mardi 31 juillet 2012

Musique - Yellow and Green de Baroness

Baroness - Yellow and Green : Un nouveau cap franchi par le groupe de Savannah !!!

Note : 4.5 / 5

Baroness est un groupe de sludge metal américain originaire de Savannah dans l'État de Géorgie, dont les membres ont grandi ensemble à Lexington (Virginie). Le groupe mythique a franchi un nouveau cap cet été en sortant un double album, "Yellow & Green", dans la lignée colorée des précédents "Red Album" (2007) et "Blue Record" (2009).
Les albums avec des titres de couleurs sont spéciaux. Que l’on parle de Weezer et leur "Blue, Green ou Red", The Beatles avec leur "White", Metallica et son "Black", Primus et son "Brown" (bon d'accord, lui est plus ordinaire), et Baroness et leur entière discographie. "Yellow And Green" est leur troisième album, la suite de "Red Album" en 2007 et "Blue Record" en 2009. Deux couleurs cette fois-ci puisque c’est un album double. Ou plutôt deux albums en un, puisque ce n’est pas un album concept et que les deux couleurs ont un mood quelque peu différent.
A la première écoute, les fans reconnaitront certes la voix du leader John Baizley, mais le doute sera néanmoins légitime, l’opus étant finalement nettement différent de ce à quoi le quartet de Savannah nous avait habitué par le passé. Baizley lui-même confirmait récemment que le groupe avait commencé à “voir la musique de façon sensiblement différente”. Baroness se démétalise avec les albums.
Mais attention! Moins de métal ne veut pas dire, moins bon. Ok c’est souvent ainsi, les groupes de métal deviennent souvent plus sages avec les années, mous, plats. Ici ce n’est pas le cas: on parle d’une évolution constante de leur son, d’album en album. "Yellow And Green" demandera peut-être plusieurs écoutes, mais c’est varié, complexe par moment, parfois rock, parfois planant, psychédélique, très mélodique et toujours intéressant !
Résultat : un album plus introspectif, brillamment produit, où les voix abrasives se sont assagies et où le son a habilement entamé un virage plus rock que métal. Plus qu’un changement dramatique, c’est un pas vers l’avant qu’entreprend Baroness, celui d’un groupe en remarquable évolution, nous délivrant ici un album qui pourrait bien en surprendre plus d'un !
Deux parties distinctes nous sont offertes ici. Le "Yellow" tout d'abord. Le premier extrait "Take My Bones Away", nous fait retrouver la facture régulière du groupe et c’est avec cette pièce que l’album commence. "March to the Sea" demeure dans les contrées habituelles de Baroness et c’est avec "Little Things" que la première surprise survient. Cette chanson possède une certaine facture indie rock, voire alternative, qui pourrait plaire au public de Death Cab for Cutie avec sa basse pimpante, sa mélodie qui titille l’oreille et une voix plutôt apaisante. La portion non-métallique se poursuit sur "Cocainium" pour quelques mesures car avec ses instants très rock psychédélique, mais très entrainants d’où émerge une sonorité de basse principale qui bourdonne à merveille, Baroness nous déstabilise. Avec "Sea Lungs", nous sommes de retour avec une portion musicale plus galopante, une cadence plus rock qui nous amène lentement vers la fin de la vision musicale Yellow qui prend fin avec "Eula", une pièce musicale plutôt trame sonore d’un film comme Virgin Suicide, donc comme ce que le groupe Air peut proposer, mais en plus musclé ! La fraction Yellow de l’album est donc plutôt apaisante, plus café au lait que bière froide lors de l’écoute. 
Ensuite vient "Green". L’introduction "Green Theme nous dirige vers le reste de l’album qui débute avec "Board Up the House", véritable coquinerie musicale qui balance un bon rock n’ roll qui rappelle les groupes alternatifs/grunge des années 90 qui sortaient de Seattle à chaque semaine ! Plus psychédélique est la suivante qui porte le nom de "Mtns." avec des effets de guitares zigouillants par bouts sur un fond mélodique plutôt rock des années 70. Le groupe continue sa recherche spirituelle et très rock avec les deux suivantes, "Foolsong" et "Collapse". Le magma recommence à couler à nouveau lors de la deuxième moitié de "Psalms Alive" et il était temps car c’est plutôt lancinant. "The Line Between", plus rock que le reste de "Green", se fondra facilement dans la lancinante "If I Forget Thee, Lowcountry", pièce instrumentale qui ferme les livres. Jusqu’à la toute fin, "Green" reste une parcelle plus psychédélique que rock/métal !
Les changements très psychédéliquement rock du groupe vont peut-être déranger un nombre minime de fans, mais si vous prenez le tout comme étant une certaine forme d’évolution musicale, "Yellow & Green" deviendra assurément un de vos albums préférés cette année !!! 

