vendredi 30 novembre 2012

Musique - "Jake Bugg" de Jake Bugg

Jake Bugg - "Jake Bugg" : Un songwriter d'une extrême précocité, prodige du british folk !!!

Note : 4.5 / 5

Jake Bugg, un gamin de Nottingham, est né en 1994, ce qui lui fait 18 ans seulement sur la carte d’identité. Et déjà un deal avec une major et des critiques dithyrambiques dans les canards de sa Majesté pour un disque sorti il y a une poignée de semaines là-bas. Il faut dire que Jacob Edwin Kennedy, de son vrai nom, remplit bien le cahier des charges lui permettant de prétendre au statut de "chouchou de l’indie anglais" : coupe de douille comme Liam Gallagher en 1994, assurance à la Lee Mavers et veste Fred Perry comme les piliers de pub british, accent nordiste très prononcé, affinités évidentes avec un certain Noel Gallagher qui l’a emmené en tournée et une approche musicale qui mélange respect des anciens et aspirations modernistes.
L’histoire de Jake Bugg ressemble presque à  un conte de fées. Il se destinait au foot, mais il change d’avis lorsqu’à douze ans, son père lui offre sa première guitare et lui fait écouter Oasis et Neil Young. A treize ans, il commence à écrire ses propres chansons. A quinze ans, il va jouer dans les pubs après l’école. Trois ans plus tard, choisi par la BBC, il se produit au festival de Glastonbury sur la scène des nouveaux artistes et signe un contrat. Cet été il était présent au festival de Reading. Il se produit également en première partie de la tournée de Noel Gallagher et ses High Flying Birds.
Une voix troublante, des chansons vintage, belles, courtes et efficaces, 2013, sera l'année Jake Bugg. Les premiers singles de son premier album, qui sort en France fin janvier en physique, caracolent en tête des charts britanniques. Mais Jake Bugg, 18 ans redisons-le, garde la tête froide et fait preuve d'une maturité étonnante. Celui que la presse compare déjà à Jimi Hendrix et Bob Dylan explique que tout a commencé avec un épisode de la série les Simpsons en entendant la chanson "Vincent" de Don Mc Lean.
Alors Jake a décidé de se créer son propre univers et, à ce petit jeu là, c’est la foire aux références d’un bout à l’autre de ce premier album éponyme. Il va d’abord piocher du son rétro chez Donovan ou les Beatles (certains n’hésitent d'ailleurs pas à s'enflammer un peu et le désignent comme le nouveau Dylan). A cela, il y ajoute une dynamique moderne. 
On se retrouve avec de belles ballades folk-rock, notamment la magnifique "Seen It All" qui vous touchera immanquablement en plein cœur. On a sur cet album un mélange de psych-folk, pop-folk façon sixties et typiquement anglais. Mais, la présence d’harmonica (sur "Simple As This") ou la guitare sonnant parfois très ouest américain sur d’autres titres, nous amènent tout droit de l’autre côté de l’Atlantique. Des morceaux comme "Trouble Town" nous projettent agréablement dans cette ambiance country sous le soleil du Far West. Un style qui séduit, puisque la joyeuse et dansante "Lightning Bolt" est la bande-son d’une des pubs de la bière Greene King. Elle a également été jouée lors de la victoire d’Usain Bolt sur 100 mètres aux JO de Londres. 
En résumé, voix de corbeau dylanienne, folk à la Donovan, élégance digne d’un Alex Turner, rythmiques empruntées à Johnny Cash ou adoration de tous les instants pour la discographie des Beatles. Mais dans cette manière qu’a Jake Bugg de se foutre des époques, le kid des East-Midlands nous fait  surtout méchamment penser à Jamie T, autre talent précoce et porte-étendard d’une génération YouTube dont les adeptes parviennent occasionnellement à tirer quelque chose de bon de cette boulimie musicale.
Le défaut de ce disque est qu’il y a un peu trop de ballades au final, car certaines ("Country Song", "Someone Told Me") sont vraiment lassantes et soporifiques. A la place, un peu plus de titres pêchus façon "Taste It" et "Lightning Bolt" ne seraient pas de refus. Car les solos de gratte (un peu courts malheureusement) sont d’enfer. Bon après, l’avantage de certaines ballades ennuyeuses, c'est que la voix de Bugg est plus que jamais mise en valeur. Sur "Broken" par exemple, sa beauté est multipliée par mille.
Finalement, Jake Bugg nous offre un album à base de sincérité et de fraicheur. Accompagné de peu d’instruments, il fait dans la simplicité et l’élégance et réussit à nous séduire avec intelligence. Une guitare dans une main, une cigarette dans l’autre, laissez-le ouvrir la marche et vous emmener avec lui dans la magie de son monde et de sa musique.
Alors oui, ce disque n’offre pas la moindre surprise, si ce n’est celle d’enchaîner, avec une aisance déconcertante vu l’âge de son interprète, des titres d’une maturité folle, d’une variété bienvenue et qui se valent presque tous qualitativement parlant. Et pour le coup, les médias anglais si friands de superlatifs peuvent bien s’emballer, car ce gamin en vaut vraiment la peine !!!  

jeudi 29 novembre 2012

DVD - Une nuit en enfer de Robert Rodriguez enfin en Blu-ray

Robert Rodriguez - Une Nuit en enfer : Le film culte enfin en Blu-ray français !!!

