangles sont mes formes préférées", susurre-t-il sur "Tessellate", métaphore habile pour parler de triolisme), tout n’est pas question de géométrie chez le jeune groupe de Leeds. Au contraire, leur pop sinueuse, imprévisible, ne respecte aucune loi arithmétique : elle est physique plutôt que mathématique.
La première bonne surprise de ce premier opus, c’est qu’il est construit comme un véritable album, qu’on se doit d’écouter dans l’ordre. Ainsi "l’Intro", après quelques mesures de piano, laisse échapper un "1, 2, 3, Yeah" sonnant comme une invitation à oublier ses repères et à les suivre dans un monde un peu différent. Après un interlude vocal qui ne laissera pas l’auditeur indifférent, l’excellente "Tessellate" introduit cette notion de folk-step que le quatuor anglais attribue à son album. 
On y trouvera cette opposition latente entre rythmique ultra-recherchée et l’expression trainante de la voix si particulière de Joe Newman. C’est aussi un des éléments de la réussite de "Breezeblocks", ou de "Fitzpleasure" où on se plonge avec plaisir dans cette batterie au bord du désordre, tandis qu’il ne faudra pas très longtemps pour chanter la mélodie d’instinct.
Alt-J jouent la discrétion et l'image floue, tout à l'opposé de leur musique, élégamment rigoureuse et singulière. Ce quartette de nerds, cérébraux admirateurs de Radiohead revendiquant les appellations de folk-step ou d'avant-pop, réussit un joli tour de force : concevoir scientifiquement, en gardant la tête froide, des chansons étrangement sensibles et émouvantes. 
On songe, dans l'esprit plus que dans la forme, à The XX, Vampire Weekend ou Wild Beasts. Un rock ligne clair, esthète, qui ne se laisse pas emprisonner dans sa préciosité. Tout comme la voix haute perchée, troublante et caméléonesque de Joe Newman joue habilement des contrastes, les claviers, la guitare et la rythmique trouvent un harmonieux équilibre entre sons organiques et synthétiques.
Alt-J créent du neuf en donnant l’impression de ne rien calculer, de jouer entièrement relâchés. Bien qu’extrêmement réfléchies et branchées simultanément sur plusieurs genres musicaux, leurs compositions dégagent la tranquilité d’un hit reggae et le groove efficace d’un bon beat hip-hop. Alternant retenue et explosivité sécurisée. L’ensemble sonore, pourtant libre et renversant, aboutit quand même sur des tubes légers, faciles à ingérer et digérer. Et ce constat se répète inlassablement durant les différentes fulgurances des britanniques.
Secondée par celle de Gus Unger-Hamilton (clavier), avec lequel s’installe sans cesse un jeu d’harmonies vocales intenses (les sublimes "Breezeblocks", "Ripe & Ruin"), la voix de Joe, tantôt papier de verre, tantôt soie, cimente ensemble les treize morceaux de l’album à la production diabolique. Elle installe aussi, étonnamment, une sensualité parfois troublante. Décomposés, pleins de fractures, de revirements, la charnelle "Tessellate", l’exotique "Taro", brillante conclusion de l’album, "Fritzpleasure" et ses beats-poignards deviennent, grâce à elle, des numéros d’équilibristes organiques, grisants, voire étourdissants.  
De plus en plus de groupes brouillent les frontières du commercial et de l’expérimental, mais Alt-J est sûrement l’un de ceux qui maîtrisent le mieux les deux aspects. Seul point faible : de petites interludes ici et là (trois au total) et quelques chansons, contrairement à d’autres, très peu mémorables viennent laisser planer le doute qu’un travail de remplissage aurait été effectué. Sur treize pièces, trois interludes non nécessaires et, disons, trois autres titres faibles, c’est beaucoup.  
Notamment "Matilda". Ce n’est pas tant que la chanson est mauvaise, mais plutôt que dès "Ms", la piste suivante, les quatre anglais se plient au même exercice avec plus d’originalité. La reprise des instruments après "Into one glass of water" est d’ailleurs un des moments forts de cet album, amenant une sensation de douceur un peu cotonneuse qu’on rechigne à laisser partir. 
Au final, les chansons d'Alt-J, malgré leurs mélodies alambiquées, s'installent en douceur dans notre cerveau pour ne plus le quitter. Si je devais vous conseiller un disque d'indie-pop-rock cette année, ce serait  "An Awesome Wave". Parce qu’il est fantastique, déjà, mais aussi parce qu’il semble pourvu d’une durée de vie quasiment illimitée !!!

lundi 24 décembre 2012

DVD - Grimlins de Joe Dante

Joe Dante - Grimlins : Une édition Blu-ray à petit prix pour un film culte des noëls des années 80 !!!