lundi 30 juillet 2012

Livre d'illustrations - Favole de Victoria Francès

Victoria Francès - Favole : Un livre d'illustrations oniquement gothique !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :
"Favole" par la jeune illustratrice espagnole Victoria Francés, a tous les ingrédients nécessaires pour plaire aux amateurs du style gothique ! Elle associe à la force de ses illustrations des qualités indéniables d'écriture. Châteaux, cimetières, vampires prennent tous vie dans les pages de ce magnifique recueil d'illustrations gothiques. "Favole" est le premier titre d'une collection d'albums de cet auteur qui va sûrement enchanter le public gothique !
 
Critique :
Victoria Francés est une artiste-peintre née à Valence, en Espagne, le 25 octobre 1982. Elle est diplômée de la Facultad de Bellas Artes de San Carlos de l'Universidad Politécnica de Valencia.
Citant volontiers des auteurs tels qu'Edgar Allan Poe, Anne Rice et H. P. Lovecraft, et des illustrateurs tels que Luis Royo et Brom dans la liste de ses influences, son travail est fortement inspiré par le fantastique et l'univers gothique. Ainsi, évoluant dans des environnements lugubres, vampires, succubes ou simplement jeunes femmes spectrales vêtues de robes traditionnelles sont le genre de personnages que l'on retrouve souvent dans ses œuvres.
"Favole", est un petit bijou de poésie, de romantisme et surtout, un petit bijou artistique. Toute la beauté obscure des dessins de Victoria Francès accompagne la fable cruelle qui est celle de "Favole". Le seul point faible de la version de Norma est la traduction assez mauvaise du récit. Mais ce qui prime dans ce livre d'art, c'est la beauté des croquis et des peintures de l'artiste. 
Elle nous entraine avec Favole dans un univers onirique puissant aux atmosphères gothiques et romantiques époustouflantes, ou je cite: "elle nous met en scène des thématiques qui nous mènent vers un monde symboliste, magique, ancestral et qui soulignent l'importance du sentiment de l'esthétique décadente des époques médiévales. Toute la souffrance des êtres proscrits de ce monde est décrite sous la forme de chateaux sombres et de manoirs aux lumières clignotantes."
Ce premier tome est une invitation au voyage mélancolique à travers trois villes, Vérone, Venise et Gênes ou l'héroïne, une jeune vampire récemment initiée au monde de la nuit chasse les ombres à la recherche de son amant Ezéquiel. Elle poursuit son oeuvre d'une beauté poétique magnifique avec un deuxième tome "Libères moi" paru en 2005, qui confirme tout le talent insolent de la belle du haut de ses vingt-trois ans, ou Favole son héroïne poursuit sa quête à la recherche de son aimé. Toujours avec autant de brio qui laisse le lecteur pantois. Le troisième tome, "Lumière glacée" conclu cette trilogie fantasmagorique et réjouit tous les amateurs de romantisme mélancolique.
A la fois merveilleux, sinistre et cruel, "Favole", c'est la puissance du gothique, de la sensualité, de la cruauté et de l'amour mêlées !!! 

dimanche 29 juillet 2012

BND - Le Requiem de Verdi au Zénith de Strasbourg le 20 septembre 2012

Giuseppe Verdi - La Messa da Requiem : Une première inédite pour Strasbourg !!!