Note : 4.5 / 5 (pour les fans)
            1 / 5 (pour les autres)

Synopsis : 
Deux criminels prennent une famille en otage près de la frontière mexicaine. Après une cavale particulièrement sanglante durant laquelle ils ont tué un policier et kidnappé l'employée d'un magasin, ils se rendent tous ensemble dans un bar routier au-delà de la frontière mexicaine. Appelé le "Titty Twister", cet établissement va leur réserver pas mal de surprises une fois la nuit tombée.

Critique :
Lorsqu’un jeune réalisateur avide de fusillades et d’hémoglobine, Robert Rodriguez, collabore avec un scénariste déjanté, roi du dialogue qui fait mouche, Quentin Tarantino, le cocktail a de quoi être explosif. Surtout si l’on prend soin d’affiner la recette avec des stars confirmées ou en devenir (Harvey Keitel, George Clooney, Juliette Lewis), des seconds rôles à la dégaine parfaite (Dany Trejo, Tom Savini, Cheech Marin), du gros son Rock’n’Roll bien transpirant, et une bombe atomique en bikini (Salma Hayek).
"Une Nuit en Enfer" ("From dusk till dawn" en version originale) est le film "plaisir" par excellence, qui déménage de la première à la dernière minute, tour à tour savoureux (le dialogue de la première scène), grossier (l’arrivée dans le bar), violent (pauvre Gloria…) et horrifique (la deuxième moitié du film). Robert Rodriguez joue avec les références et s’amuse à les compiler en une sorte de paroxysme du "film pour mecs" : preuve en est le décor et l’animation du Titty Twister, bar dont chaque homme décemment constitué a rêvé au moins une fois dans sa vie. En somme, un concentré d’adrénaline et de testostérone qui va à cent à l’heure, avec des vampires aussi sexy que cruels et méchamment kitch.
L'association Quentin Tarantino - Robert Rodriguez sous l'appellation "A band apart" fait des étincelles avec ce film. Partant d'un simple film de gangster, où deux frères sans pitié prennent en otage une famille de pasteur pour rejoindre le Mexique après un sanglant hold-up, le film va se transformer en une véritable chasse aux "loups". Du pur délire pour l'artisan Robert Rodriguez qui s'amuse comme un fou en compagnie des délurés George Clooney, Quentin Tarantino en personne ou de Harvey Keitel. A cela s'ajoute une envoûtante danse macabre de la plantureuse Salma Hayek et vous obtenez un cocktail explosif de gunfight, charcutages, humour et référence au cinéma de série B extrêmement jouissive.
Imaginez donc ma joie à l'annonce de sa sortie en Blu-ray, enfin ! Des années qu'on l'attendait celui-là. Le film culte de 1996 "Une nuit en enfer", le meilleur film de son réalisateur Robert Rodriguez, avec "Desperado", va enfin avoir droit à un Blu-ray français ! Après une édition canadienne de bonne qualité (mais proposant une horrible VF Québécoise) et une édition américaine (sans VF ni sous-titres), "From Dusk Till Dawn" a donc enfin eu droit à un pressage français, dont la sortie a eu lieu le 20 novembre dernier.
Deux éditions ont été mises en ventes. Une première version Blu-ray toute simple, comportant deux Blu-ray et un DVD Bonus. Ce dernier contenant les commentaires audio de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez, les interviews de George Clooney et de Robert Kurtzman, les scènes coupées et alternatives, le bêtisier, les featurettes ("Hollywood en Enfer", "L'Art de réaliser un film" et "Sur le tournage"), les clips vidéo de Tito et Tarantula ("After Dark") et ZZ-Top ("She is just killing me"), la bande-annonce et enfin le documentaire Full Tilt Boogie consacré à la réalisation du film. A cette version simple vous pourrez préférer la version coffret collector Edition Limitée : même contenu de l'édition simple avec des goodies en suppléments (l'affiche officielle du Titty Twister, troid badges, une plaque du bar, six cartes postales, un tatoo et deux verres à shot). 
"Une nuit en enfer", un film de série B cultissime qu'il ne faut absolument pas rater en Blu-ray !!!

mercredi 28 novembre 2012

Musique - Dead Silence des Billy Talent

Billy Talent - Dead Silence : De la nouveauté dans la continuité !!!