Note : 4.5 / 5 (Pour les fans)
            1 / 5 (Pour les autres)
            2.5 / 5 (Pour le Blu-ray)


Synopsis : 
Billy Peltzer est un garçon bien comme il faut. Il travaille dans une banque où il est la cible d'une vieille rombière et de son chien mais garde le sourire grâce à la présence de la belle et douce Kate. Le père de Billy est un inventeur de gadgets et d'objets bien pratiques (le fameux "cendrier sans fumée" ou encore la subtile "salle de bain de poche"), mais qui ne fonctionne qu'aléatoirement.
L'anniversaire de son fils approchant, Rand Peltzer décide de trouver un cadeau original pour son fils. Ce cadeau, il va le dégoter dans une vieille boutique de Chinatown. Le vieux chinois vendeur est d'abord réticent à l'idée de se séparer de son mogwaï mais l'appât du gain étant plus fort que tout, il cède finalement le petit animal au père de Billy. Avant de partir, il lui livre les trois règles à respecter avec le mogwaï pour qu'il n'y ait pas de soucis : ne jamais l'exposer à la lumière, ne jamais lui donner à boire ou un bain, ne jamais lui donner à manger après minuit. 
Cependant, comme d'habitude avec les jeunes, les règles sont gentiment entrées par une oreille et aussi ressorties de l'autre. Billy va découvrir que derrière son mogwaï, au doux nom de Gizmo, peut se cacher une créature vile et malicieuse.