Un événement majeur pour l’ouverture de la prochaine Saison musicale à Strasbourg ! L'Opéra National du Rhin (ONR) débute la saison lyrique 2012/2013 avec le Requiem de Giuseppe Verdi présenté dans la grande salle de spectacles du Zénith de Strasbourg et fête par cette même occasion ses 40 ans d’existence. Créé en 1972, l’ONR, fort d’une programmation riche et diversifiée, a conquis même le public au-delà des frontières. Le Requiem de Verdi est une co-production de l'ONR et de la Ville de Strasbourg, fruit d'une collaboration avec l'Orchestre Philharmonique et le Conservatoire de Strasbourg.
Giuseppe Fortunino Francesco Verdi
Giuseppe Fortunino Francesco Verdi est un compositeur romantique italien, né le 10 octobre 1813 à Roncole et mort le 27 janvier 1901 à Milan. Son œuvre, composée essentiellement d’opéras très populaires de son vivant, connaît encore aujourd’hui un grand succès. Certains de ses thèmes étant depuis longtemps inscrits dans la culture populaire comme "La donna è mobile" de Rigoletto, le "Brindisi" de La traviata, le chœur "Va, pensiero" de Nabucco, le "Coro di zingari" d' Il trovatore ou la "Marche triomphale" d'Aida. Visionnaire et engagé politiquement, il demeure, aux côtés de Garibaldi et Cavour, une figure emblématique du processus de réunification de la péninsule italienne, le Risorgimento.
Après avoir connu le succès avec l'opéra "Aida" en 1871, Verdi composa la Messa da requiem en mémoire de son compatriote le poète Alessandro Manzoni, mort en 1873 et qui s'était engagé comme lui pour l'unité italienne au sein du Risorgimento, dans un idéal de justice et d'humanité. Verdi fut si ébranlé par la mort de Manzoni qu'il ne put se joindre au cortège funèbre. Verdi offrit à la municipalité de Milan la composition d'une messe en son honneur, d'où le titre originel de Requiem de Manzoni. La création eut lieu le jour du premier anniversaire de Sa mort de Manzoni le 22 mai 1874 en l'église San Marco de Milan sous la direction du compositeur lui-même.
Cette "Messa da Requiem" est une vaste fresque dramatique. Comment ne pas être emporté par la force du "Dies Irae" ? Et comment ne pas être ému aux larmes par les dernières notes du "Libera Me" ? Verdi au faîte de sa gloire, salué comme l’un des plus grands compositeurs de son temps, nous offre une œuvre de musique absolue. Un concert spectaculaire qui annonce le bicentenaire de la naissance de Verdi, célébré en 2013, dont le combat pour la liberté et la défense des droits de l'homme prend, à Strasbourg, une résonance toute particulière.
Zénith de Strasbourg
100 musiciens, 160 choristes, quatre solistes prestigieux et un chef de premier ordre pour un Requiem inoubliable. Puissant, exubérant, grandiose : une première au Zénith de Strasbourg ! Une coproduction initiée donc par la Ville, la Communauté urbaine de Strasbourg et l'Opéra national du Rhin entre l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg (OPS), le Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR) et les Chœurs de l'OnR. Un chef-d’œuvre majeur interprété par les Chœurs de l'OnR, de l'OPS, du CRR, et des solistes de renommée internationale : Tamar Iveri (soprano), Tanja Ariane Baumgartner (mezzo-soprano), Giuseppe Filianoti (ténor) et Orlin Anastassov (basse). À la baguette, Marko Letonja, grand chef d’opéra invité par la Scala de Milan et bientôt la Staatsoper de Vienne, dirige son premier concert en tant que Directeur musical de l'OPS.
Ouvertement mystique, ce chef-d’œuvre, d'une ardeur sombre, sans aucun effet de sentimentalisme complaisant ou d'épanchements faciles, brûle d'un feu ardent, qui consume autant qu'il console !!!
(Jeudi 20 septembre 2012 au Zénith de Strasbourg)

samedi 28 juillet 2012

Livre (BD) - V pour Vendetta, L'intégral d'Allan Moore et David Lloyd

Allan Moore et David Lloyd - V pour Vendetta, L'intégral : L'édition définitive de ce chef-d'oeuvre britannique !!!