Note : 4 / 5 

Billy Talent, pour ceux d'entre vous qui ne le savent pas encore, est un groupe de metal-rock canadien formé en 1993 à Mississauga en Ontario, Canada. Le quatuor a d'abord débuté sa carrière sous le nom de Pezz, en 1993 pour s’appeler Billy Talent en 2001. 
En 2003, le groupe sort un album éponyme, "Billy Talent", qui comptait des singles tels que ''Try Honesty'' ou encore ''The Ex''. Trois ans plus tard sort "Billy Talent II" qui regroupe ''Devil in a Midnight mass'', ''Red flag'' ou "Fallen Leaves" (certainement ma préférée !). "Billy Talent III" a, quant à lui, été produit par Brendan O'Brien en 2009 (ce dernier ayant travaillé avec Mastodon, Incubus, Bruce Springsteen, Audioslave, Offspring, Rage Against The Machine, Korn ou encore Stone Temple Pilots). On y retrouve ''Turn Your back'' et ''Diamond on a Landmine''.
Trois ans après "III", le groupe canadien nous revient avec "Dead Silence", premier album à avoir un titre constitué de mots et non pas d’un chiffre. Ce quatrième album, sensé se détacher des trois premiers décrits par le groupe comme une trilogie, marque donc l’entrée du groupe dans une nouvelle décennie et leur intention de rester présents sur la scène internationale. 
Si les deux premiers albums du groupe sont de véritables perles du début à la fin, un certain sentiment de redondance entachait la plupart des compositions présentes sur leur troisième opus même si celui-ci reste un très bon album pour le commun des mortels ! Seulement voilà, on a envie que le groupe prenne un peu plus de risques, alors qu'en est-il de "Dead Silence" ?
Le moins qu’on puisse dire de l’introduction, "Lonely Road To Absolution", c’est qu’elle est surprenante, Billy Talent nous n'ayant pas habitué aux ballades, aux chansons calmes. Les canadiens avaient pour habitude de rentrer dans le lard dès les premières notes de l’album et c’est donc une petite révolution qu’on trouve aujourd’hui en tant qu'intro ! En effet, le groupe, célèbre pour ses mélodies de guitare et ses harmonies agressives des voix, amorce ici une entrée en matière sur des arpèges de guitare acoustique et des voix qui s’entremêlent afin de former une pièce d’à peine une minute, pendant laquelle les voix de Kowalewicz et de Ian D’Sa s’entremêlent sur une très jolie montée de cordes. 
Le tout s’enchaînant parfaitement avec le premier single de ce nouvel album "Viking Death March" et son riff assez méchant mais caractéristique du groupe de Toronto. Vraiment une belle réussite ce début d’album ! En fin de compte, cette ouverture sert plutôt de prologue à "Viking Death March", premier extrait radio, qui propulse officiellement l’album dans une atmosphère déjà familière. 
Les chansons suivantes sonnent comme du Billy Talent avec un petit truc en plus. Que ce soit "Surprise Surprise" ou "Runnin’ Across the Tracks", le fan des trois premiers albums ne sera pas perdu, mais on sent une maîtrise dans la composition qui ne se ressentait pas avant. On a le sentiment que malgré des chansons qui sont très énergiques, le groupe a pris son temps et propose des subtilités vraiment prenantes (le travail des guitares notamment). Les membres de Billy Talent se réclament fans de Led Zeppelin et, sans égaler le niveau de leurs maitres, on retrouve ce goût pour les guitares un peu alambiquées que certaines compositions du groupe phare contenaient.
Dans l’ensemble, l’album comble les attentes. On retrouve les mêmes ambiances que l’on aime tant retrouver chez ce groupe ontarien depuis bientôt quinze ans, mais la formation a depuis acquis un son plus mature. Si on a toujours un peu l’impression d’entendre d’éternels adolescents rejeter le conformisme, les arrangements musicaux sont calculés et solides. L’ensemble est un peu moins agressif et plus mélodique, mais conserve toute son énergie. La plupart des chansons sont bien ponctuées et réalisées. Le chant de Kowalewicz est toujours aussi impeccable et les harmonies de D’Sa prennent leur place et complètent parfaitement celles du chanteur. 
En définitive il règne dans chaque chanson un bon équilibre entre chaque instrument. Il est donc appréciable de retrouver les rythmes si chers à ce groupe : les moments de pause et les moments saccadés pendant les chansons comme par exemple ''Surprise Surprise'' ou ''Love Was Still Around'', à l’image de ''Sympathy'' dans un précédent album. On y retrouve également des rythmes de guitare très travaillés, et des solos à couper le souffle. Pour d'autres pistes comme ''Crooked Minds'', les tonalités sont similaires à "Billy Talent II".
Finalement cet album se termine bien avec la fortement marquante ''Dead Silence''. Nous retrouvons ici du beau Billy Talent, mêlant énergie et variations, une fin parfaite. Un album finalement très agréable à écouter, on en redemande ! Seul bémol, comme à leur habitude, les canadiens nous offrent des chansons parfois longues, qui pourraient lasser, compte tenu de la répétition des mélodies.
Fans de Billy Talent, c'est sûrement l'album que vous attendiez depuis longtemps ! Pour les autres qui aiment bien les simples du groupe en général et qui apprécient surtout l'aspect beaucoup plus rock du groupe, cet album sera aussi intéressant. Les harmonies vocales de Ben et Ian sont encore au rendez-vous et plus efficaces que jamais !  
En somme, "Dead Silence" est un album riche et calculé au détail près. Sans changer drastiquement de style, Billy Talent nous présente une œuvre qui, bien que différente, demeure une digne héritière des épisodes précédents. Même si les musiciens se sont surpassés avec cette nouvelle galette, cela reste tout compte fait du Billy Talent, pour notre plus grand plaisir !!!