Critique :
Produit par Steven Spielberg, "Gremlins" s'est imposé comme un film culte. Réalisé par Joe Dante, ce film a su mélanger les genres tout en proposant des personnages attachants et des effets spéciaux, en leur temps, très bien réalisés. Marqué par les années 80, "Gremlins" est un petit (mais vraiment petit) film d'horreur, mais aussi une comédie à regarder en famille et surtout par les plus jeunes d’entre vous. Car "Gremlins" a marqué l'imaginaire collectif de nombreuses personnes avec quelques scènes devenues mémorables à l'image de cette séquence dans laquelle les Gremlins se déchaînent dans une salle de cinéma sur un fameux "Hey Hi Hey Ho, on rentre du boulot !" tout droit sorti d'un Studio Disney.
Pour apprécier "Gremlins" à sa juste valeur, il faut le resituer dans le temps. D'abord, il est sorti le 5 décembre 1984 en France et il est incontestablement marqué 80's. C'est à dire que le village qui est ravagé par les Gremlins ressemble fort à un studio ou inversement. Les effets spéciaux n'ont presque pris aucune ride et le film a très bien vieilli. Ensuite, en 1984, les créatures Gremlins étaient des surprises (presque) totales, on ne savait pas à l'époque à quoi elles ressemblaient, et elles ne faisaient certainement pas partie de notre culture générale, comme c'est le cas aujourd'hui.
Notons d'ailleurs que, pour la petite histoire, les Gremlins ne sont pas sortis de l'imaginaire de Joe Dante. Ils sont apparus durant la seconde guerre mondiale dans l’imaginaire des aviateurs de la Royal Air Force. Petits lutins facétieux, ils étaient accusés par les pilotes de saboter leurs avions. Si un moteur s’arrêtait, c’était la faute d’un Gremlins qui s’y cachait. Pas forcément méchants, ils s’arrangeaient généralement pour garantir la survie du pilote. Mais parfois certains, comme le Punk à crête blanche du film, s’amusaient de voir mourir un ou deux aviateurs.
C’est Roald Dahl, pilote de la Royal Air Force, qui rapporta au grand public la légende des Gremlins à travers un livre pour enfant. Disney avait acheté les droits pour en faire un film, mais le projet n’a jamais vu le jour. Les Gremlins ont ensuite envahi les courts-métrages Warner Bros et se sont amusés à embêter les avions des Looney Tunes, avant de connaitre le chemin du grand écran, laissant de côté leur amour des avions. 
Après cette petite a parte, revenons au film. On pourrait croire que le scénario de "Gremlins" est tout droit sorti d'un conte pour enfants. D'ailleurs, le scénario est signé par un réalisateur désormais à son aise dans le fantastique familial : Chris Colombus, réalisateur des deux premiers "Harry Potter" et, ne l'oublions pas, de "Maman, j'ai raté l'avion" !
Cette histoire, le réalisateur Joe Dante et le producteur Steven Spielberg vont la mettre en image avec brio. Si le début est tout mimi, tout gentil, la suite, à partir du moment où les mogwaï ont copieusement mangé après minuit, va prendre un virage dans la comédie fantastique jubilante. On notera ainsi qu'au début, l'action se déroule de jour et qu'ensuite, la nuit va devenir le décor principal du film.
Mais "Gremlins" n'est pas à franchement parler un film d'horreur. Il y a deux niveaux de lecture. D'abord le côté film d'horreur : une situation normale est dérangée par des petits monstres cruels qui s'attaquent aux pauvres habitants d'un petit village d'Amérique. Le film réserve de ce côté-là quelques petits moments de tension et de surprises. Et puis il y a le côté comédie avec un humour noir à mourir de rire. 
C'est là que l'équipe Joe Dante-Chris Columbus (scénario)-Steven Spielberg (producteur) a fait fort, en réussissant à élever un film qui aurait été condamné à la série B en film culte grâce à un humour, disons-le, assez original. Déjà, les Gremlins ne sont pas des monstres normaux, ils aiment taquiner, ils aiment s'amuser, leur instinct animé au maximum (dire qu'ils sont cruels ne serait pas juste). On pourrait dire que les Gremlins sont le condensé de tous les vices humains sans inhibition ou morale. La scène chez "Dorry's" (une taverne) en est le plus bel exemple : gros fumeur, gros buveur, patron de la mafia, solitaire, comique (raté) et exhibitionniste (tous Gremlins donc) s'y côtoient dans le plus beau des bordels. Sans parler que la réalisation s'adapte chaque fois au genre de personnage abordé.
Le film est aussi un bon film familial avec une petite morale puisque l'histoire porte sur un héros adolescent presque médiéval, Billy, qui va être amené à dépasser son état d’individu dépendant, l'enfance, pour atteindre l'âge adulte. Et c'est cette mutation vers la voie de maturité que l'on associe à la maîtrise des fonctions reproductives et aux premières prises de responsabilité, qui va être figurée par les multiples transformations et dangereuses duplications des mogwai, des créatures divines capables du meilleur comme du pire.
Une bonne part du succès de "Gremlins" est aussi à imputer à Gizmo ! Le plus beau, le plus gentil et le plus mignon géniteur de monstres jamais créé. Trop peu de mots pour décrire comme il est réel, ce petit bonhomme. Ces grimaces nous font rire malgré nous. L'image où on le découvre pour la première fois est d'une telle beauté qu'elle restera gravée à jamais dans votre esprit. Il est un chef-d’œuvre de création et d'authenticité filmique. Chapeau d'ailleurs à toute l'équipe qui a créé cette petite bête ainsi que ses congénères diaboliques. On en oublierait presque l'équipe qui s'occupait uniquement des voix des Gremlins, avec mention spéciale pour Howie Mandel, qui fait la voix de Gizmo. 
"Gremlins" est un film que j'attendais de revoir en haute définition. C'est Warner France qui nous propose cette édition Blu-ray petit prix. Et disons-le franchement, le film aurait mérité plus d'attention.
Proposé par Warner dans cette édition zone B petit prix, ce transfert nous offre le film dans des conditions qui au final se montrent décevantes. Tout d'abord, les images ne sont pas dénuées de poussière pellicule et autres parasites qui montrent qu'un nettoyage véritablement méticuleux n'a pas été effectué ici. La définition se présente assez juste. Peu de séquences sur ce film préservent un aspect détaillé et une profondeur de champ que l'on qualifierait d'agréable. On peut parler d'un niveau de détail relativement insuffisant et d'une dynamique visuelle pas toujours très attrayante. On aura même sans doute du mal à distinguer certaines séquences de celles d’un DVD bien upscalé.
Seul bon point, les couleurs. La palette colorimétrique s'est montrée agréable, avec des primaires hautement saturés. Mais de trop nombreuses scènes présentent un niveau de granularité assez important et, pour tout vous dire, les noirs ne sont pas des plus abyssaux et font souvent l'objet de bruit vidéo. Pour un film de cette envergure, évoquant de nombreux souvenirs d'enfance, on attendait une édition de meilleure qualité. 
Quoi qu'il en soit, cette version Blu-ray n'entache en rien la génialité de l’œuvre ! Et au final, ce qui vaut à "Gremlins" son statut de film culte des années 1980 est, tout d'abord, qu'il ne cherche pas à surprotéger les enfants, ni à les instruire, comme une bonne partie des films de cette époque. Le but est de faire vivre un peu d’aventure et de frisson. On ne sur-infantilise pas les enfants, on se permet de leur faire même un peu peur parce que surmonter sa peur, c’est aussi grandir.
Ensuite le bestiaire, évidemment. Le personnage de Gizmo est on-ne-peut-plus attachant. Petite boule de poils, au regard malicieux et aux grandes oreilles, les enfants ne pouvaient qu’être happés par la bestiole. Les Gremlins en eux-mêmes sont horribles, mais également très drôles. Car c’est le propre de ces monstres d’être farceurs. Et enfin, rajoutez à cela une musique entêtante et des effets spéciaux impressionnants pour l'époque, et vous obtenez un super film ! 
On pourrait encore dire beaucoup de choses sur le film, mais ce serait gâcher complètement le plaisir de la découverte. Un film très ancré dans les années 80 qui demeure toujours un classique, un culte. "Gremlins" est, quoi qu'on en dise, un véritable conte de Noël qui n'est pas réservé qu'aux enfants !!! 