Note : 4.5 / 5

Synopsis :
Dans les années 1980, une guerre mondiale éclate ; l'Europe, l'Afrique et les États-Unis d'Amérique sont réduits en cendres par des armes nucléaires. La Grande-Bretagne est épargnée par les bombardements mais pas par le chaos et les inondations issues des dérèglements climatiques. Dans cette société anglaise post-apocalyptique, un parti fasciste, Norsefire, prend en main le pouvoir et tente de rétablir le pays après avoir procédé à une épuration ethnique, politique et sociale sans pitié.
En 1997, au moment où le parti semble avoir la situation sous contrôle, un anarchiste commence une campagne pour ébranler tous les symboles du pouvoir. Cet anarchiste qui se fait appeler V porte un masque représentant le visage de Guy Fawkes, le plus célèbre membre de la conspiration des poudres. Lors de sa première action d'éclat, le dynamitage du Palais de Westminster, V sauve Evey, une jeune fille de 16 ans qui risquait d'être violée puis exécutée pour prostitution.

Critique :
Cette BD orwellienne, aux côtés du cultissime "Watchmen" du même Allan Moore, fait figure de référence dans le domaine des œuvres d’anticipation. Alan Moore, scénariste de génie, s'empare à sa manière de la légende du vengeur masqué pour le replacer dans un univers d'une Angleterre fasciste. Derrière le charisme de "V", il y a aussi toute la force de l'anonymat de ce vengeur masqué. Celui dans lequel tout le monde retrouvera ses craintes, ses peurs, mais aussi sa force.
Graphiquement, le dessin peut paraître déroutant au premier abord, comme souvent dans les comics scénarisés par Moore. Il faut parfois écarquiller les yeux pour bien saisir la scène mais, à chaque fois, la récompense est à la hauteur de l'effort. Les dessins, simples mais corrects, aux couleurs pâles et sombres siéent parfaitement à l'ambiance de l'histoire, l’atmosphère oppressante étant parfaitement rendue par un trait noir et épais.
Le scénario, véritable point fort de cette BD, est réellement puissant et subversif ! Derrière un scénario dense, Alan Moore réussit une nouvelle fois à nous renvoyer une réflexion sociale sur le monde actuel, qui englobe tout : politique, culture, justice, anarchie... Il dissémine des messages de résistance au fil des pages à l’encontre des systèmes totalitaires, qui même derrière nos façades de démocratie, ne sont jamais bien loin, toujours prêts à réprimer ce qu'ils perçoivent comme une menace potentielle. Quant au masque porté par V, il sert à la fois à conserver l’anonymat face à un pouvoir répressif, mais représente aussi l’immortalité des idées, que jamais le plus féroce des régimes ne parviendra à supprimer !
Malgré une lecture se révélant parfois ardue, il ne faut en aucun hésiter à se lancer dans la lecture de cette sublime œuvre. "V pour Vendetta" est un vibrant plaidoyer en faveur de l'anarchie, comme une des seules solutions aux dérives totalitaires !!!

vendredi 27 juillet 2012

Ciné - ACAB (All Cops Are Bastards) de Stefano Sollima

ACAB (All Cops Are Bastards) : l’Italie passéeau scanner du ras-le-bol social afin de montrer les démons qui la rongent !!!
 
Note : 4 / 5
 
Synopsis :
ACAB, ou “All Cops are Bastards”, était un slogan initialement utilisé en Angleterre dans les années 1970 par les skinheads. Rapidement il s’est propagé dans les rues et les stades, propices aux guérillas urbaines. 
Cobra, Nero et Mazinga sont 3 "flics bâtards" qui, à force d’affronter le mépris quotidien, ont pris l’habitude d’être les cibles de cette violence, reflet d’une société chaotique dictée par la haine. Leur unique but est de rétablir l’ordre et de faire appliquer les lois, même s’il faut utiliser la force !!!