mardi 27 novembre 2012

Série - Hero Corp, Une saison 3 pour la série, enfin !!!

Hero Corp : La saison 3 est enfin en tournage !!!

Synopsis :
Saison 1 - Suite à la guerre qui fit rage jusque dans les années 80, l'agence Hero Corp fut créée afin de regrouper tous les Super-Héros et de maintenir un climat de paix. L'agence possède plusieurs sites secrets éparpillés sur la planète. En Lozère, les retraités, les mis au rancart, les démissionnaires, les démasqués, les pas formés, les hors normes, se retrouvent coupés du monde pour retrouver une vie calme et paisible. 20 ans de train-train volent en éclat quand The Lord refait surface. Face au plus grand super-vilain de l'Histoire que tout le monde croyait mort, le village est démuni. Selon une vision de La Voix, John est la solution à ce danger que la maison-mère préfère garder sous silence. John arrive au village mais il ignore tout de sa véritable identité et n'a aucune idée de ce qu'il va devoir accomplir pour sauver le monde.
Saison 2 - The Lord, le plus grand super-vilain de tous les temps, a finalement été vaincu par les super-héros de l’agence Hero Corp. Leur chef, John, de retour, retrouve le village totalement détruit par de mystérieux bombardiers. Rejoint par Klaus et Doug, John part alors à la recherche de survivants dans les ruines du hameau, en vain. Au même moment, à Montréal, où siège le QG de l’agence Hero Corp, une guerre civile d’une rare violence éclate. Un nouveau défi d’envergure se présente à John : reformer sa troupe et contrecarrer les plans de destruction d’un nouveau super-vilain, pire encore que The Lord.

Attente :
Succès public et critique, la qualité de la série n’a fait que s’accroître. Alors que la diffusion sur "Comédie!" et sur "France 4" était arrivée à son terme, la saison 3 n’avait toujours pas été signée et l’avenir de la série restait incertain. Pourtant en deux saisons, "Hero Corp" est pourtant devenu un véritable phénomène.
Les fans de "Hero Corp" auront l’immense surprise, ainsi que l'immense joie, d’apprendre que la série est entrée en développement pour une saison 3. En effet, lors de sa traditionnelle conférence de presse de rentrée, la chaîne TNT de France Télévisions, France 4, a annoncé le développement d'une 3ème saison. Selon le journaliste Alain Carrazé, Simon Astier et France 4 travaillaient déjà sur le projet. Aucune autre information n'a, pour le moment, été communiquée quant à la date de diffusion, de tournage ou le nombre d'épisodes.
Si tout espoir était encore permis, deux ans après la fin de la saison 2, certains s’étaient néanmoins fait une raison : la saison 3 de "Hero Corp" ne verrait sans doute jamais le jour. Mais c’était sans compter sur l’acharnement des fans, les campagnes "PINAGE !", les confrères du Village, et tant d’autres, qui ont permis à la série de Simon Astier et Alban Lenoir de ne pas tomber dans l’oubli.
Simon Astier a d'ailleurs déclaré : "Les fans sont tellement actifs, et n'ont tellement pas lâchés l'affaire, qu'arrive l'hypothèse : On serait la première série française à être relancée grâce à ses fans, et ça, ça pèse dans la balance..."
L’engouement pour "Hero Corp" n’ayant pas faibli, ou si peu, les négociations avec France 4 ont fini par aboutir. Le feu vert donné au développement d’une saison 3 est donc une belle promesse. C'est un beau succès pour les fans et l'opération Pinage ! Bravo à vous tous !!!

lundi 26 novembre 2012

Série - Episodes avec Matt Leblanc

Episodes : Un véritable vent de fraîcheur dans le monde audiovisuel !!!