samedi 22 décembre 2012

Livre (Comics) - Nightwing, Pièges et Trapèzes de Kyle Higgins et Eddy Barrows

Kyle Higgins et Eddy Barrows - Nightwing, Pièges et Trapèzes : Une excellente surprise, indispensable pour les lecteurs de la saga "Batman, La cour des Hiboux" !!!

Note : 4 / 5

Synopsis :
Dick Grayson a été Robin par le passé, puis Nightwing. Lors de la disparition de Bruce Wayne, il a enfilé le costume de Batman pendant toute une année. Au retour du milliardaire, Dick a enfin repris sa liberté et surveille Gotham dans son costume de Nightwing. 
Ces derniers temps, des crimes sont produits par divers désaxés. Le super héros n'hésite pas à intervenir. Une fois sa tâche effectuée, Dick se rend dans un coin très précis de la ville, où le cirque Haly a déplié son chapiteau. S'il l'observe, c'est tout simplement parce qu'il s'agit du cirque dans lequel il a grandi et dans lequel ses parents sont morts. 
Après plusieurs jours d'hésitation, Dick franchit le pas et salue ses anciens amis. L'accueil est chaleureux et le plaisir de revoir la belle Raya immense. En partant, Dick est agressé par un homme masqué et particulièrement agile. Ce dernier parvient à s'enfuir mais pour Nightwing, ce n'est que le début d'une nouvelle enquête.