Critique :
ACAB (pour All Cops Are Bastards) raconte avec une franchise brutale la vie d’une unité de CRS italienne ("La celeria") tout en essayant de montrer comment des êtres humains peuvent exercer un métier aussi sordide et ingrat. Pour un salaire de misère, ils servent de tampon entre les citoyens et les institutions, absorbant toute la haine et la colère d’une société sous pression. 
Pour se préserver, les CRS font preuve entre eux d’une solidarité à toute épreuve, mais aussi à double tranchant : comme dans un gang, quiconque manque de loyauté est exclu. 
L’idéologie est également un soutien, comme le signifie ouvertement le plus dur d’entre eux, joué par un Pierfrancesco Favino, l’un des piliers de Romanzo criminale, tout simplement sublime. L’iconographie mussolinienne dont il s’entoure, son discours semi-xénophobe et ses méthodes le rapprochent de ses ennemis néonazis. La seule différence, c’est que les flics sont du côté de la loi et qu'ils sont surtout intolérants contre les étrangers non-intégrés.
Sur ces dix dernières années, seul le cinéma britannique ("This is England", "Hooligans") décrivait la violence et l’embrigadement fasciste avec réalisme. Le film coup de poing ACAB, pur produit d’un cinéma bis qui frôle le métrage ultra violent et la critique sociale dissonante, vient rejoindre les rangs très resserrés de ces films nouveau visage qui viennent perturber un quotidien cinématographique souvent mou du genou. Ce cinéma, capable d’aller titiller des sujets complexes, de prendre la violence à bras le corps tout en racontant une histoire captivante avec une mise en scène des plus attractives, se fait rare. 
Stefano Sollima (fils d’un réalisateur célébré dans les années 60 pour des fameux westerns spaghetti, ex-reporter de guerre et réalisateur de la fameuse série italienne "Romanzo Criminale") est le réalisateur. Un réalisateur qui n’a pas froid aux yeux, nouveau visage d’un cinéma qui détourne ses propres codes pour se jeter dans un monde brut d’ambiguïté et de vérités, multipliant les discours et les illustrations. ACAB est avant tout un premier long métrage proprement géré, au sens physique du terme. Une superbe photographie rejoint avec grâce une bande son rock (Pixies, White Stripes, Kasabian) qui nous rappelle le style britannique. Sollima n’hésite pas à verser dans la noirceur pour mieux nous enfoncer dans le siège, utilise des plans de resserrés (le plan final en est l’illustration parfaite), les allégories (l’État n’est jamais visible ici, il est un mur). 
Pierfrancesco Favino
Donc si ACAB possède un fond politique très marqué, il reste avant tout un film de genre terriblement efficace. Un polar sec, brut de décoffrage, qui nous plonge au cœur de l’action aussi efficacement qu’un documentaire. Rien d’étonnant vu que le cinéaste a d’abord été reporter en zone de guerre ! 
Tous les acteurs sont ici excellents, à commencer par Pierfrancesco Favino, gueule du cinéma italien déjà remarquée dans "Romanzo criminale" (le film et non la série) et quelques seconds rôles hollywoodiens. Il trouve sans doute là l’un des meilleurs rôles de sa carrière. Il n’hésite pas à se jeter dans des courants si violents que nos repères ­moraux s’y noient. Pour sa performance et celle de ses camarades Filippo Nigro, Marco Giallini, Andrea Sartoretti et Domenico Diele, pour la mise en scène haletante de Stefano Sollima, pour le fond et pour la forme, ACAB est un véritable film matraque !
Avec ses héros à la fois attachants et dérangeants, "A.C.A.B." a l'étoffe d'un grand film d'action et d'une réflexion intelligente sur le fascisme ordinaire. Pour son premier long-métrage, le fils du réalisateur Stefano Sollima frappe très fort avec ce film-matraque, un des rares, et peut-être même le seul, à prendre pour héros des CRS (du moins leurs équivalents transalpins). 
A travers les portraits torturés de ces flics de "seconde zone" mais de première ligne, Stefano Sollima passe l’Italie au scanner du ras-le-bol social pour nous montrer ses démons. Le fascisme renaissant et le racisme ordinaire apparaissent, véritables tumeurs malignes, dont quelques métastases sont déjà visibles en France et ailleurs. Filmée avec une virtuosité époustouflante, la hargne populiste est ici un personnage à part entière.
Derrière cette escouade de CRS à la matraque facile, se dessine le portrait au vitriol d'une Europe en déshérence. En se gardant de tout jugement subjectif, ACAB décrit une société italienne rongée par la haine. La mauvaise nouvelle, c’est qu’elle ressemble en tout point au reste de l’Europe, et c'est là toute la force du film ! Tout en les ­dénonçant, on sent que le cinéaste est fasciné par ses personnages. Comme nous, d’où un certain malaise !!!

jeudi 26 juillet 2012

DVD (musique) - Live at Wembley d'Alter Bridge

Alter Bridge - Live at Wembley : Un album live efficacement épuré !!!