Note : 4 / 5

Synopsis :
Un couple de scénaristes anglais, qui remporte un beau succès en Grande-Bretagne depuis quatre ans, se laisse convaincre de traverser l'Atlantique pour adapter leur série aux Etats-Unis. Leurs premiers pas dans l'industrie de la télévision américaine, dirigée par des financiers et des investisseurs, se révèlent bien plus compliqués qu'ils ne l'avaient prévu. Et comme si cela ne suffisait pas : ils sont forcés de remplacer leur acteur principal par un certain Matt LeBlanc.

Critique : 
"Episodes" est la nouvelle série de Showtime centrée sur l’univers de la télévision et d’Hollywood. Encore une série sur les paillettes, allez-vous me dire. Oui, mais cette série est différente et amène un vrai vent de fraîcheur à la chaîne.
"Episodes" est une série originale puisqu’elle traite de l’écriture des séries TV aux États-Unis. L’un de ses créateurs, David Crane, n’en est pas à son tir d’essai puisqu’il est à l’origine de la très célèbre série "Friends". Pour compléter les retrouvailles, Matt LeBlanc tient l’un des rôles principaux de la série. Ainsi, cette nouvelle série use régulièrement de références à Joey. 
Les fans encore nostalgique du sitcom pourront apprécier ces allusions bien "qu’Episodes" ne soit pas aussi hilarant que "Friends". Matt LeBlanc y joue de plus son propre rôle… ou est-ce le rôle de Joey qu’il incarne? L’ambigüité mérite d’être posée puisque Joey était dans "Friends" un acteur (certes, raté) et que Matt Leblanc dans Episodes reste extrêmement fidèle à Joey.
Alors que Showtime est connue pour mettre en avant des personnages aux personnalités fortes et bien trempées, ici, tout semble chamboulé. En gardant un côté très british, la série nous emmène dans l’univers normal de deux anglais à Los Angeles, un monde irréel et décalé. On nous présente la grandeur du showbiz, de ses immenses maisons aux décors en carton, de ses professionnels totalement In même quand ils sont Out.
En utilisant la narration inversée, "Episodes" nous offre quelques semaines d’avance sur le cours des événements en nous montrant comment l’histoire va se terminer. Tout au long de la série, nous apprenons à cerner les personnages qui, même si ils sont connus en Angleterre, semblent tout à faire normaux. Le casting est d’ailleurs très bon, Stephen Mangan et Tamsin Greig nous montrent une performance tout à fait délicieuse et réussissent parfaitement à retranscrire cette impression de décalage entre leur univers et celui d’Hollywood.
Une fois le contexte posé, la série démarre et le plaisir de la comédie est délicieux. Elle ne cesse de porter un regard critique et moqueur envers le système de production télévisuel américain. La série s’ouvre sur une dispute de couple entre nos deux scénaristes : L.A. en est la cause et la série nous dévoile ainsi les pièges dans lesquels ils sont tombés, surtout Sean (le mari). Dès le départ, il est le personnage le plus motivé par cette aventure. Il est celui qui adhère aisément au système de la chaîne, qui sympathise le plus avec l’équipe de tournage ou encore qui trahit des secrets.
Ce qui fait l'intérêt de la série est surtout que tous les personnages, même les personnages secondaires donc, ont une réelle profondeur. Ainsi le directeur de la chaîne est peint comme un requin qui achète le succès sans regarder la "marchandise". Quant aux autres employés, l’hypocrisie et l’enthousiasme constant rythment leur journée.
Ces personnages fonctionnent admirablement. Ils sont drôles et charismatiques. Si cette douce caricature est appréciable au début de la série, elle peut cependant s’avérer agaçante au fil des épisodes. Cela dit, la série reste élégante (peut-être grâce à nos personnages britanniques) et ne tombe pas dans la boutade facile.
Autant dire  "qu’Episodes" se moque par conséquent du système dans lequel elle évolue. Mais qu’importe, la série fonctionne et semble pour l’instant connaître un certain succès aux États-Unis malgré le pied de nez qu’elle fait à ses propres financeurs. 
Mais attention, vous êtres aussi prévenu: cette série se regarde en V.O. L’humour de cette série né souvent de la confrontation des accents. Elle perdrait dès lors en subtilité avec un doublage français! D’autant plus que l’accent britannique reste toujours agréable à écouter. Alors bien sûr, tout n’est pas exceptionnel dans la série. Certaines blagues sont prévisibles et les acteurs surjouent parfois un peu mais de manière générale, "Episodes" est une très bonne surprise.
Jouant intelligemment sur les acquis de la comédie distanciée années 2000 (de "Curb Your Enthusiasm" à "The Office"), "Episodes" parvient à dépasser son point de départ ironique pour montrer l’envers d’une industrie se voulant toute puissante, mais qui reste souvent infantile et drôle sans le savoir. Du petit lait pour Joey !!!

samedi 24 novembre 2012

Musique (Hommage) - November Rain des Guns n' Roses

Guns n' Roses - November Rain : Une des plus belles ballades métal de l'histoire !!!

