Note : 4.5 / 5
Baroness est un groupe de sludge metal américain originaire de Savannah dans l'État de Géorgie, dont les membres ont grandi ensemble à Lexington (Virginie). Le groupe mythique a franchi un nouveau cap cet été en sortant un double album, "Yellow & Green", dans la lignée colorée des précédents "Red Album" (2007) et "Blue Record" (2009).
Les albums avec des titres de couleurs sont spéciaux. Que l’on parle de Weezer et leur "Blue, Green ou Red", The Beatles avec leur "White", Metallica et son "Black", Primus et son "Brown" (bon d'accord, lui est plus ordinaire), et Baroness et leur entière discographie. "Yellow And Green" est leur troisième album, la suite de "Red Album" en 2007 et "Blue Record" en
2009. Deux couleurs cette fois-ci puisque c’est un album double. Ou plutôt deux albums en un, puisque ce n’est pas un album concept et que
les deux couleurs ont un mood quelque peu différent.
A la première écoute, les fans reconnaitront certes la voix du leader John Baizley,
mais le doute sera néanmoins légitime, l’opus étant finalement
nettement différent de ce à quoi le quartet de Savannah nous avait
habitué par le passé. Baizley lui-même confirmait récemment que le groupe avait commencé à “voir la musique de façon sensiblement différente”. Baroness se démétalise avec les albums.
Mais attention! Moins de métal ne veut pas dire, moins bon. Ok c’est souvent ainsi, les groupes de métal
deviennent souvent plus sages avec les années, mous, plats. Ici ce
n’est pas le cas: on parle d’une évolution constante de leur son,
d’album en album. "Yellow And Green" demandera peut-être plusieurs écoutes, mais c’est
varié, complexe par moment, parfois rock, parfois planant,
psychédélique, très mélodique et toujours intéressant !
Résultat : un album plus introspectif, brillamment produit, où les
voix abrasives se sont assagies et où le son a habilement entamé un
virage plus rock que métal. Plus qu’un changement dramatique, c’est un pas vers l’avant qu’entreprend Baroness, celui d’un groupe en remarquable évolution, nous délivrant ici un album qui pourrait bien en surprendre plus d'un !
Deux parties distinctes nous sont offertes ici. Le "Yellow" tout d'abord. Le premier extrait "Take My Bones Away", nous fait retrouver la facture régulière du groupe et c’est avec cette pièce que
l’album commence. "March to the Sea" demeure dans les contrées habituelles de Baroness et c’est avec "Little Things" que la première surprise survient. Cette chanson possède une certaine facture indie rock, voire alternative, qui pourrait plaire au public de Death Cab for Cutie avec sa basse pimpante, sa mélodie qui titille l’oreille et une voix plutôt apaisante.
La portion non-métallique se poursuit sur "Cocainium"
pour quelques mesures car avec ses instants très rock psychédélique,
mais très entrainants d’où émerge une sonorité de basse principale qui
bourdonne à merveille, Baroness nous déstabilise. Avec
"Sea Lungs", nous sommes de retour avec une
portion musicale plus galopante, une cadence plus rock qui nous amène
lentement vers la fin de la vision musicale Yellow qui prend fin avec "Eula", une pièce musicale plutôt trame sonore d’un film comme Virgin Suicide, donc comme ce que le groupe Air peut
proposer, mais en plus musclé !
La fraction Yellow de l’album est donc plutôt apaisante, plus café au lait que bière froide lors de l’écoute.
Ensuite vient "Green". L’introduction "Green Theme nous dirige vers le reste de l’album qui débute avec "Board Up the House",
véritable coquinerie musicale qui balance un bon rock n’ roll qui
rappelle les groupes alternatifs/grunge des années 90 qui sortaient de
Seattle à chaque semaine ! Plus psychédélique est la suivante qui porte
le nom de "Mtns." avec des effets de guitares zigouillants
par bouts sur un fond mélodique plutôt rock des années 70. Le groupe
continue sa recherche spirituelle et très rock avec les deux suivantes, "Foolsong" et "Collapse". Le magma recommence à couler à nouveau lors de la deuxième moitié de "Psalms Alive" et il était temps car c’est plutôt lancinant. "The Line Between", plus rock que le reste de "Green", se fondra facilement dans la lancinante "If I Forget Thee, Lowcountry", pièce instrumentale qui ferme les livres. Jusqu’à la toute fin, "Green" reste une parcelle plus psychédélique que rock/métal !
Les changements très psychédéliquement rock du groupe
vont peut-être déranger un nombre minime de fans, mais si vous prenez le
tout comme étant une certaine forme d’évolution musicale, "Yellow & Green" deviendra assurément un de vos albums préférés cette année !!!