Critique :
Alors que la France entière attend la suite de "Batman : La Cour des Hiboux", il est temps de retourner à Gotham. C’est à l’oiseau de nuit d’entrer en scène. Avec le relaunch DC (Renaissance ou The New 52 en version originale, remise à zéro des cinquante-deux séries de l’univers DC proposant notamment une nouvelle porte d’entrée à tous les néophytes) et la pétarade de sorties chez Urban Comics, nous retrouvons Dick Grayson sous le costume de Nightwing après avoir endossé les collants, ou plutôt les tenues, de Robin et même de Batman, plus récemment, suite au départ imprévu de ce dernier. L’histoire se déroule en parallèle du génial Batman de Capullo et Snyder, vous vous en doutez donc qu’il va y avoir du Hibou au menu !
Ce premier Tome de "Nightwing", entièrement écrit par Kyle Higgins et dessiné par Eddy Barrows, Eduardo Pansica, Gerald Borges et Trevor McCarthy contient les sept premiers numéros de "Nightwing". L'auteur offre une magnifique leçon de rattrapage aux nouveaux lecteurs en revisitant le passé de Dick Grayson, suite à la visite d'un cirque en ville et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit de celui où il a grandi et où il a perdu ses parents. 
La narration est assez agréable et empreinte des tonalités assez sombres. Il faut dire que très vite le héros est pris pour cible par un agresseur masqué et dont la force et la violence sont pour le moins extrêmes. Higgins inclue aussi pas mal d'action, une love story et des caméos aux événements de l'univers. 
L’objectif est ici de poser le personnage de Dick. Ainsi c’est avec le retour du Cirque Haly à Gotham que tout se construit. Les souvenirs resurgissent laissant Dick confus (il n’est jamais retourné au cirque) alors qu’un nouvel adversaire fait son apparition à Gotham. Il se nomme Saïko et souhaite la mort de Dick Grayson, le qualifiant de meurtrier.
Ce retour en arrière permet non seulement aux néophytes de découvrir l’histoire de ce héros, mais permet surtout à Kyle Higgins de donner un peu plus de profondeur au personnage. L’apparition de Saïko, et un team-up avec Barbara "Batgirl" Gordon, permet également au scénariste de proposer une intrigue bien construite, parsemé d’action et de suspense. Mais, le plus intéressant est, sans aucun doute, le secret à la base de ce tome, dont la réponse se situe au cœur du cirque, et qui finit par lier ce récit à l’excellente histoire racontée par Scott Snyder dans "Batman : La Cour des Hiboux". Ces liens qui se tissent progressivement entre ces deux sagas s’annoncent donc très prometteurs pour la suite de cette série.
Les dernières parties du numéro sont, pour moi, les plus intéressantes. Le rythme s’accélère, l’arc prend fin efficacement et l’affrontement tant attendu a lieu. Le secret que Dick découvre lui fait froid dans le dos. Bref, le scénariste fait un très bon travail et s'appuie sur des dessinateurs aux devenirs certains. Eddy Barrows assure la quasi-intégralité des épisodes et se débrouille bien mieux encore que sur la couverture. 
Le dessin est très réussi, c’est du haut niveau, ce genre de licence est un régal pour les yeux. D’autant plus quand le scénario est en accord. Le design est différent de celui de Capullo, c’est ici beaucoup plus lisse, moins crayonné, l’ambiance est moins malsaine mais non moins sombre. C’est différent et c’est voulu. Visuellement donc, le travail d’Eddy Barrows (surtout) est splendide, avec des scènes d’action et des acrobaties qui en mettent plein la vue.
Pour conclure, "Nightwing" est un titre nécessaire. Quant à la compréhension du personnage, le secret qui tourne autour du Cirque Haly est très bien trouvé, le rythme de l’histoire est plutôt dynamique, on lit très facilement et on retrouve des planches plutôt belles et bien colorées. La suite du titre promet de belles choses, à suivre dans le Tome 2 ! L’édition que nous propose Urban Comics est quasi un sans-faute, un petit problème de numérotation est présent (page 89) mais aucune page n’est manquante.
Je ne peux que vous conseiller ce "Nightwing : Pièges et trapèzes". Ce n’est pas parfait mais c’est excellent, il serait dommage de passer à côté. Et même si les dernières pages de cette lecture rendront votre attente du prochain Batman encore plus insoutenable, cela reste un régal. Ce personnage est classe à souhait et apporte certaines choses que Batman ne peut pas apporter. C’est comme un élan de fraîcheur à Gotham et c’est bon.
Au final, sans figurer parmi les indispensables du genre, "Nightwing" se lance avec un premier album ciselé et qui plaira sûrement aux fans du "Batman" de Snyder !!!