Note : 4.75 / 5 

Disons de suite, dans l’histoire du rock, cette chanson ne joue aucun rôle. Elle ne rejoint pas "Welcome to the Jungle" ou "Sweet Child O' Mine" dans le panthéon des chansons de Guns n’ Roses qui ont fait référence pour d’autres musiciens. Elle arrive déjà périmée au début des années 90, pendant que Nirvana explose tout. "November Rain" reste pourtant un increvable classique, qui éclipse toutes les autres balades de groupes de hard et éclaire un passé révolu d’une nostalgie émue. 
Le solo de Slash dans cette chanson est peut-être ce qu'il a fait de mieux ! Slash pose juste un solo fantastique, référence immédiate, feeling irréprochable, technique cachée sous la mélodie imparable, sous le sens du silence, sous le son absolument PARFAIT de l’instrument. 
Oui, car à la différence des solistes de la décennie 80′s, Slash ne joue pas vite. Il a su rester à la Page. A la base d’un look incroyable, d’un perfectionnisme caché sous ses abus de drogues et de JackDa, d’une alliance Gibson/Marshall étincelante, Slash réinvente ce qu’est un guitariste alors qu’il vient après trois décennies de guitaristes quand même sacrément talentueux et hauts en couleur. Il rejoint le panthéon, parce qu’il se contente de jouer comme il respire, chose rare.
Vous l'aurez compris, "November Rain" tient tout de même une place à part dans l'histoire de la musique !!!

vendredi 23 novembre 2012

Ciné - Piazza Fontana de Marco Tullio Giordana

Marco Tullio Giordana - Piazza Fontana : Une véritable et passionnante méditation sur la politique italienne, mais pas seulement !!!

Note : 3.5 / 5

Synopsis :
L’année 1969 en Italie est marquée par une vague de grèves et de manifestations. Le gouvernement conservateur, s’inquiétant de l’avancée du parti communiste, met en place un réseau d’informateurs et d’infiltrés dans les partis d’extrême gauche et d’extrême droite.
Le 12 décembre, une bombe explose à la Banque Nationale d’Agriculture sur la Piazza Fontana, faisant 17 morts et 88 blessés. Le commissaire Luigi Calabresi est chargé de l’enquête. Très vite il recherche les terroristes dans les milieux d’extrême gauche. Lors d’un interrogatoire à la préfecture de Milan, le non violent Giuseppe Pinelli, membre fondateur d’un cercle anarchique, tombe par la fenêtre et décède. 
Calabresi, absent au moment du drame, doit se fier aux témoignages des policiers présents qui s’accordent sur une version officielle de "suicide comme aveu de culpabilité". Mais leurs explications, peu convaincantes, divisent l’opinion publique. Peu à peu, Calabresi a la certitude qu’il faut aller chercher les responsables dans les hautes sphères politiques.
A ce jour, personne n’a été déclaré coupable dans l’attentat de Piazza Fontana qui reste l’une des affaires les plus sombres de l’histoire contemporaine de l’Italie.