Note : 4.5 / 5

Malheureusement encore très peu connu en France, Alter Bridge est un groupe de rock américain formé en 2004 à Orlando, Floride. Il est formé de 3 anciens membres de Creed : Mark Tremonti à la guitare, Brian Marshall à la basse et Scott Phillips à la batterie. Au chant, c’est Myles Kennedy (ex-Mayfield Four) qui tient le micro, dans un style plus proche de Chris Cornell que de Scott Stapp.
Le groupe tire son nom d'un pont existant réellement à Detroit, au Michigan, près d'un endroit où Mark Tremonti a habité dans son enfance : "Mark vivait à Alter Road, rue se terminant par l'Alter Bridge. Ce pont donnant accès sur les quartiers mal famés et dangereux de la ville, on recommandait à tous les enfants du coin de ne pas le traverser. C'est ainsi qu'ils voyaient l'autre côté de ce pont comme l'inconnu". Tremonti explique que ce nom symbolise, pour le groupe, le fait d'aller vers l'inconnu, de commencer quelque chose de nouveau.
Le 29 Novembre dernier nous assistions au plus grand show qu'Alter Bridge n'ai jamais donné. En effet, entre un public composé de près de 15.000 personnes, des lasers, de la pyrotechnie, une setlist très complète (21 chansons) entre coupée d'interludes fun, cette soirée était à immortaliser ! Chose faite par Daniel Catullo à la réalisation qui nous permet depuis et régulièrement de connaître l'avancement du projet. Alter Bridge propose trois façons pour vous d'acquérir ce show mémorable : le CD, le film et le documentaire.
Le choix d'enregistrer ce live à Wembley n'est certainement pas anodin. Le public anglais reste l'un des plus faciles à convaincre car il n'y a pas la barrière de la langue. C'est le point d'accroche européen par excellence pour le groupe qui cherche à se faire connaître chez nous. 
Pour un live, le son est toujours un sujet d'inquiétude. Là, on tient la quasi perfection. Il s'agit d'un vrai bon son live. Il n'est pas parfait, loin de là, mais, justement, il est authentique. On peut certifier qu'il n'y a pas eu de triche comme c'est parfois le cas, pas de réenregistrement de partie de guitare, de solo ou de voix. Les défauts inhérents au live sont bien là et l'on saluera, justement, leur nombre très restreint, prouvant que sur scène le groupe reste quasi irréprochable. On remarquera juste que certains titres sont joués en accéléré par rapport aux enregistrements studios. On entend assez les participations du public. Bref il s'agit d'un vrai live.
Avant tout, il y a d’abord ce son de guitare. Mark Tremonti est un génie, un guitar-hero des temps modernes, une véritable référence. Il sait jongler entre technique, et feeling avec une facilité déconcertante. Et surtout, il a su développer au fil des années un son reconnaissable entre mille. Ce son claquant et rageur qui vous colle au tapis juste en un riff. Et puis, il y a Miles Kennedy, et cette voix. Cette voix hallucinante, aux limites de la Soul et du Blues. Et comme si cela ne suffisait pas, Miles est un guitariste rythmique de talent. Et enfin, ce duo rythmique de folie, Brian Marshall à la basse, et Scott Phillips à la batterie. Ces derniers, loin de faire de la figuration, s’en donnent à cœur joie.
Une introduction mystérieuse lance "Slip To The Void" qui ouvre, comme toujours, les festivités. Les spectateurs à bloc hurlent alors que le groupe balance la sauce. On retrouve les titres les plus populaires du groupe, de "Find The Real" à "I Know It Hurts", avec une place toute particulière accordée aux compositions de "AB III" (2010). Du début à la fin, le public paraît absorbé par le spectacle et ne cesse presque jamais d'acclamer les musiciens, ou de marteler les paroles des chansons, rendant l'expérience plus intense. 
La tension atteint son pic lorsqu'Alter Bridge interprète en acoustique "Wonderful Life". Enfin, l'obligatoire tube "Rise Today" clôt ce live, et l'on devine que l'énergie d'Alter Bridge résonnera longtemps au mythique stade londonien.
Au final, il s'agit d'un très bon live du groupe, produit sans artifice et sans fioriture, à l'image d'Alter Bridge qui, en live, n'en fait pas des tonnes. Espérons que ce groupe percera un peu plus en France afin de pouvoir enregistrer un live à Paris, qui sait. Tous les ingrédients sont ici réunis pour avoir un grand live !!!