Critique :
Dans un célèbre article publié en 1974, Pier Paolo Pasolini (journaliste, écrivain, etc., bref, un des plus grands intellectuels italiens du XXème siècle) déclarait connaître les noms des commanditaires des troubles qui déstabilisaient l'Italie de la fin des 60's. Mais il lui manquait des preuves.
Depuis, les langues se sont déliées. En recoupant la somme des informations remontées à la surface, Marco Tullio Giordana révèle les manœuvres extrêmement nébuleuses qui visaient à instaurer, en Italie, une dictature militaire comme celle qui existait en Grèce. 
Marco Tullio Giordana nous plonge dans une affaire tombée dans l’oubli mais qui a joué un rôle majeur dans l’histoire de l’Italie moderne. L’attentat de la Piazza Fontana marque le début d’une enquête policière aux ramifications tentaculaires et qui dépasse très vite le domaine de l’inspecteur Calabresi pour prendre des implications nationales et même internationales sur fond de montée du communisme et du néo-fascisme en Italie et de guerre froide dans le monde entier.
Nous avons ici affaire à un véritable polar, pas à un film d’action déguisé mais une vraie enquête policière poussée, avec ses innocents, ses suspects, des juges, des préfets, des actions en sous-main, des implications politiques, des pressions, tout y est. La grande force du film est d’arriver à présenter d’une manière claire et simplifiée cette affaire tentaculaire tout en évitant la caricature et en évitant de désigner des coupables.
On est très loin des bonnes vibrations qui avaient valu au cinéaste une renommée internationale avec "Nos meilleurs années" (2003). Cette fois, reprenant l'enquête commencée par un commissaire trop curieux, le réalisateur reconstruit avec fluidité une affaire marquée par les morts suspectes et les preuves escamotées.
Giordana maîtrise l’exercice, il jongle avec le temps pour le déconstruire, le recréer dans le cadre et il le fait avec une facilité déconcertante. Cela paraît si facile qu’on n’imagine plus la difficulté de ce type de reconstitution. Aujourd'hui, aucun coupable n’a encore été désigné, Giordana avance sa théorie au prix d’une mise en scène au cordeau, précise, sans appel, conviant tous les acteurs de cette tragédie à la barre de la justice rétroactive. Le président Saragat, le premier ministre Moro, le commandant Calabresi, l’activiste anarchiste Pinelli, enquêteurs, extrémistes de droite, de gauche… tous confirment l’intuition qu’avait déjà eue Pasolini dans en 74, à savoir que les responsables étaient des néo-fascistes. Pasolini fut assassiné un an plus tard.
Valerio Mastrandrea
L’histoire racontée ici est un gigantesque puzzle dont on nous fournit la plupart des éléments et des pistes. Il nous faudra nous faire notre propre opinion et naviguer parmi la complexité des rouages de l’affaire. La réalisation et l’interprétation sont sans failles et permettent au spectateur de se reposer sur les acteurs (notamment un Valerio Mastrandrea et un Pierfrancesco Favino époustouflants de justesse et de sincérité) et la mise en scène pour lui fournir les éléments sans le perdre.
Les premières 90 minutes sont une succession de scènes de discussion et d’interrogatoires, une démonstration statique d’éléments à charge qui n’ont pas grand-chose de cinématographique. Mais il faut passer par là, présenter tous les intervenants, puis scolairement éliminer une à une toutes les pistes de l’enquête.
Il faut attendre la dernière demi-heure du film pour entrer de plein pied dans la vision du cinéaste, dans cet espace dédié à l’interprétation, là où il peut se laisser aller à donner une opinion subjective. Il exploite alors la subjectivité du commissaire Luigi Calabresi (Valerio Mastandrea) avec lequel il partage les opinions dissidentes, à savoir que les responsables sont dans les hautes sphères de l’Etat. Dans cette Italie de la fin des années 60, les hommes honnêtes et sincères finissent tous assassinés, il faut un certain courage pour le rappeler et remuer le passé chloroformé. Le réalisateur terminera d’ailleurs son film sur le plan d’un homme abattu, la tête en sang.
Dans cette dernière demi-heure, il y a une proposition de cinéma qui n’est plus à ranger dans la reconstitution ou le travail journalistique, on touche à quelque chose qu’on pourrait appeler une conscience historique. Calabresi doute, s’interroge, dialogue en silence avec le fantôme de Pinelli, la mise en scène s’étoffe de mouvements de caméra aériens, ça devient beau, touchant. Tout simplement parce qu’à l’exercice de reconstitution Giordana a préféré l’échappée intérieure et subjective.
Pierfancesco Favino
On ressort de ce film un peu plus paranoïaque qu’avant. Et si tout était plus complexe qu’il n’y paraît ? Et si chaque affaire avait des implications qui remontent jusqu’au plus haut niveau ? Les réponses à l’affaire de la Piazza Fontana ne sont pas fournies et les réponses amènent d’autres questions.
Marco Tullio Giordana parvient à renouer avec ce qu’il fait de mieux, induire dans la reconstitution historique une émotion de l’individu face à la froide raison de l’État. Le film ne s'adresse pas seulement aux Italiens, il rappelle les dangers qui menacent la démocratie quand elle est trop faible.
Au final, "Piazza Fontana" est un vrai polar "à l’ancienne" qui retrouve l’ambiance de la fin des années 60, une enquête d’une très grande complexité basée sur un fait réel et présentée clairement par le réalisateur. Bien joué, bien filmé, très documenté, le film est également un hommage à Pier Paolo Pasolini, admiré par le réalisateur et qui avait notamment enquêté sur l’affaire à l’époque !!! 

jeudi 22 novembre 2012

Livre (Artbook) - Malefic Time Apocalypse de Luis Romulo Royo

Luis et Romulo Royo - Malefic Time Apocalypse : Une œuvre pluridisciplinaire, originale et ambitieuse, qui mérite vraiment le détour !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :
En 2038, la ville de New York n'est plus que l'ombre d'elle-même. L'apocalypse l'a ravagée. La métropole est totalement vidée de ses habitants et des créatures étranges hantent désormais les lieux. 
Une secte s'implante dans ce décor en ruine. "Les Treize Ombres", telle qu'elle se nomme, surveillent un entrepôt désaffecté et s'apprêtent à une lutte acharnée contre ces monstres. Baal rend visite à Luz, son élève. Afin d'être prêt au combat, il lui confie une épée, mais pas n'importe laquelle. Il s'agit de Malefic, une lame qui traverse l'histoire et fait régulièrement couler le sang. Pour Luz, Malefic est le prétexte rêvé pour enfin venger sa compagne.

Critique :
Les fans de l'artiste espagnol Luis Royo attendaient avec impatience ce projet débuté en 1994. "Malefic Time" a dévoilé quelques-unes de ses planches dans l'artbook "Malefic". A l'instar de "Dead moon", Luis Royo narre une histoire qu'il illustre aussi. Si cet exercice n'en fait pas une bande dessinée à proprement parler, les amateurs d'heroic-fantasy et de beaux dessins apprécieront bien évidemment cet univers post-apocalyptique.
L’Apocalypse selon les Royo est humide, glacial et peuplé de créatures sorties d’une parade gothique. Le Manhattan de l’année 2038 est devenu le champ de bataille d’un conflit opposant des forces ésotériques supérieures. Après avoir planté ce décor, le récit du roman graphique s’attarde sur le personnage de Luz, une goth mélancolique et dangereuse qui, en raison de ses origines mystérieuses, sera appelée à jouer un rôle qui la dépasse. Elle est accompagnée de Soum, membre d’une secte occulte nippone, envoyée en mission dans ce New York ravagé, et d’un geek vaguement emo, Allen.
Impossible de faire autrement que de baver devant les magnifiques illustrations. Du visuel de couverture à la dernière page, tout n'est que sensualité et beauté sombre jusque dans les moindres détails. Devenu incontournable depuis "Dead moon", Luis Royo nous offre un album riche, à mi-chemin entre le néogothique et la Dark Fantasy, d'une complexité fascinante, qui nous entraîne dans un monde post-apocalyptique, brutal, sans concession, mais passionnant. L'artbook lui-même est une pépite, accompagné d'un DVD très intéressant qui propose quelques suppléments non négligeables.
Si la narration n’est pas un modèle de fluidité, les textes de Romulo Royo semblant davantage destinés à contextualiser les superbes illustrations de son père Luis, le récit se révèle plus maîtrisé que sur "Dead moon" et conserve de petites zones d'ombre sur ce qui se passera dans les deux autres volets prévus. L’intérêt de l’ouvrage réside cependant surtout dans ses illustrations. 
Essentiellement des huiles et acryliques sur papier, les peintures de Luis Royo sont splendides. L’artiste a eu la bonne idée de lever le pied à la fois sur l’aérographe et sur l’usage des couleurs, pour livrer des tableaux sobres, quasi monochromatiques, dans des tons gris ou sépia, relevés parfois d’une touche de rouge ou de bleu. Avec un sens aigu de la lumière (voir par exemple le vol épique des "anges" dans la cathédrale St. Patrick), Luis Royo retranscrit magnifiquement l’atmosphère de solitude et de désolation qui règne dans l’univers gothique et post-apocalyptique de "Malefic Time".
L’artiste offre de sublimes vues de son Manhattan déchu : des gratte-ciel rongés par l’humidité, des rues désertes dévorées par la brume, des carcasses de voitures abandonnées, des rames de métro désaffectées… Certaines illustrations s’étalent sur des doubles-pages à couper le souffle qui invitent le lecteur à promener longuement son regard pour s’y immerger pleinement. Quant aux femmes, sujet de prédilection de Luis Royo, elles sont, sous l’ahurissante finesse du trait de l’artiste, plus éthérées et plus gracieuses que jamais.
Ainsi visuellement, il semble inutile de dire que Luis Royo atteint un niveau de finition assez hallucinant. D'une beauté incroyable, ses personnages sont fins et possèdent un aspect sensuel indéniable. Luis Royo partage chaque étape créatrice avec Romulo Royo, son fils, aux dessins et au scénario. On peut donc dire que les Royo délivrent ici une saga pleine de promesses.
Le livre est accompagné d’un DVD offrant de nombreux bonus : une sorte de making-off, des scènes coupées, un commentaire de l’œuvre, un musée virtuel ainsi que cinq titres composés et interprétés par le groupe de métal mélo-progressif espagnol, Avalanch, sur le thème de "Malefic Time". Tout ceci afin de prolonger et d’approfondir l’expérience.
De la couverture jusqu’à la quatrième de couverture cet album est une véritable réussite dont il nous tarde de voir la suite. En bref, une réussite de par son contenu mais également grâce à l'édition très soignée de Milady Graphics qui nous balance, pour cette fin d'année, une véritable bombe à ne surtout pas manquer !!!